NOUVELLE REPRESSION DE MANIF EN RDC : Chemin de croix pour les hommes de Dieu
En République démocratique du Congo, la lutte pour l’alternance politique, on le sait, est désormais incarnée par le Comité laïc de coordination (CLC). Et cette structure, on le sait aussi, a la bénédiction de l’Eglise catholique locale et par ricochet, peut-on dire, celle du Vatican. Et tout porte à croire que les hommes de Dieu sont décidés à mouiller sérieusement la soutane pour barrer la route à Kabila fils dont le mandat s’est achevé en décembre 2016. Hier encore, le monde entier a été témoin de l’engagement ferme des hommes de Dieu à soutenir la démocratie dans leur pays. En Amérique latine, on se rappelle, au temps fort de la dictature, l’Eglise catholique locale avait eu la même posture en expérimentant la théologie de la libération. Plusieurs de ses membres en avaient payé le prix fort en termes de disparitions de prêtres, de répressions et d’enlèvements.
A dictateur maladivement accroché à son trône, CLC déterminé
En RDC, les chrétiens laïcs regroupés au sein du CLC, sont en train de vivre le même calvaire, face aux sbires de Joseph Kabila. Toutes les marches que cette structure a déjà initiées, se rejoignent sur le fait qu’elles ont toutes été réprimées dans le sang. Hier encore, la soldatesque de Kabila n’a pas dérogé à la règle. A coups de gaz lacrymogène et de balles réelles, elle a dispersé les manifestations anti-Kabila enregistrées dans le pays après les messes dominicales. A Kinshasa, il y a eu mort d’homme et des tirs à balles réelles. A Kisangani et à Lubumbashi aussi, la logique de la répression a été respectée. Et cela, malgré la sortie du chef de la police, appelant ses hommes à la retenue. Le général Sylvain Kasongo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait, en effet, déclaré ceci peu avant le début des marches : « J’ai dit aux policiers de ne pas tirer sur la population à balles réelles. Nous serons stricts, mais courtois ». Si l’on était dans un pays où l’honneur et le respect de la parole donnée étaient perçus comme des valeurs, le chef de la police n’aurait pas d’autre choix que de rendre le tablier. Mais comme nous sommes au pays de Kabila fils, l’on peut parier que le général Kasongo ne va jamais envisager cette possibilité. Pire, l’on peut même s’attendre à ce qu’il soit promu par sa hiérarchie. Malheureusement, des hommes comme lui sont légion au sein de la galaxie du dictateur, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui ont lié leur destin à celui du dictateur et qui, de ce fait, sont disposés à marcher sur des cadavres, s’il le faut, pour accompagner Joseph Kabila dans sa boulimie du pouvoir. Visiblement, l’objectif de « zéro mort » du patron de la police n’a pas été atteint. Son engagement à être « courtois » non plus. Et Joseph Kabila peut se réjouir d’avoir un homme qui lui est dévoué corps et âme. Mais, à dictateur maladivement accroché à son trône, CLC téméraire et déterminé. Cet adage s’adapte parfaitement à la situation en RDC. En effet, face à Joseph Kabila qui est prêt à aller jusqu’au bout de la bêtise humaine pour s’éterniser au Palais de marbre de Kinshasa, il y a des laïcs catholiques dont la détermination à déloger l’imposteur ne faiblit pas. Tous ceux qui sont contre l’arbitraire, tous les démocrates du monde, ne doivent pas manquer de saluer cette posture. Et le chemin de croix qu’ils sont en train de parcourir aujourd’hui, du fait de l’entêtement bovin de l’homme fort de Kinshasa à confisquer le pouvoir, semble raffermir leur foi en un Congo véritablement démocratique.
On peut demander à la communauté internationale d’avoir plus de compassion pour le peuple congolais
Aujourd’hui, de manière abusive, l’on colle l’épithète « démocratique » au Congo de Kabila. Franchement, l’on peut être tenté d’en rire, même si ce n’est pas le moment. En réalité et pour appeler le chat par son nom, l’on peut suggérer au dictateur de débaptiser son pays pour l’appeler désormais « République despotique du Congo ». Car, la RDC en a aujourd’hui tous les attributs. Même les simples manifestations politiques à caractère pacifique sont réprimées dans le sang, les églises et autres lieux de culte profanés, les opposants traqués. Bref, la réalité de la RDC aujourd’hui, est celle d’un Etat-policier. Et cela n’est pas sans rappeler le Chili du Général Pinochet. Mais Joseph Kabila doit savoir que tout a une fin. Mobutu, qui avait fini par croire qu’il était l’Alpha et l’Oméga du Zaïre, a connu un destin propre aux dictateurs. Ses restes sont aujourd’hui dans un cimetière pour personnes anonymes, loin, très loin de son Zaïre natal. Et l’ex-dictateur congolais n’est pas le seul potentat à avoir subi une telle humiliation. Avant lui, Idi Amin Dada de l’Ouganda avait connu le même sort. Si Joseph Kabila savait lire l’histoire de son pays de manière lucide et intelligente, il déciderait de son propre chef de limiter les dégâts avant que le ciel ne lui tombe sur la tête. Et le plus tôt serait le mieux. Cet appel à la raison est d’autant plus pressant que Kabila a déjà suffisamment fait du mal à la RDC. Et le tribunal de l’histoire, pour sûr, lui demandera des comptes. C’est le lieu de lancer le même appel à tous les zélés, civils comme militaires (les Lambert Mendé et autres petites gens) qui sont en train de l’aider à installer dans la durée le supplice du peuple congolais, car à eux aussi, l’histoire demandera des comptes. Au-delà des suppôts locaux du dictateur, l’on peut demander à la communauté internationale d’avoir plus de compassion pour le peuple congolais et donc plus de fermeté à l’endroit de ses bourreaux. Elle doit d’autant plus adopter cette posture que les mesures cosmétiques qu’elle a déjà prises à l’encontre de Joseph Kabila, n’ont visiblement pas suffi à attendrir le cœur de la bande au pouvoir aujourd’hui en RDC. Bien au contraire, leur cœur s’est endurci au point que tirer sur des manifestants aux mains nues, ne leur pose aucun problème de conscience. Au soir de leur vie, pour certains, ces gens craignent-ils encore Dieu ? Y ont-ils jamais pensé ? Rien n’est moins sûr, tant ils se sont érigés en avocat du diable Kabila.
« Le Pays »