HomeA la uneOBSEQUES DE PAPA WEMBA EN RDC : Un hommage sur fond de bagarre politique  

OBSEQUES DE PAPA WEMBA EN RDC : Un hommage sur fond de bagarre politique  


 

Depuis hier, 2 mai 2016, Kinshasa rend hommage à Papa Wemba, le père de la Rumba congolaise, décédé il y a de cela une dizaine de jours sur scène à Abidjan. Ces manifestations prévues pour s’étendre sur trois jours, ont vu les Congolais mettre les petits plats dans les grands, pour rendre un hommage appuyé et mérité à celui qui fut l’un des ambassadeurs les plus émérites de la musique congolaise, et qui aura su hisser haut le drapeau du pays sur la scène musicale internationale. Aussi le Tout-Kinshasa s’est-il mobilisé pour ses adieux à l’artiste. Il y eut l’Assemblée nationale où il y a eu une première cérémonie en son honneur, puis le Palais de la culture dont le président Kabila himself a fait le déplacement pour une cérémonie grandiose à l’occasion de laquelle le « Mzé » a été décoré à titre posthume, de la plus grande distinction du pays. Sans oublier le village Molokai qui a accueilli la dépouille mortelle de « son chef », dans une grande ferveur populaire au cours de laquelle ses fans, venus nombreux des quatre coins de la RDC, ont pu lui témoigner  toute leur reconnaissance et tout leur attachement à travers son immense œuvre qui fait aujourd’hui la fierté de tous les Congolais. Pour la circonstance donc, le Village Molokai a résonné au son de la musique de Papa Wemba pour l’accompagner dans son dernier pèlerinage terrestre. Et chacun y est allé de son choix et de son inspiration ; du citoyen lambda aux icônes bien connues de la musique comme Koffi Olomidé, qui se veut l’un des fils spirituels du disparu. Mais tout cela ne saurait faire oublier la réalité de la RDC où la question de la succession de Joseph Kabila se pose toujours avec acuité. En effet, pas plus tard que le week-end dernier, l’opposant Moïse Katumbi a fait l’objet d’une nouvelle sollicitation, cette fois-ci de la part d’une coalition appelée l’Alternance pour la République, pour être candidat à la présidentielle de novembre prochain. Ainsi, après le G7 et un collectif de nationalistes, ce regroupement est la troisième plateforme à faire un appel du pied à l’ex-gouverneur du Katanga entré en dissidence avec le président Joseph Kabila soupçonné de vouloir contourner les dispositions constitutionnelles de son pays pour se remettre dans la course à sa propre succession. Tant et si bien que ces hommages à Papa Wemba, apparaissent comme une parenthèse de répit voire de paix des braves entre Joseph Kabila et ses opposants. On peut croire que tout de suite après l’inhumation du chanteur, la tension remontera immédiatement quand la politique aura repris ses droits.

Il n’est pas exclu que le cadavre de Papa Wemba soit quelque part un cadavre exquis pour les politiciens

Il faut même espérer que ces affrontements, au propre comme au figuré, ne se fassent  pas déjà autour du cadavre du chanteur, au cas où Moïse Katumbi viendrait à croiser les pas du président Kabila à l’une ou l’autre de ces cérémonies d’hommages. Quoi qu’il en soit, avec ce nouveau ralliement de la coalition à l’ex-gouverneur du Katanga, le vide se fait de plus en plus abyssal autour du président Kabila qui voit sa maison se lézarder chaque jour un peu plus avec les multiples défections, au fur et à mesure que l’échéance électorale de la présidentielle approche. Et s’il n’y prend garde, le président congolais risque de payer au prix fort, son entêtement à rester dans sa logique de glissement du calendrier électoral. Malheureusement, les tyrans n’ont pas d’yeux ni d’oreille pour voir et entendre ce qui ne va pas dans le sens de leurs intérêts. En tout état de cause, il n’est pas exclu que le cadavre de Papa Wemba soit quelque part un cadavre exquis pour tous ces politiciens en quête de caution populaire, qui pourraient en profiter pour essayer d’en tirer des dividendes. La bataille ne fait donc que commencer et si l’opposition congolaise  veut se donner des chances de barrer la route à Joseph Kabila, elle n’a pas d’autre choix que de parler d’une seule voix. L’idéal, pour elle, serait d’empêcher Kabila de parvenir à contourner les dispositions constitutionnelles qui le disqualifient d’ores et déjà pour la prochaine compétition électorale. Autrement, l’opposition congolaise n’aura que ses yeux pour pleurer si elle commet l’erreur de laisser Kabila parvenir à se remettre dans la course. Car, l’on ne voit pas comment elle parviendrait à le battre dans les urnes, étant donné qu’en Afrique, un dictateur n’organise jamais des élections pour les perdre. Surtout quand le scrutin est à un tour comme c’est le cas en RDC.

Outélé KEITA


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