HomeA la unePAIEMENT DES COTISATIONS MALIENNES A L’ONU: La dignité du Maliba écorchée malgré tout

PAIEMENT DES COTISATIONS MALIENNES A L’ONU: La dignité du Maliba écorchée malgré tout


 

Suspendu il y a quelques jours pour non-paiement de ses cotisations, le Mali reprend son droit de vote aux sessions de l’Assemblée générale des Nations unies. Dont acte. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’avait que trop duré. Car, faut-il le rappeler, cette affaire de non-paiement de cotisations avait fait grand bruit sur les bords du fleuve Djoliba ; beaucoup de Maliens estimant que les autorités ont humilié leur pays à travers la planète. Pour l’opposition politique, c’était l’erreur de trop que venait de commettre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qui, en si peu de temps au pouvoir, a multiplié les frasques, les unes aussi abracadabrantesques que les autres. En effet, tout a commencé par cette histoire de boeing présidentiel acquis à hauteur de 20 milliards de F CFA alors que le Mali, avec son économie poussive, avait d’autres priorités et ce, au moment où l’insécurité, devenue par trop ambiante, menaçait l’intégrité du territoire. L’émoi des Maliens n’était pas encore dissipé que surgirent de nouveaux scandales liés à l’acquisition de matériels militaires et la passation, dans des circonstances opaques, d’un marché portant achat de charrues pour les paysans. A cela vient s’ajouter cette récente affaire de non-paiement de cotisations. C’est à n’y rien comprendre. Si ce n’est de l’incurie, cela y ressemble fort. Car comment expliquer qu’un président qui peut se payer le luxe de s’offrir un avion présidentiel à coût de milliards, se montre incapable de payer une cotisation à hauteur seulement de 200 millions de F CFA ? On veut bien croire en la bonne foi des services techniques maliens qui parlent d’erreurs matérielles qui s’étaient glissées par inadvertance, mais que personne n’ait pu les déceler pendant deux ans, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Plus jamais ça au pays de Soundjata Keïta

A moins que ce ne soit des dysfonctionnements expressément entretenus par quelques ripoux dans le but de se sucrer sur le dos de l’Etat malien. Ce qui n’est pas impossible quand on sait qu’au Mali, tout comme dans bien des pays du continent, la corruption, du fait de la mal gouvernance politique, a pris des proportions démesurées. Le Vérificateur général, l’impondérable Sissi Sosso Diarra, a fait du mieux qu’il pouvait, mais les détournements de deniers publics ont toujours pignon sur rue au pays de Kankan Moussa, du nom de cet empereur malien pour qui la dignité valait bien plus que l’or. En tout cas, on peut se féliciter de la promptitude dont ont fait montre les autorités maliennes en s’acquittant de leur dette. Il n’est jamais tard pour bien faire. Mais comme le dit l’adage, « on ne peut pas ramasser de l’eau versée ». Le mal est déjà fait, l’honneur écorché et la dignité ébranlée. Ce n’est pas sérieux. Le Maliba ne mérite pas ça. Surtout qu’au regard du montant, il suffisait seulement de s’ouvrir au plus petit commerçant de Sévaré, par exemple, pour que le problème soit résolu. Car le peuple malien, on le sait, ne souhaite pas voir ainsi bafoué son honneur. Fier de lui-même, il est prêt à tout pour sauver les apparences. Encore que le Mali, par ces temps qui courent, est l’un des pays au monde qui bénéficient de soutiens en tous genres de la communauté internationale. Sans doute l’annonce de la suspension du Mali pour non-paiement de cotisation a dû choquer certains partenaires techniques et financiers qui vont, à juste titre, se poser cette question : à quoi ont servi nos multiples efforts ? Donc, plus jamais ça au pays de Soundjata Keïta qui a dû se retourner mille fois dans sa tombe.

Boundi OUOBA

[1] Maliba signifie grand Mali


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