HomeA la unePLETHORE DE CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : La stratégie d’atomisation des voix sera-t-elle payante pour l’opposition ?

PLETHORE DE CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : La stratégie d’atomisation des voix sera-t-elle payante pour l’opposition ?


Tout comme son voisin burkinabè, la Côte d’Ivoire a un rendez-vous électoral en octobre prochain. A la date d’hier, 25 août 2015, le nombre de candidats à la présidentielle de la république ivoirienne était de 19. Ce chiffre devrait évoluer  dans la mesure où certaines candidatures annoncées n’avaient pas été actées au moment où nous tracions ces lignes.

Dans la dynamique de départ, il y a quelques mois, qui laissait transparaître un large regroupement anti- Alassane Ouattara, l’on pensait que le nombre de candidats ne serait pas important. Cette coalition a d’ailleurs été formalisée avec la création de la CNC (Coalition nationale pour le changement) dont les figures de proue sont Charles Konan Banny, dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Kouadio Konan Bertin et Amara Essy, autres dissidents du PDCI, Mamadou Koulibaly du parti Liberté et démocratie pour la République (Lider), Anaky Kobena du Mouvement des Forces d’Avenir et Abou Drahamane Sangaré de l’aile radicale du Front populaire ivoirien (FPI).

Au lieu d’être une force fédératrice et motrice de l’opposition ivoirienne, la CNC a fondu comme une boule de beurre sous le poids des ego, des querelles de leadership et des contradictions de ses membres. La conséquence a été immédiate. Chaque membre est allé « fouetter ses chats », entraînant de fait une démultiplication des candidatures. Pouvait-il en être autrement, quand on connaît le degré de démarcation idéologique et les objectifs diamétralement opposés des membres de la CNC et, par extension, de l’opposition ivoirienne ? Dans tous les cas, cette défragmentation de l’opposition à Alassane Dramane Ouattara, comme on le voit d’ailleurs dans d’autres pays africains, montre que l’unanimité, en politique, surtout dans les camps des opposants, est un vœu pieux. Tout le contraire des camps au pouvoir où il est plus facile de s’unir, signe que la table du prince ne manque jamais de convives.

Bien malin qui oserait prédire   la victoire d’un camp sur l’autre

Bref, qui a intérêt dans cette situation de division des opposants ivoiriens ? C’est la question cruciale quand on se projette sur l’enjeu principal de la présidentielle. A y voir de près, l’opposition ivoirienne semble avoir opté pour une atomisation des voix, histoire d’empêcher une victoire au « quart de tour » de ADO, de le contraindre à aller à un second tour dans lequel il pourrait être battu. A ce jeu du quitte ou double, cette stratégie de candidatures multiples de l’opposition  risque d’être contre-productive, non seulement en raison du manque de charisme de la grande majorité de ses leaders, mais aussi du bilan du président sortant qui   plaide en  sa faveur. Il reste qu’ADO et son camp ont intérêt à se départir d’un excès d’optimisme qui pourrait se révéler préjudiciable. A priori, l’opposition dispose d’une armada suffisante pour mettre en difficulté le président Ouattara qui, s’il advenait qu’il n’était pas élu au premier tour,  aurait de sérieux soucis à se faire  pour son second mandat à la tête de la Côte d’Ivoire.

En tout cas, malgré le désistement du FPI de Abou Drahamane Sangaré, la bataille électorale aura lieu et bien malin qui oserait prédire   la victoire d’un camp sur l’autre. Il reste maintenant à souhaiter que tous les acteurs, malgré les rivalités et les enjeux, travaillent à ne pas réveiller les vieux démons. Il appartient surtout au pouvoir d’ADO, élu dans des circonstances très particulières en 2010, de montrer sa disponibilité à apporter d’une manière ou d’une autre, des réponses idoines aux préoccupations soulevées par les opposants.

Michel NANA


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