POURSUITES JUDICIAIRES ET MOTION DE CENSURE CONTRE LE PRESIDENT DU SENAT EN RDC
Décidément, il ne fait pas bon être pro-Kabila en République démocratique du Congo (RDC), surtout par ces temps qui courent. En effet, depuis le divorce entre le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et le Cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekédi, l’on assiste à une traque sans merci de tous les partisans de l’ex-président. Ainsi, après la destitution de la présidente de l’Assemblée nationale, suivie de celle du Premier ministre, tous les deux connus pour être proches de Kabila, c’est au tour du président du Sénat d’avoir le sommeil trouble. Alexis Thambwe Mwamba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est dans le collimateur de la Justice qui souhaite l’entendre pour des faits présumés de détournements de deniers publics et ce, au moment où l’intéressé est visé par une motion de censure au sein du Sénat. A cet effet, plusieurs pétitions ont d’ailleurs été déposées depuis quelques jours. Dès lors, on comprend pourquoi la session extraordinaire d’hier, 2 févier 2021, consacrée à l’examen et l’adoption du projet de loi de ratification portant création de la Zone de libre échange continentale africaine, a été des plus houleuses; certains sénateurs ayant failli en venir aux mains. Cela dit, même si Alexis Thambwe Mwamba semble faire de la résistance en insistant qu’aucune motion de censure ne saurait être examinée pendant la session extraordinaire en cours, il sait, tout de même, que les carottes sont cuites pour lui. Car, on ne sait pas par quelle maestria, il pourra se tirer d’affaire. Son mentor Kabila n’étant plus aux affaires, il ne dispose d’aucune marge de manœuvre.
Le président Tshisékedi gagnerait à ne pas donner l’impression de se livrer à une chasse aux sorcières
Et quand on sait que le président Félix Tshisékedi n’a pas hésité à livrer son propre directeur de cabinet en la personne de Vital Kamerhe, à la Justice, on peut dire que le président du Sénat a du mouron à se faire. Du reste, pour autant qu’il n’ait rien à se reprocher, il gagnerait à prendre les devants en rendant le tablier afin de mieux préparer sa défense. Car, contrairement à la présidente de l’Assemblée nationale et au Premier ministre qui ont été destitués sans préjudice de poursuites judiciaires, lui, risque, après sa déchéance qui ne saurait tarder, d’aller en prison. En tout cas, pour le parquet de la Cour de cassation, les faits sont tellement têtus qu’il n’y a pas de doute que le président du Sénat a trempé la main dans le cambouis. A lui donc d’en démontrer le contraire afin de convaincre la Cour. On attend de voir. Cela dit, s’il est vrai qu’il a réussi le tour de force de s’affranchir de la tutelle de Kabila et compagnie, le président Félix Tshisékedi gagnerait à ne pas donner l’impression de se livrer à une chasse aux sorcières. Car, à vouloir trop diaboliser les pro-Kabila, il court le risque de les rendre finalement sympathiques quoique ces derniers, il faut le reconnaître, aient aussi trop tiré sur la corde à travers leur comportement de défiance vis-à-vis du chef de l’Etat.
B.O