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PROCES DE L’ATTAQUE DE LA POUDRIERE DE YIMDI : Ce que des prévenus ont dit à la barre


Le 28 mars dernier, à l’ouverture du procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi, c’est le caporal Abdoul Nafion Nébié qui, le premier, a été appelé à la barre pour être auditionné. Hier 29 mars, les audiences se sont poursuivies. La plupart des accusés appelés à la barre nient les faits à eux reprochés dont, entre autres, le complot militaire et la détention illégale d’armes à feu et de munitions.

 

Le premier jour du procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi a pris fin aux alentours de 17h 52. Prévu pour reprendre le lendemain, soit le 29 mars 2017 à 8h 30, le procès a débuté avec près de 5 minutes de retard. Prenant la parole, le président du tribunal a donc tenu à faire des observations concernant la ponctualité. Il a invité particulièrement les agents de sécurité en charge du transport des prévenus, à veiller à ce que ceux-ci soient dans la salle d’audience quelques minutes avant l’heure indiquée pour la tenue de l’audience. C’est donc après ces observations que le président du tribunal a procédé à l’appel du prévenu Ollé Bienvenue Kam. Soldat de 1re classe, il est le 2e à passer à la barre après le caporal Abdoul Nafion Nébié. Mais son avocat, Me Albert Zoma, n’a pas répondu présent à l’appel du président du tribunal. Malgré cela, le président du tribunal décide de procéder à l’interrogatoire tout en indiquant que son conseil prendra le train en marche, car l’audience, a-t-il dit, était prévue pour débuter à 8h 30. C’ est alors qu’il a commencé à lire les chefs d’accusations contre le soldat de 1re classe Ollé Bienvenue Kam. S’agissant de la désertion en temps de paix, celui-ci a expliqué qu’il a fui le pays parce que sa vie était menacée. Après la dissolution du RSP, a indiqué le soldat de 1re classe, il a rejoint son poste d’affectation comme cela se doit. C’est alors qu’un soir, il a reçu un appel de son chef, lui disant simplement que la gendarmerie avait besoin de lui. « Alors que dans l’armée, les choses ne se passent pas comme cela », s’est plaint le sieur Ollé. Selon lui, dans les normes, si l’un des leurs était convoqué quelque part, le chef de corps désigne quelqu’un pour l’accompagner et c’est ce dernier qui vient après rendre compte. « Mais, dans mon cas, on m’a appelé au téléphone pour me dire d’aller répondre à la gendarmerie. Si moi, je pars là-bas et que quelque chose m’arrive, qui ira rendre compte ? », a demandé l’accusé. Ayant pris peur au regard de la situation et craignant pour sa vie, a-t-il poursuivi, il a décidé donc de prendre la poudre d’escampette et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé en territoire ivoirien, avec le sergent Alassane Yougbaré. C’est ce dernier qui aurait appelé le sieur Djerma, un autre élément de l’ex-RSP qui était déjà à Abidjan, pour venir les chercher pour les héberger. « Chez lui ou dans un hôtel ?», lui a demandé le président du tribunal. « Je ne sais pas. C’était dans un bâtiment en tout cas », a répondu l’accusé. Et le dialogue s’est poursuivi en ces termes : « Combien de temps avez-vous vécu en Côte d’Ivoire» ? « Environ 6 jours ». « Comment vous vous restauriez là-bas» ? « Je me débrouillais ». « Avez-vous participé à des réunions» ? « Non ». « Pourquoi avez-vous décidé de revenir» ? « J’étais logé chez des gens. Ils ont décidé de rentrer. Donc, je ne pouvais plus rester là-bas. C’est pourquoi je suis rentré ». « Après être rentré, pourquoi n’avez-vous pas repris service» ? « Je comptais rester chez moi. Mais si le chef m’appelais, je serais allé ». Tels ont été les échanges que le président du tribunal a eus avec l’accusé avant de passer la parole au commissaire du gouvernement qui a poursuivi l’interrogatoire dans le même sens.

 

Yacouba Isaac Zida encore cité

 

Ce dernier a demandé à l’accusé pourquoi est-ce qu’il n’a pas demandé expressément à se faire accompagner à la gendarmerie. « Vous-même vous êtes militaire. Est-ce que les choses se passent comme cela ?», lui a répondu l’accusé. Il faut le dire, durant tout ce temps, le ton de l’accusé est parti crescendo jusqu’à ce que le président du tribunal finisse par l’interpeller. « Baissez votre ton M. Ollé. Si l’on vous pose une question, vous êtes libre de répondre ou de ne pas répondre », lui a dit le président du tribunal avant de permettre au parquet de poursuivre. Revenant sur la convocation de la gendarmerie, le parquet a tenu à souligner que le fait de se faire accompagner est une pratique courante au sein de l’armée, mais nulle part, cela n’est prescrit dans la loi. C’était maintenant au tour du conseil de procéder à son interrogatoire et de faire des observations, mais celui-ci ne répondait toujours pas à l’appel. Reprenant la parole, le président du tribunal demande donc à l’accusé de donner son emploi du temps lorsqu’il est arrivé à Ouagadougou, jusqu’à son interpellation. « Dites-nous ce que vous avez fait depuis que vous êtes arrivé à Ouagadougou jusqu’au jour de votre arrestation », lui a-t-il demandé en clair. « J’ai fait quoi ? Je n’ai rien fait », a répondu M. Kam qui, visiblement, n’a pas bien compris la question, amenant le président du tribunal à reformuler sa question. « On n’a pas dit que vous avez fait quelque chose. Nous demandons quelles sont les activités que vous avez menées depuis votre retour à Ouagadougou », a-t-il expliqué. Dans son récit, Ollé Kam a indiqué que c’est le sergent-chef Ali Sanou qui l’a appelé au niveau du pont de Yimdi. Une fois là-bas, ce dernier lui aurait fait cas du projet d’attaque du poste. Il l’a donc suivi, mais n’est pas allé plus loin au-delà du pont. « Avez-vous marqué votre accord ? », lui a demandé le président du tribunal. « Si j’ai suivi jusqu’au pont, c’est que j’étais d’accord », a-t-il rétorqué. Mais, a-t-il précisé, c’était pour garder des engins dont 2 mobylettes et un véhicule, celui du sergent-chef Ali Sanou. Ces derniers, a poursuivi Ollé Kam, sont revenus vers 4h. « Avec des armes ? », demande le président du tribunal. « C’était la nuit et il faisait sombre. J’ai seulement vu Ali Sanou avec une kalachnikov qu’il a mise dans sa voiture », a répondu l’accusé. Il était 9h 43, lorsque l’un des avocats a interpellé le président du tribunal sur l’absence du conseil du prévenu. Ce dernier lui aurait envoyé un message pour dire qu’il ne pouvait pas être là car son enfant était malade. Après l’interrogatoire du soldat de 1re classe Ollé Kam, c’est le caporal Hamidou Drabo qui est appelé à la barre. 5 chefs d’accusation pèsent sur lui dont le vol aggravé, le complot militaire et la désertion en temps de paix. « J’ai quitté le territoire pour sauver ma vie », s’est-il défendu. En effet, selon lui, dans la nuit du 30 juin 2015, leur camp aurait été attaqué par des éléments du général Yacouba Isaac Zida dans le but d’éliminer le général Gilbert Diendéré et certains officiers. Un coup, a-t-il dit, qui a échoué car il aurait réussi à maîtriser la situation et détenir quelques éléments qui leur ont fait savoir qu’ils étaient leurs cibles et qu’ils allaient tout faire pour les abattre. Après la dissolution du RSP, pour le caporal, cette menace était plus pesante et c’est ce qui l’a poussé à fuir le pays. « Mais pourquoi êtes-vous revenu ? », lui a demandé le président du tribunal. « Pour l’amour de ma patrie », a-t-il répondu. Sur ce point, le commissaire du gouvernement n’a pas eu à faire des observations. L’avocat du prévenu, lui, est revenu sur les raisons qui ont poussé son client à quitter le pays, insistant sur le fait que les menaces qui pesaient sur lui, au regard du contexte qui prévalait, étaient réelles.  S’agissant du complot militaire, l’accusé a indiqué qu’à son retour à Ouagadougou, il est allé dans un maquis. De là-bas, il a appelé son binôme Abdoul Nafion Nébié qui l’a rejoint. Ce dernier lui a expliqué qu’il avait besoin de son engin pour se rendre dans sa belle-famille car, sa fiancée serait détenue à la gendarmerie. Chose qu’il a acceptée.

 

« Le gars a utilisé deux chargeurs de kalachnikov contenant 30 balles chacun pour tirer dans ma direction »

 

 

A l’entendre, après le départ de son binôme, il est resté dans le maquis et a reçu, quelque temps après, un coup de fil du sergent-chef Ali Sanou lui disant de le rejoindre. N’ayant plus d’engin pour se déplacer, Ali Sanou aurait demandé au sieur Djerma d’aller le chercher. C’est une fois au niveau du pont de Yimdi que Ali Sanou lui a fait part du projet d’attaque de la soute de Yimdi. « Craignant pour ma vie, je l’ai suivi. Mais, je ne suis pas arrivé à la soute. Je suis resté au niveau d’un poste de contrôle, non loin du magasin. Il y avait une arme déposée que le sergent Ali Sanou a prise et me l’a remise. A notre retour, j’ai remis l’arme dans son véhicule et je suis parti », s’est expliqué le caporal Hamidou Drabo. Pour le commissaire du gouvernement, cette délcaration de l’accusé est différente de sa déposition. Dans sa déposition, le parquet a laissé entendre que le caporal Drabo a expliqué comment l’attaque de la soute a été planifiée depuis la Côte d’Ivoire, le déroulement de celle-ci et donné les caractéristiques des armes qu’ils ont récupérées. Et le parquet de demander à l’accusé : « Est-ce exact» ? « Je refuse catégoriquement », a répondu le caporal Drabo. A la question de savoir comment il a quitté les lieux, le prévenu a répondu que c’est son binôme Abdoul Nafion Nébié qui est allé le chercher. « Avez-vous vu votre binôme Nafion sur le pont de Yimdi ? », lui a encore demandé le commissaire du gouvernement. « Négatif », a répondu le caporal. Là encore, selon le parquet, il y a des contradictions dans les déclarations car, selon lui, dans son intervention la veille, le binôme en question a indiqué être allé sur le pont, suite à l’appel de Drabo, qui voulait récupérer son engin. Toute chose qui a amené le président du tribunal à appéler le sieur Nébié à la barre. Dans son intervention, ce dernier soutient que c’est son binôme, le sieur Drabo, qui l’a appelé, mais une fois au niveau du pont, c’est le sergent-chef Ali Sanou qu’il a rencontré. « Peut-être qu’au regard du temps passé il a oublié, sinon, c’est lui qui m’a appelé pour prendre sa moto », a indiqué le sieur Abdoul Nafion Nébié. Pour l’avocat du caporal Hamidou Drabo, il n’y a pas de contradiction car son client soutient que c’est autour de 4h qu’il a appelé son binôme pour qu’il parte le chercher ; chose que ce dernier confirme également.

C’est au tour de Boureima Zouré, soldat de 1re classe, de répondre des faits à lui reprochés. Il était 11h 04. Il est poursuivi pour complot militaire et désertion en temps de paix. Tout comme celui qui l’a précédé à la barre, Boureima Zouré a soutenu que s’il a quitté le pays, c’est parce que sa vie était menacée par les éléments de Zida. Après avoir passé environ 3 mois en Côte d’Ivoire, il est rentré au bercail. « La Côte d’Ivoire, c’est pas chez moi. C’est ici mon pays », a-t-il dit. Lorsque le parquet lui a demandé pourquoi il n’est pas allé signaler à la gendarmerie que sa vie était menacée, il a répondu en ces termes :  « c’est Zida qui était au pouvoir. J’allais dire quoi là-bas ? ». S’agissant du complot, le soldat de 1re classe Boureima Zouré soutient n’en avoir pas été informé. C’est depuis Léo, a-t-il expliqué, que le sieur Zongo est venu lui dire que Ali Sanou et d’autres éléments ont fait quelque chose à Ouagadougou et qu’ils étaient recherchés. Craignant encore pour sa vie, il a décidé, avec ce dernier et le sieur Yerbanga, de rejoindre encore la Côte d’Ivoire via le Ghana. Chemin faisant, il  a été attaqué par une équipe de la gendarmerie aux éléments habillés en civil et conduisant une voiture Mercedes. « Pendant qu’il me poursuivait, le gars a utilisé deux chargeurs de kalachnikov contenant 30 balles chacun pour tirer dans ma direction. Cela ne lui a pas suffi et il a encore déchargé un pistolet de 15 coups. Pourtant, je n’étais pas armé. Il m’a dit qu’ils ont reçu l’ordre de nous abattre. C’est lors de cet incident que le sieur Yerbanga a été tué. J’ai réussi à m’échapper et c’est en territoire ghanéen que j’ai été appréhendé », a expliqué Boureima Zouré. Pour la question de complot, il a indiqué ne pas reconnaître les faits, car n’ayant même pas été à Ouagadougou et n’ayant participé à aucune rencontre visant à planifier l’attaque. Pour son conseil, Aminata Paré, au regard de tous ces faits, l’infraction de complot n’est pas constituée pour son client. Ce sont sur ces notes que le président du tribunal a suspendu l’audience. Il était 12h 16.

14h, reprise de l’audience. Et  c’est le Sergent Coulidiaty Salif du 25e RPC de Bobo-Dioulasso qui est appelé à la barre. Il est accusé de complot militaire, vol aggravé, détention illégale d’armes à feu ou de munitions, violence et voies de faits sans interruption temporaire de travail. Le juge : «Sergent Coulidiaty Salif, vous êtes accusé de complot militaire. Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? » Sergent Couldiaty Salif : « Non ». Il raconte : « J’étais en permission à Ouagadougou, quand j’ai reçu le coup de fil de Djerma, m’invitant à le rejoindre pour prendre une commission pour sa femme. Nous sommes dans la même cour depuis 8 ans. Quand je suis arrivé au lieu du rendez-vous, j’ai été embarqué dans une voiture avec Djerma et Sanou Ali. A un moment donné, j’ai senti qu’on quittait la ville et je leur ai demandé où est-ce que l’on partait chercher la commission. A un moment donné, la voiture s’est arrêtée au pont de Boulmiougou. Et c’est là que Djerma m’a expliqué le plan d’attaque du camp de Yimdi. Quand il a fini de m’expliquer, je n’ai pas marqué mon accord. Je suis parti avec eux et à un moment donné, je me suis planqué derrière un buisson. Quand ils sont allés loin, je suis retourné sur le pont où j’ai trouvé Kam Ollé. Avec lui, j’ai attendu le retour du chef Ali et Djerma pour récupérer dans la voiture mon petit sac dans lequel il y avait ma permission. Comme il y avait le couvre-feu, je suis resté sur les lieux et je suis rentré à la maison aux environs de 7h du matin». «Pourquoi n’avoir pas rendu compte à votre hiérarchie quand vous avez su qu’une attaque se préparait ? », lance le commissaire du

gouvernement. « Je n’ai pas rendu compte à ma hiérarchie, mais j’ai rendu compte aux gendarmes qui sont venus m’arrêter », répond  Couldiaty. « Mais à quoi aurait servi le compte-rendu si l’attaque a déjà eu lieu ? », relève le commissaire du gouvernement. Et  l’accusé de signifier qu’il ne pouvait pas rendre compte, vu le contexte qui prévalait à ce moment : « en son temps, on ne faisait pas confiance aux ex-RSP. Qu’est-ce qui prouve que si je rendais compte j’allais m’en sortir ? ». La question reste posée. Toujours par rapport au complot militaire, le Président du tribunal demande  à Couldiaty si, « dans la journée du 21, il a participé à une réunion dans un bar ? ». « Non. Nous sommes allés au maquis Alex, sergent Sanou Ali, Kam et moi. Je n’ai jamais fait de rencontre avec quelqu’un dans un maquis ». Et pourtant, le commissaire du gouvernement a relevé que devant le juge d’instruction, les déclarations faites sont contraires à celles faites ce jour. Le commissaire du gouvernement continue : « Pendant l’instruction, il est ressorti que le chef Ali  vous a appelé afin que vous mobilisiez les ex-RSP qui sont au Burkina Faso pour l’attaque de Yimdi ». « Pour moi c’est une histoire. Je n’ai jamais appelé quelqu’un et personne ne m’a jamais appélé », rétorque Couldiaty Salif. Après le parquet, c’est au tour du conseil de l’accusé, Me Kabré Yssouf, de poser des questions : « Quel genre de chaussures portiez-vous  quand vous étiez sur le pont ? » « Des chaussures de show. J’étais dans mon zangoli », répond l’accusé. Et l’avocat de reprendre : « comment quelqu’un qui part attaquer un camp va-t-il porter des chaussures de ce genre ? » En ce qui concerne les coups de fil, le conseil de Couldiaty a signifié au ministère public de « produire le relevé téléphonique qui va éclairer la religion du juge ». Toute chose que le commissaire du gouvernement n’estime pas nécessaire, parce qu’il se dit que « l’absence de ce relevé n’entame en rien le sérieux de l’instruction et que d’autres preuves existent contre Couldiaty ». Tout compte fait, le commissaire du gouvernement relève que le fait que Couldiaty, les déserteurs (Sanou Ali et autres) et les autres permissionnaires, tous des ex-RSP,  se retrouvent le jour de l’attaque du camp, est une coïncidence troublante.

Relativement au chef d’accusation de détention illégale d’armes à feu ou de munitions, Couldiaty laisse entendre qu’il ne sait pas pourquoi on lui reproche cela parce qu’il n’a touché à aucune arme quand Sanou Ali et les autres sont arrivés avec les armes qu’ils ont pu récupérer à Yimdi.

Par rapport au chef d’accusation « violence et voies de faits sans ITT », Couldiaty dit ne pas reconnaître les faits qui lui sont reprochés.

La deuxième personne à venir à la barre, dans la soirée du 29 mars, est le soldat de 1ère classe Napon Djimaldine qui ploie sous les mêmes chefs d’accusation que Couldiaty. Selon les faits, il dit : « j’étais en permission à Ouagadougou, quand je suis allé avec Couldiaty rejoindre Djerma et Sanou qui nous ont embarqués dans leur voiture pour nous convaincre de prendre part à l’attaque. Mais je leur ai dit que je ne peux pas. J’ai quitté le pont de Boulmiougou vers minuit. J’ai appelé Couldiaty qui m’a dit de me chercher et  qu’il a replié ». Le commissaire du gouvernement dit ne pas comprendre pourquoi Napon dit n’avoir jamais participé à l’attaque alors que devant le juge d’instruction, il a affirmé le contraire. Et  Napon d’expliquer : «Je n’ai pas travaillé avec le juge d’instruction parce quand on a commencé l’interrogatoire, il m’a dit de me lever sortir parce que ce n’est pas ce que j’avais dit. Et après on m’a appelé pour me faire signer un procès-verbal que je n’ai pas lu ».

Pour ce qui est de la détention illégale d’arme à feu ou de munition, le soldat Napon Djimaldine dit ne détenir aucune arme à feu, en témoigne la perquisition faite chez lui.  Et Me Yonli Emmanuel, conseil du soldat Napon, de soutenir que  « l’acte matériel fait défaut ici ». Mais le commissaire du gouvernement n’est pas de cet avis, puisqu’il considère que le Sergent-chef Sanou Ali « est allé déposer les armes chez le maçon à leurs noms à tous ». Pour étayer ses propos, il cite une jurisprudence militaire qui stipule que la détention d’armes va au-delà de la détention matérielle.  

Napon Djimaldine dit ne pas reconnaître le chef d’accusation de « violence et voies de faits sans ITT » qui lui est reproché. Au cours de son audition au tribunal militaire, il dit que c’est lui-même qui a été victime de violences. Et qu’il en garde toujours des séquelles sur son corps. Dans son intervention, le commissaire du gouvernement a laissé entendre que Napon ne peut pas dire qu’il n’a pas ligoté les soldats qui étaient de garde le jour de l’attaque, puisque c’est une action de groupe. « Non », estime Me Yonli, parce que « violence et voies de faits supposent un contact ».

Suite à l’audition du soldat de 1ère classe, Napon Djimaldine, le Président du tribunal a suspendu l’audience qui reprendra le 30 mars 2017.

 

Françoise DEMBELE et Adama SIGUE

 

 

 

Me  Yssouf Kabré, avocat de Couldiaty Salif

 

« Ce procès, c’est celui des méthodes quelque peu staliniennes de nos enquêteurs »

 

« Mon client a été arrêté le 21 janvier 2016 et c’est le 16 mars 2016, soit 52 jours francs plus tard, que vous le présentez au juge d’instruction. Dans l’intervalle de ce temps, il a été détenu. Nous posons la question de savoir qu’est-ce qu’on a fait de lui durant ce temps. Nous luttons tous contre la torture. Quand vous torturez quelqu’un, tout ce qu’il dit, est corrompu. On ne peut pas savoir si c’est la vérité, parce que la vérité obtenue sous la contrainte, ne peut pas être la vérité. Si vous faites l’objet de torture, selon mon confrère Yonli, vous pouvez avouer le vol du Titanic qui n’existe même pas à Ouagadougou. Ce procès, c’est celui des méthodes quelque peu staliniennes de nos enquêteurs. Nous avons relevé quelque chose qui est capital. Dans le dossier, vous ne trouverez nulle part des traces de relevé d’appels téléphoniques. Or, la plupart de nos clients sont poursuivis pour des faits de complot militaire. Ce qui suppose qu’ils se concertaient bien avant et passaient à l’action. Si on continue avec des supputations, on dirait que la hiérarchie militaire qui a donné la permission, est impliquée dans le coup. »

 

 

 


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