HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE « Ceux qui ont effectué la mission héliportée sont innocents à l’analyse des circonstances » (général Pengrenoma Zagré)

PROCES DU PUTSCH MANQUE « Ceux qui ont effectué la mission héliportée sont innocents à l’analyse des circonstances » (général Pengrenoma Zagré)


Dans le cadre du putsch manqué de septembre 2015, l’audition du témoin, Pengrenoma Zagré, Chef d’Etat-major général des Armées (CEMGA) au moment des faits, s’est poursuivie le 25 février 2019 au Tribunal militaire. Le général Zagré est constant : nous avons été clairs avec Diendéré la nuit du 16 septembre sur l’illégalité de son acte.

Quelle que soit la situation qui nous environne, les militaires ont obligation de se conformer au règlement de la discipline générale des Armées. C’est le propos du témoin Pengrenoma Zagré, en réaction à la mise aux arrêts des autorités de la Transition par les éléments de l’ex-RSP (régiment de sécurité présidentielle) qui, de son point de vue, ont été influencés par l’environnement politico-financier. Le général Diendéré avait, de l’avis du témoin, une grande influence morale sur les éléments de ce corps qui était un environnement particulier où il ne pouvait aller sans tenir le général Diendéré informé, selon ses déclarations. Il confie qu’il n’avait aucune influence sur le RSP. En même temps, il indique qu’il n’y a jamais eu un CEMGA qui est autant allé au camp Naaba Koom voir les éléments du RSP comme lui. Du RSP, l’ex CEMGA confie que pour tout ce qui était de l’armement et de l’équipement, ça ne passait pas par lui et ce qui touche aux personnels de ce corps passait par l’Armée de terre. Ce qui suscite cette question chez l’avocat de la partie civile, Me Prosper Farama : est-ce que le RSP n’était pas une anomalie dangereuse pour la République ? L’avocat veut vérifier certaines des déclarations du général Diendéré. L’avocat relève que selon Diendéré, le témoin a dit ceci la nuit du 16 septembre 2015 : « puisque c’est le RSP qui est à l’origine, prenez les devants, nous on vous suit ». Le général Zagré dit en réaction : ce sont des contrevérités ! Avez-vous refusé de répondre à une convocation du juge d’instruction, comme l’a laissé entendre le général Diendéré, veut savoir l’avocat ? Tout cela fait partie de la campagne, répond-t-il, indiquant que c’est du mensonge, qu’il n’a jamais refusé de répondre à un ordre de la justice. Pourquoi avez-vous demandé au commandant Korogo, chef de corps du RSP, de rester en poste au moment des faits ? « Pour la mise en œuvre de la campagne de démobilisation des éléments du RSP et inciter les hommes à quitter le camp », répond le témoin. Avez-vous connaissance des clans au RSP ? A cette question, le général Zagré dit avoir été au courant des contradictions au sein du RSP, sans plus sur les clans. Quel était le statut du général Diendéré au RSP ? Le témoin Pengrenoma Zagré rappelle que Diendéré en a été le premier chef de corps, avant de devenir le chef d’Etat-major particulier de la présidence. Sur le lien possible que Diendéré fait entre la dissolution du RSP, le processus de désarmement dont le terrorisme pourrait être la conséquence, l’avocat souhaite savoir le point de vue du témoin. Le général Zagré confie en réaction que ce lien ne tient pas, d’autant plus que bien de pays de la sous-région paient les frais du terrorisme, comme le Burkina. Pourquoi avez-vous accompagné Diendéré à l’aéroport à l’accueil des chefs d’Etat de la CEDEAO ? Le témoin dit être allé accueillir les chefs d’Etat au nom des conventions internationales qui l’obligent en tant que CEMGA d’assurer la sécurité de ces personnalités et il n’y est pas allé accompagner Diendéré.

« La nomination du lieutenant colonel Zida au grade de général de division n’était pas conforme »

Sur la loi ayant permis la nomination du lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida au grade de général de division, l’un des conseils de Diendéré, Me Latif Dabo, souhaite avoir la réaction de l’ex CEMGA. Ce dernier indique en réponse que cela n’était pas adapté et les gens l’ont trouvé anormal et non conforme, car source de frustrations. Et il en a parlé au ministre de la Défense en son temps, le président Michel Kafando en l’occurrence. Sur la mission héliportée à la frontière ivoirienne, Pengrenoma Zagré dit en avoir été informé la nuit, mais n’a donné ordre à personne d’autoriser le décollage de l’aéronef de la base aérienne. Avez-vous pris des sanctions contre ceux qui ont actionné les mécanismes ayant permis l’utilisation de l’avion ainsi que ceux qui ont fait la mission ? A cette question de Me Dabo, le témoin indique que les responsables à qui s’est adressé Diendéré n’avaient pas de moyen de résistance contre lui. « Ces acteurs qui ont effectué la mission n’ont pas choisi de le faire et à l’analyse des circonstances, ils sont innocents », confie-t-il. Il relève, sur le matériel de maintien de l’ordre qu’il n’en a pas été demandeur, encore moins la police, ni la gendarmerie. Ledit matériel n’a pas été utilisé, à l’entendre. Il estime avoir fait preuve de stratégie et la stratégie est un art, une ruse, à son avis. L’art de la guerre, c’est celui de garder sa liberté d’action, dit-il en réaction aux multiples questions de Me Dabo. « Il faut reconnaître les efforts fournis pour résoudre la situation. Ce n’est pas par ma force, je n’en ai pas. J’ai à peine 1m 80 mais le général Diendéré en a 2 presque. Tenez compte des circonstances », se lâche-t-il. Son audition se poursuit ce 26 février au Tribunal militaire de Ouagadougou à partir de 9h.

Lonsani SANOGO


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