HomeA la unePUBLICATION DES FACTURES IMPAYEES DE L’ONEA ET DE LA SONABEL : On peut rechercher l’équité sans humilier

PUBLICATION DES FACTURES IMPAYEES DE L’ONEA ET DE LA SONABEL : On peut rechercher l’équité sans humilier


Indignation et colère! C’est ce qu’a suscité au sein de l’opinion publique nationale, la publication des longues listes de créanciers de l’ONEA et de la SONABEL. En effet, les deux sociétés d’Etat ont surpris plus d’un en publiant sur les réseaux sociaux, les noms et autres références de leurs débiteurs tout en les sommant de régulariser leur situation dans un délai de 10 jours, faute de quoi, ils vont les sentir. Même moi, fou, c’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance de ces listes qui enflamment la toile depuis quelques jours. A la vue de ces publications qui ont été largement partagées dans les différentes plateformes, aucun détail n’a pu échapper à ma curiosité : il se trouve que toutes les deux listes de ces sociétés ne concernent qu’un seul quartier. Il s’agit notamment du quartier le plus huppé de notre capitale, Ouaga 2000. Depuis lors, une foultitude de questions taraudent mon esprit : pourquoi ces listes de factures impayées ne concernent-elles que ce seul quartier ? Les mauvais payeurs ou tous ceux qui apparaissent comme tels, sont-ils seulement des résidents de Ouaga 2 000 ? Qu’est-ce qui a pu bien se passer pour que les Nationales de l’eau et de l’électricité sortent subitement de leur léthargie pour dévoiler aux yeux du monde entier, leurs abonnés non à jour, sachant, je suppose, tous les risques que cette façon de procéder peut comporter ? Et surtout comment des personnes, qu’elles soient physiques ou morales, ont-elles pu accumuler des années durant, autant de factures impayées à coup de millions de F CFA au moment où des ménages se sont vu privés de courant ou d’eau de robinet après quelque deux ou trois factures non réglées ? Je m’interroge. Etait-ce la meilleure façon de procéder ?  Pourquoi une telle précipitation alors qu’on aurait pu passer par des préalables à travers une vaste campagne de communication en respectant le principe de préavis ? Je constate qu’au lieu de cela, on a préféré trancher dans le vif, avec tous les risques d’erreurs et même de diffamation à la limite.  La preuve, les deux sociétés ont vite fait de retirer leurs publications sur la toile en vue d’actualiser leurs données. Mais le mal est déjà fait ! Des personnes ont vu leur nom jeté en pâture alors que, dans certains cas, elles n’ont même pas reçu les factures pour lesquelles leur nom a été trainé dans la boue.  On est où là ? Dans d’autres cas, ce sont des factures de rien du tout et qui valent à leurs propriétaires de voir leur réputation salie. Dans d’autres cas encore, ce sont des factures impayées d’un seul mois ou bien le client a honoré sa facture sans que les données n’aient été encore actualisées. Bref, ce sont autant de cas qui auraient fallu à ces deux sociétés, d’aller mollo mollo. Que ceux qui sont à la base de cette initiative se mettent à la place des autres, pour mesurer tout le mal qui a été ainsi fait. Mais je ne peux m’empêcher de me poser une autre question : ces deux sociétés ont-elles agi de leur propre chef, ou l’ordre est-il venu de « en haut de en haut », comme le disent les bouches fendues au mauvais endroit. Certes, je sais que l’Etat est, en ce moment, dans un besoin crucial d’argent. Je suis d’accord que l’ONEA et la SONABEL sont dans leur droit de réclamer leurs dus. Même, la manière de procéder n’y est pas, franchement !  Même si l’Etat est coincé, humilier des gens à ce point-là et pour certains, de pauvres innocents, c’est fort de café ! On peut rechercher l’équité sans humilier. Je veux être clair. Je ne suis pas pour l’incivisme. Je ne suis pas non plus d’accord avec ceux qui cumulent des factures impayées en croyant s’en sortir à bon compte.  

 

Cette affaire de factures impayées vient traduire un mal profond de notre pays

 

Et pour en revenir aux gros débiteurs, il serait injuste de ma part, que je les défendre. Ils sont peut-être nombreux ceux qui ont vite crié à l’injustice. Et pour être honnête, je ne les blâme pas. En effet, ce qui se passe est incroyable voire inimaginable. D’autant plus que les créanciers qu’on nous a présentés, font partie des plus nantis de ce pays. En plus, les sommes des factures sont déroutantes. Et pourtant, c’est la triste réalité, l’une des faces hideuses de notre pays. Celle du favoritisme, du népotisme, du clientélisme, du laxisme, du ségrégationnisme. En un mot, c’est la corruption dans toute sa laideur. Sinon, comment comprendre que dans un pays de droit, où la force publique est dévolue à l’Etat qui assure la justice entre ses citoyens, il s’en trouve des individus qui refusent d’accomplir l’une de leurs obligations fondamentales sans même être inquiétés ? A moins d’être dans un Etat qui marche sur la tête, ce sont, incontestablement, des comportements inciviques intolérables et fortement répréhensibles.En fait, cette nouvelle qui a retenti comme un choc national, ne devrait guère étonner dans ce pays. En effet, ce n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg. En vérité, il ne faut pas se méprendre. Cette affaire de factures impayées vient, en réalité, traduire un mal profond de notre pays. Le mal qui nous a longtemps plongés dans un monde où il y a les uns et les autres. Un monde où il y a, d’un côté, les super-Burkinabè, et de l’autre, les moins que rien. Les premiers étaient les intouchables de la République, qui s’arogeaient tous les droits. Tandis que les seconds étaient, eux, soumis à toute forme de précarité, condamnés à vivre une vie de misère et de domination, et sur qui on tombait à bras raccourcis. C’était le monde des injustices et des iniquités. C’est pourquoi je fonde l’espoir que les intouchables de la République, rendront gorge.

 

« Le Fou »


No Comments

Leave A Comment