HomeA la uneRAPPORT 2019 DU REN-LAC SUR L’ETAT DE LA CORRUPTION AU BURKINA FASO

RAPPORT 2019 DU REN-LAC SUR L’ETAT DE LA CORRUPTION AU BURKINA FASO


Le Réseau National de Lutte contre la Corruption (REN-LAC), fidèle à sa tradition, vient de publier son classement annuel des services étatiques les plus corrompus au titre de l’année 2019. Pour l’exercice, pas moins de 1990 personnes ont été enquêtées dans les 13 régions du pays. Et comme d’habitude, le quarté indexé reste la Police municipale, la Douane, la Police nationale et la Direction Générale des Transports maritimes et terrestres (DGTM) qui caracolent en tête de ce triste marathon. Comme on peut le constater avec le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, le classement ne connaît pas de grand changement au niveau des services pointés du doigt par la population, comme les plus corrompus. “Pour les services qui sont considérés comme les plus corrompus, il n’y a pas de grand changement. Il y a peut-être le changement des inversions de place, c’est-à-dire le premier qui devient deuxième ou le troisième qui devient quatrième. Il n’y a pas un très un grand bouleversement », a-t-il laissé entendre. Avant de revenir sur ce classement, l’on se doit de tresser des lauriers au REN-LAC pour sa constance et sa détermination dans la lutte contre le fléau de la corruption qui est connue pour saper les efforts de développement du pays. En effet, entre autres méfaits des pots-de-vin, l’on peut retenir, au plan politique, la difficulté à mettre en œuvre les politiques de développement du pays, la consolidation et le maintien des pouvoirs politiques en place, rendant chimérique toute alternance démocratique et la perte de confiance de la communauté internationale vis-à-vis des gouvernants. Au plan économique, les dessous-de-table sont cause de l’échec dans l’atteinte des objectifs du développement en multipliant les coûts économiques, créant ainsi de gros manques à gagner au niveau de la trésorerie de l’Etat.

 

 

Il y a lieu que les décideurs publics se résolvent à secouer le cocotier

 

 

En outre, la corruption perturbe le jeu de la libre-concurrence, privant ainsi les populations de ses avantages en termes de réduction des coûts et d’égalité des chances. Tout cela entraîne comme conséquences immédiates, l’aggravation de la pauvreté et la naissance de grandes inégalités sociales qui peuvent se solder par des actes d’incivisme de la part des citoyens voire des conflits entre gouvernants et gouvernés. Au regard des effets dévastateurs de la corruption qui, de l’avis de nombreux observateurs, a gagné des galons sous la gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré, malgré l’existence de structures publiques de lutte contre le phénomène comme l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption   (ASCE-LC), les inspections techniques des différents départements ministériels ou les juridictions en charge de la répression des crimes économiques, l’on peut l’affirmer, le REN-LAC fait une opération de salubrité publique. De ce fait, cette organisation de la société civile mérite tous les encouragements dans sa difficile croisade contre les délinquants à col blanc qui sont tapis dans les administrations publiques.  Cela dit, ces classements qui se succèdent et se rassemblent sont, à bien des égards, comme de l’eau qui coule sur les plumes d’un canard. « Le molosse, a écrit l’écrivain, ne change pas sa manière éhontée de s’asseoir » et l’on pourrait penser de même pour les acteurs de la corruption au Burkina Faso, qui semblent se complaire d’année en année dans leur posture. Il y a donc lieu que les décideurs publics se résolvent à secouer le cocotier pour qu’en tombent les fruits pourris qui, si l’on n’y prend garde, risquent de gangrener les autres. A l’avant-veille de la campagne électorale, la parution du rapport annuel du REN-LAC sur l’état de la corruption au Burkina Faso, devrait inspirer plus d’un sur la liste des candidats qui aspirent à la magistrature suprême dans notre pays. Mais que peut-on véritablement attendre en la matière, des leaders politiques, quand on sait que la corruption électorale est l’un de leurs sports favoris et que le pouvoir, pour eux, n’est qu’un marchepied vers les richesses de l’Etat ?

 

Sidzabda  

 

 


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