REGULATION DES NAISSANCES  : Planifiez, planifiez, prenez de la peine !  

Je suis tombé des nues hier midi. Un instant d’absence m’a valu de perdre ma place

dans un coin du restaurant où certains clients daignent me donner à manger.  Une place perdue au profit d’une dame et sa kyrielle d’enfants. Quand j’ai voulu me plaindre, cette dernière m’a fait comprendre qu’elle et son époux n’avaient pas les moyens de nourrir leurs rejetons, raison pour laquelle elle mendie. Et elle n’a trouvé autre lieu que ma place pour le faire. Je suis resté sans voix, me demandant si elle était obligée de faire des enfants alors qu’elle sait très bien qu’elle n’a pas les moyens de s’en occuper. Donner la vie, c’est bien ! Mais si c’est pour faire des malheureux, à quoi bon ?

Du temps de nos grands-parents et en remontant plus loin dans le temps, cela pouvait se comprendre. Je sais par exemple qu’en milieu rural, plus la famille était élargie, plus les champs étaient grands, parce qu’il y avait du monde pour s’en occuper. Et ma foi, on était considéré dans la société !

 Et puis, en ce temps-là, la vie n’était pas aussi dure que maintenant et les ressources étaient plus abondantes.

Si fait que les grands-parents aimaient à dire que c’est Dieu qui donne les enfants, de même que les moyens pour les nourrir. Mais ce temps est bien révolu !

De nos jours, il serait dangereux d’avoir une  telle conception. Faire beaucoup d’enfants sans avoir les moyens de les prendre en charge revient, en milieu urbain, à les mettre à disposition… de la rue. Bandits de grands chemins, escrocs, voleurs,  bref, ce sont les métiers qu’ils vont exercer.

Et puis, il y a que faire beaucoup d’enfants est dangereux aussi bien pour la santé de la mère que pour celle des enfants eux-mêmes. Même si je suis fou et que je n’ai pas d’enfants à ma charge, je sais que des accouchements qui s’enchaînent, fragilisent la santé de nos bonnes mamans. Et je n’apprends rien à personne en disant qu’ accoucher, sous nos cieux, présente déjà des risques, a fortiori quand l’expérience est maintes fois répétée.

 

Il faut mettre fin  à la logique de la  marmaille

 

Malgré les campagnes tous azimuts du gouvernement pour la planification familiale, je me demande pourquoi certains parents restent sourds à son message. Les raisons que ces derniers avancent pour ne pas planifier leur famille, sont nombreuses et, pour certaines, farfelues. Pour certains, ce sont les Blancs qui veulent nous empêcher de nous multiplier pour qu’on ne les envahisse pas. D’autres  se demandent pourquoi il faut contrôler les naissances puisque… c’est Dieu qui donne ! Soyons sérieux ! Ne serait-ce que pour une adéquation entre les ressources que la terre peut nous offrir et le nombre de personnes à nourrir, réguler les naissances ne devrait même pas souffrir de débat. J’ai d’ailleurs lu sur un bout de journal que j’ai ramassé, que le 19 août passé, la planète a officiellement épuisé les ressources que la terre peut produire en une année. A cette allure, où allons-nous ? Cela m’a laissé pensif. Je me suis demandé combien en sont conscients  au Burkina Faso.

Dans les villes, les populations réalisent de plus en plus qu’avoir plus de 3 enfants,  c’est se créer soi-même des problèmes quand on n’a pas les moyens de s’en occuper. Il faut les  nourrir, les soigner, les inscrire à l’école et j’en passe.

Il est vrai qu’en milieu rural, les choses paraissent moins compliquées. Si bien que se procurer les méthodes contraceptives,  c’est loin d’être le souci de mes cousins restés au village. Les nuits “bunga bunga”, sans crainte d’allonger la liste de la progéniture, ça les connaît !  Pas certain que bon nombre d’entre eux pigent un traître mot de la question de la planification familiale.  Leur dire d’adopter des méthodes  contraceptives, cela ne paraîtrait pas évident pour tout le monde, surtout qu’il faut acheter  ces moyens contraceptifs.  J’en connais qui préfèreraient plutôt investir leurs petits sous dans le tchapalo  (bière locale à base de mil) !

Mais moi, Le Fou, je le dis et proclame :  il faut mettre fin  à la logique de la  marmaille. Planifiez, planifiez, prenez de la peine !

Mais j’ai aussi un mot à dire au ministère de la Santé, même si je mesure les efforts qu’il a faits jusque-là : il faut qu’il travaille davantage sur l’information, l’éducation et la sensibilisation, pour amener encore plus de gens à changer de comportement et   à réguler les naissances.

 

« Le fou »