HomeA la uneREPRISE DE GAMBARU PAR BOKO HARAM : Quand Goodluck joue la carte du pourrissement

REPRISE DE GAMBARU PAR BOKO HARAM : Quand Goodluck joue la carte du pourrissement


La vaillante armée tchadienne avait, on s’en souvient, libéré la ville nigériane de Gambaru, des griffes de Boko Haram. Mais le contingent de Deby a dû quitter la zone à la demande du Nigeria, avec l’engagement de ce dernier à sécuriser militairement la ville. Contre toute attente, l’armée de Goodluck n’a pas daigné réinvestir la localité. Et comme la nature a horreur du vide, les djihadistes de Boko Haram y ont repris pied et s’y  livrent à nouveau à leur sport favori, c’est-à-dire, des exactions et massacres de populations. Entre mercredi et jeudi  derniers par exemple, ils ont donné la mort à onze personnes. Et le pire est à redouter puisqu’ils n’ont en face, personne pour les contrarier. Sacré Goodluck ! Que veut-il finalement ? Pourrait-on s’interroger tout en s’indignant. En effet, non seulement il est incapable de desserrer l’étau des djihadistes autour de  Gambaru, laissant le soin aux autres de le faire à sa place, mais aussi il pousse l’irresponsabilité à son comble, une fois la localité libérée, en la livrant à nouveau aux barbus de Shekau. Cela est d’autant plus révoltant que c’est à sa demande que les Tchadiens avaient quitté la ville. Si ce scénario devait se répéter à propos des autres localités nigérianes que les troupes tchadiennes et nigériennes sont en train de débarrasser de la férule de Boko Haram,  l’on courrait le risque d’assister à une situation surréaliste qui contraindrait les libérateurs venus des pays voisins à tirer tous les enseignements de leur collaboration avec l’armée du Nigeria.

Et l’enseignement le plus sage pour eux, serait de faire leur paquetage et de quitter le Nigeria pour ne pas sacrifier inutilement leurs soldats pour un pays dont les responsables donnent l’impression que Boko Haram est le cadet de leurs soucis. Cette attitude, on ne peut plus kafkaïenne de Goodluck dans sa gestion du dossier de Boko Haram, pourrait s’expliquer de deux façons.

L’indolence de Goodluck est une sorte d’arme politique

D’abord, l’on pourrait l’expliquer par un dysfonctionnement de la chaîne de commandement de l’armée fédérale, si fait que les consignes formulées par Goodluck en sa qualité de chef suprême des armées,  ne sont jamais observées par les militaires qui sont déployés sur le terrain. L’on peut ajouter à cela le fait que l’armée nigériane a, en son sein, des éléments qui sont de connivence avec Boko Haram et qui font par conséquent tout pour saper le moral de leurs frères d’arme, et les encourager à prendre la poudre d’escampette au moindre coup de feu de Boko Haram.

La deuxième explication que l’on pourrait apporter à l’attitude de Goodluck face à Boko Haram, est que le président nigérian donne l’impression de jouer la carte du pourrissement. En effet, pour des raisons qui pourraient être d’ordre électoraliste, celui-ci pourrait avoir intérêt à ce que les localités contrôlées par les djihadistes restent en l’état. Cette situation, de toute évidence, jouera négativement sur le taux de participation des populations, insécurité oblige, à la présidentielle à venir. Cette hypothèse se défend d’autant plus que l’électorat des zones affectées et infestées par Boko Harkm est favorable à son rival à la présidentielle. Si ces zones étaient situées dans la partie Sud du pays, fief électoral de Goodluck, l’on peut parier qu’il se serait pris autrement avec Boko Haram. L’indolence donc de Goodluck est une sorte d’arme politique pour dissuader les populations du Nord-est du pays, à prendre part massivement au scrutin. En tous les cas, Goodluck a énormément failli en tant que premier responsable du Nigeria, dans sa gestion de la question de Boko Haram. Vouloir en rajouter en sollicitant de ses compatriotes un mandat de plus, peut s’apparenter à un crime prémédité. Certes, la situation chaotique que vit le Nigeria aujourd’hui, Goodluck en porte la plus grande responsabilité. Mais l’on pourrait aussi pointer du doigt la classe politique dans son ensemble et surtout la société civile. En effet, tous ces acteurs semblent ne pas faire de la résolution de la problématique de Boko Haram, une réelle préoccupation, laissant de ce fait  Goodluck se démener seul comme un beau diable face aux hommes de Shekau. En somme, devant le phénomène Boko Haram, l’on peut faire le constat d’une démission collective de la nation nigériane. Et cette démission collective peut s’observer depuis le début de la crise.

Certes, les troupes tchadiennes sont revenues à Gambaru pour rattraper la faute de Goodluck, mais tant que tout le Nigeria ne va pas se réveiller pour apporter la réplique qu’il faut à Boko Haram, les Tchadiens, malgré leur témérité et leur maîtrise de l’art de la guerre, risquent de s’embourber au Nigeria.

Le réveil de tout le Nigeria est d’autant plus impératif qu’avec l’allégeance de Boko Haram à l’Etat islamique, les choses vont devenir plus sérieuses. Car, c’est l’existence du Nigeria en tant qu’Etat qui pourrait être définitivement remise en cause avec cette nouvelle donne.

Pousdem PICKOU


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