HomeLa chronique du fouRETARDS REPETES DANS L’EXECUTION DES TRAVAUX PUBLICS Et si le Premier ministre arrêtait ses menaces ?

RETARDS REPETES DANS L’EXECUTION DES TRAVAUX PUBLICS Et si le Premier ministre arrêtait ses menaces ?


Le mardi soir dernier, je rasais comme d’habitude les murs à la recherche de ma pitance du jour, lorsqu’entre-temps, j’ai pu m’introduire discrètement dans un maquis-resto de la place. Assis dans un angle mort, de peur d’attirer l’attention des maîtres des lieux sur ma personne, je suivais calmement le journal télévisé de 20h. Et c’est sur ces entrefaites que j’ai entendu le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, à l’issue d’une visite effectuée sur le chantier de construction de l’hôtel administratif de Ouagadougou, remonter les bretelles à l’entrepreneur pour le retard accusé dans l’exécution des travaux. Entre la première visite du chef du gouvernement, qui date du 11 mars dernier et celle du 22 avril, les travaux n’ont connu aucune avancée notable, seulement 2% d’avancée selon les propres termes du P.M. . Tout se passe comme si l’entrepreneur avait décidé d’en faire à sa tête. Pourtant, on se rappelle que le Premier ministre, qui n’est pas à sa première déception en termes de retard dans l’exécution des marchés publics, avait menacé de sanctionner tous les entrepreneurs défaillants. Cette fois-ci encore, pris de colère, il a répété la même chose, allant jusqu’à annoncer qu’une correspondance sera adressée aux entrepreneurs épinglés, leur précisant ce qui doit être fait d’ici les prochaines visites. Avait-on besoin de tout ce folklore ? Non ! Evidemment, non ! En tant que Premier ministre, plutôt que de passer le temps à parler, Luc Adolphe Tiao se devrait de passer aux actes.
Cela aurait eu l’avantage de dissuader tous les autres apprentis sorciers. Mais à force de parler sans rien faire, le Premier ministre finira par devenir lui-même inaudible. Si bien qu’au final, ses menaces ne feront peur à personne, ce qui est tout de même dangereux pour une autorité de son envergure. Pour moi, il est temps de sévir. Et si le Premier ministre n’est pas capable de passer à l’acte, il ferait maintenant mieux d’arrêter de proférer des menaces sans effet. On l’a trop vu et entendu sur les chantiers, mais visiblement rien n’a changé. On a parfois l’impression que certains entrepreneurs n’ont plus peur de lui, convaincus qu’il ne peut rien leur faire. Ces gens-là le regardent faire, tout en sachant que ses menaces n’iront pas bien loin. C’est ça le Burkina ! Comme s’il y a des gens qui sont plus forts que l’autorité. En fait, il ne pouvait en être autrement, quand on sait la collusion qu’il y a entre le politique et l’économique dans ce pays. Peut-être même que les entreprises que le Premier ministre menace de sanctionner appartiennent encore aux gens du pouvoir via le système des prête-noms, devenu la mode depuis un certain temps.
C’est ceci donc qui explique cela. Mais je pense que pour le respect de sa propre personne et pour préserver sa propre image, le Premier ministre gagnerait à arrêter ses visites tous azimuts sur les chantiers. Je pense, et cela n’a rien de fou, qu’il serait mieux indiqué pour lui d’y envoyer ses conseillers, inspecteurs, et autres missi dominici.
A défaut, qu’il laisse la tâche aux ministres concernés : celui de l’Habitat et son collègue des Infrastructures. Cela aura l’avantage de le mettre à l’abri de cette forme d’humiliation qui ne dit pas son nom. Du reste, je l’avais déjà dit. Mais personne ne m’a écouté parce qu’on a estimé que ce sont des propos de fou. Il faut lancer un appel d’offres où les fous que nous sommes pourront aussi postuler. Car, je vous le dis, en vérité, il y a beaucoup plus de compétences parmi nous que vous autres qui vous croyez lucides. C’est cela aussi l’équité entre les citoyens. Et c’est en encourageant l’excellence que nous pourrons un jour prétendre à l’émergence. A bon entendeur…

“Le Fou”


No Comments

Leave A Comment