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RETOUR  AUDACIEUX DE BOBI WINE EN OUGANDA


 L’opposant se sent-il une âme de martyr ?

Après deux semaines de séjour au pays de l’Oncle Sam, l’opposant ougandais Bobi Wine avait déjà la nostalgie de sa terre natale et a donc décidé de regagner son pays, hier, 20 septembre 2018. Or, il y était pour se soigner après avoir été battu et torturé par l’Armée ouagandaise. Et comme il fallait s’y attendre, il a été cueilli dès son arrivée à l’aéroport international d’Entebbe par la Police et  conduit dans un commissariat avant d’être escorté à son domicile. Pouvait-il en être autrement quand on sait que le pouvoir de Museveni cherche coûte que coûte à faire taire cet opposant? En attendant de voir l’évolution de la situation, l’on peut, d’ores et déjà, affirmer que le parlementaire de l’opposition ougandaise a fait preuve de courage en revenant au bercail. D’abord, l’homme est en liberté sous caution, après avoir été accusé de trahison au lendemain d’une prétendue lapidation du convoi du prince régnant, Yoweri Museveni. Ensuite, la Police avait annoncé la couleur en prévenant que tout rassemblement de bienvenue pour Bobi Wine serait illégal et n’avait autorisé que sa seule famille à l’accueillir à son arrivée. Autant de signes qui montrent à souhait que le pouvoir de Museveni ne veut pas lâcher sa proie.  Bobi Wine est certes un jeune fougueux qui ne recule pas devant le danger, mais est–ce suffisant pour le protéger contre le pouvoir en place?

La réponse est assurément non. Museveni qui dirige son pays d’une main de fer depuis plus d’un quart de siècle, n’est pas un enfant de chœur. Et Bobi Wine le sait bien. Il est d’autant plus conscient des risques liés au retour dans son pays qu’il n’avait pas hésité à lancer cette phrase : « Je pourrais aller en prison, je risque d’être pendu, mais je pourrais aussi être assassiné ».

Il peut paraître suicidaire de jouer au héros

C’est donc peu dire qu’il a fait preuve d’audace en mettant les pieds dans la bananeraie de Museveni. Bobi Wine se sent-il une âme de martyr? Bien malin qui saura répondre à cette question. C’est vrai que Bobi Wine n’est pas Kizza Besigye, l’autre poil à gratter de Museveni dont le second domicile n’est autre que la prison. Bobi Wine est une star de la « pop music » ougandaise et de ce fait, il est beaucoup adulé par la jeunesse qui le soutient à chaque fois qu’il a maille à partir avec le régime dictatorial de Museveni. On se rappelle que lorsqu’il avait été arrêté pour possession illégale d’arme, il y a eu une levée de boucliers pour réclamer sa libération. En plus des citoyens ordinaires, des artistes de renommée internationale de plusieurs pays avaient donné de la voix. Mais, il  doit se rendre à l’évidence qu’il prend beaucoup de risques en se positionnant comme le plus virulent détracteur de Yoweri Museveni. L’homme agit sans état d’âme et toute personne qui  ose s’opposer à lui, ne peut que subir ses foudres. A dire vrai, la meilleure chose  qui pouvait arriver à Bobi Wine n’était autre que le traitement qui lui a été

réservé. Les propos durs qu’il a tenus aux Etats-Unis à l’endroit du pouvoir ne pouvant qu’être considérés par Museveni comme un affront. Si Bobi Wine s’était tenu à carreau, peut-être que le cœur du dictateur se serait un peu attendri et rien de tout cela ne lui serait arrivé. Les dictateurs abhorrent les critiques et continuer à critiquer malgré le traitement spécial qui avait été réservé à l’artiste, peut être perçu comme un pied de nez fait à Yoweri Museveni. Il est certes juste et bon de défendre la démocratie, mais face aux grands prédateurs des droits de l’Homme comme Museveni, il peut paraître suicidaire de jouer au héros. Ce d’autant plus que le peuple ougandais semble se résigner. Il n’est pas sûr que s’il avait été envoyé ad patres, le peuple se serait mobilisé comme un seul homme pour le pleurer. En tout cas, les Occidentaux ne le feraient pas car, Museveni est le chouchou des Américains et ce, à cause du rôle géostratégique qu’il joue dans les grands lacs. C’est pour cela d’ailleurs qu’en dépit du fait qu’il  est en train de préparer son fils pour lui succéder, les Yankees n’en pipent mot. Maintenant que Bobi Wine a regagné son pays bien aimé, que va-t-il faire? Fera-t-il profil bas ou va-t-il continuer son combat? On attend de voir.

Dabadi ZOUMBARA


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