HomeA la uneREVISION DU CODE ELECTORAL : La réaction d’Hommes politiques et de syndicalistes

REVISION DU CODE ELECTORAL : La réaction d’Hommes politiques et de syndicalistes


Les députés du Conseil national de la transition (CNT) ont adopté la loi portant modification du Code électoral, le 7 avril 2015. Cette loi est diversement appréciée par la population burkinabè. Pendant que certains la trouvent opportune et même très attendue, d’autres par contre la taxent de loi qui fait la promotion de l’exclusion. Nous avons tendu notre micro à certains Hommes politiques et à des syndicalistes, le 8 avril 2015.

Me Bénéwendé Sankara, président de l’UNIR/ PS

« La disposition qui fait gorge chaude est une disposition que l’ancien régime, c’est-à-dire le régime de Blaise Compaoré, a ratifiée »

« La relecture du Code électoral est une bonne chose. Nous avons déploré les échauffourées inutiles qui dénotent une excitation fébrile. Parce que tout simplement des gens, de mon point de vue, ne s’accommodent pas avec les valeurs de la démocratie. Ce qui justifie qu’on avait raison de faire une insurrection populaire. La Charte de la transition est très claire parce qu’il faut désormais construire un nouvel Etat démocratique, fondé sur les valeurs intrinsèques de la démocratie. Comment comprendre qu’un parti comme le CDP qui a géré le pouvoir pendant des décennies avec ses variantes comme la NAFA, appellent ses militants à descendre sur le CNT pour un débat sur le Code électoral, quand on sait que les mêmes ont modifié à des dizaines de fois la loi électorale ? La disposition qui fait des gorges chaudes est une disposition que l’ancien régime, c’est-à-dire le régime de Blaise Compaoré, a ratifiée. C’est vouloir une chose et son contraire. Le CNT a simplement internalisé une disposition supranationale que le Burkina Faso a ratifiée, à savoir la Charte de l’Union africaine et la Charte de la CEDEAO. Ce sont ces dispositions qui prévoient d’exclure toute personne qui a eu un comportement crapuleux tendant à remettre en cause le principe de l’alternance démocratique. Dans un Code électoral, il y a toujours des incompatibilités. Moi-même, j’ai été victime d’une incompatibilité. Quand j’ai été élu, j’ai dû abandonner mon cabinet. Je ne pense pas qu’on a raison d’appeler à manifester pour cela. Cette relecture est opportune parce que nous sommes tenus par des délais. Autant nous dénonçons les modifications tardives qui sont contraires à la Charte de l’Union africaine, autant il faut le faire à temps pour permettre aux acteurs de se préparer. Je ne suis pas d’accord avec toutes les dispositions du Code électoral mais dès lors que ça devient une loi, en bon républicain, on assume et on lutte dans la légalité pour obtenir le changement de ce code-là. C’est ce que nous avons fait pendant des années. »

                                                  Séni Sana, Coordonnateur national de Novox Afrique

                                                            « La relecture du Code électoral était nécessaire »

« La relecture du Code électoral était nécessaire et capitale. Depuis fort longtemps, nous avons demandé à ce qu’il y ait une relecture du Code électoral. Nous pensons que tous ceux qui ont participé activement à la modification de l’article 37 de la Constitution, tous ceux qui l’ont soutenue doivent être mis à l’écart pour cette élection de 2015. Nous ne disons pas de les mettre à l’écart définitivement, car ce sont des Burkinabè. Ils peuvent, dans l’avenir, se représenter. Pourquoi insistaient-ils pour la modification de l’article 37 de la Constitution ? »

Augustin Blaise Hien, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina

« Cette relecture est une volonté du peuple, étant entendu que le CNT est une émanation de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 »

« La révision du Code électoral est une question que nous nous gardons de commenter. C’est le CNT qui a voté cette loi, lequel CNT est une émanation de l’insurrection populaire. Nous prenons acte si cela peut apporter la paix au Burkina Faso, afin qu’il soit épargné des dures épreuves que les dignitaires du régime déchu ont fait subir aux travailleurs. Mon souhait est que les élections à venir soient transparentes, des élections qui permettront véritablement au peuple burkinabè de choisir les personnes capables et dignes de conduire le Burkina Faso vers un développement intégré, vers une prise en compte intégrale des préoccupations des travailleurs. Cette relecture est la volonté du peuple, étant entendu que le CNT est une émanation de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. »

              Guy Olivier Ouédraogo, secrétaire général de la Confédération syndicale burkinabè

    « Je pense qu’il y a effectivement des personnes qui n’ont pas le droit de se présenter aux prochaines élections »

« Comme la majorité des citoyens burkinabè, nous avons appris ce qui a été arrêté par le Conseil national de la transition. Pour moi, l’article qui a été indexé pour fonder certaines choses risque de porter polémique. Je ne suis pas juriste mais cela risque de porter polémique. Je pense qu’il y a effectivement des personnes qui n’ont pas le droit de se présenter aux prochaines élections, mais j’aurais préféré qu’elles soient écartées par la voie judiciaire. Pour moi, l’admission des candidatures indépendantes est une bonne chose. Mais c’est aussi une question de moyens et d’organisation. Pourvu que ça n’ajoute pas à la confusion pour notre jeune démocratie. »

Léonce Koné, président du Directoire du CDP

                                                            « Cette relecture est contraire à la Constitution »

« Je vois la relecture du Code électoral comme un recul de la démocratie, comme une décision qui est contraire à la Constitution, qui est contraire à l’effet d’inclusion. Elle est inopportune. Ce n’est pas cela qui va favoriser le retour à une vraie démocratie qui est par définition la participation de toutes les forces politiques aux élections. Deuxièmement, ce n’est pas favorable à l’esprit de réconciliation qui doit gouverner tout le processus électoral et tout le processus politique au Burkina Faso. Ce n’est pas non plus favorable à la consolidation de la cohésion sociale et de l’unité nationale. Ce n’est pas favorable à la stabilité des institutions du Burkina Faso. Cette relecture est contraire à la Constitution. La Constitution reconnaît à tous les citoyens burkinabè les mêmes droits, le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat. J’en appelle à toutes les femmes et à tous les hommes de bonne foi au Burkina Faso, pour aider à ce qu’un meilleur climat dans la gestion des affaires politiques au Burkina Faso soit instauré. Un climat de tolérance mutuelle, un climat de démocratie, un climat qui permet de renforcer le vivre-ensemble au Burkina Faso. Je souhaite que nous puissions mettre un terme à cette atmosphère de haine, de revanche qui semble être la ligne directrice de la Transition. »

Propos recueillis et retranscrits par Issa SIGUIRE


Comments
  • vox populi vox reis c est la volonte populaire

    10 avril 2015

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