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 SESSION EXTRAORDINAIRE DU PARLEMENT IVOIRIEN


Soro sera-t-il mangé à la sauce ADO ?

« Guillaume Soro démissionnera en février, c’est entendu, c’est réglé ». Ainsi s’exprimait le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux de nouvel an, le 28 janvier dernier, devant la presse nationale et internationale. Moins de deux semaines après ces propos du chef de l’Etat, l’Assemblée nationale est convoquée en session extraordinaire ce vendredi 8 février 2019, sans que l’objet en soit précisé. Il n’en fallait pas plus pour que d’aucuns voient en la convocation de cette session extraordinaire du parlement ivoirien, une étape vers la traduction en actes, des propos du chef de l’Etat. D’autant plus que depuis plusieurs mois, le fossé s’est creusé entre lui et celui qui passait jusque-là pour son protégé.

 

La relation entre les deux hommes est au stade du divorce

 

L’enfant de Kong ne supportant plus les caprices du député de Ferkéssédougou qui rechigne à adhérer à son nouveau parti politique, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dont il a boycotté l’assemblée générale constitutive en juillet 2018 et le congrès constitutif en fin janvier dernier. Au point qu’aujourd’hui, plus que d’une séparation de corps, tout porte à croire que la relation entre les deux hommes est au stade du divorce. Et le chef de l’Etat ivoirien semble pressé de tirer l’affaire au clair là où son ex-filleul semble prendre un malin plaisir à faire durer le suspense. Alors, question : Soro sera-t-il mangé ce vendredi à la sauce ADO ?

En tout cas, son sort semble scellé. Et tout porte à croire que c’est un Alassane Ouattara plutôt contrarié par les tergiversations de son filleul, qui est décidé à avoir le scalp de son désormais incommodant chef du parlement. Et le plus tôt, semblerait le mieux pour lui, d’autant que certaines sources bien introduites affirment que le chef de l’Etat ivoirien souhaitait voir son « indiscipliné » patron du perchoir, larguer les amarres au plus tôt, avant de s’envoler pour le prochain sommet de l’Union africaine (UA) qui s’ouvre dans deux jours dans la capitale éthiopienne. Mais Soro semble vouloir faire les choses selon son propre calendrier. Ceci expliquerait-il donc cela ? En tout cas, cette session extraordinaire qui est convoquée en l’absence du patron du perchoir, suscite de nombreuses interrogations. Surtout si la question de sa démission devait s’inscrire à l’ordre du jour. Quel pourrait alors en être le scénario ? Une démission ou une destitution ? Quoi qu’il en soit, loin d’être un hasard de calendrier, l’absence de l’intéressé, à ce moment précis, de la Côte d’Ivoire, semble calculée. A quelles fins ? Bien malin qui saurait répondre à une telle question. Car, si l’homme a levé le voile sur la question de sa candidature à la présidentielle de 2020, il semble vouloir cacher son jeu par rapport à la stratégie pour parvenir à ses fins. Et

rien ne dit que son absence à dessein de cette session extraordinaire de l’Assemblée nationale, ne participe pas d’une stratégie de victimisation au cas où il serait débarqué.

En tout état de cause, tout semble indiquer que la rupture entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro est désormais inévitable.

 

Alassane Ouattara a dressé la table pour savourer du Soro à la sauce agouti

 

 

La question que l’on pourrait se poser est la suivante : quel impact cela pourrait-il avoir sur la réconciliation nationale qui est déjà mal en point en Côte d’Ivoire ? Pour sûr, l’on peut s’attendre à une exacerbation des tensions voire une radicalisation des positions de part et d’autre, avec les rancœurs et autres frustrations qui sont généralement le corollaire de séparations brusques et brutales. Tout le contraire de ce qu’on pouvait attendre d’une séparation à l’amiable et en douceur.

En tout état de cause, ce qui se passe aujourd’hui entre Ouattara et Soro, est la preuve qu’en politique, rien n’est jamais définitivement acquis. Pire, les inséparables amis d’hier peuvent devenir les ennemis jurés d’aujourd’hui. Et dans le cas d’espèce, point n’est besoin de s’étendre sur le rôle qu’a joué l’ancien chef rebelle dans l’accession au pouvoir de l’actuel président ivoirien. Mais, tout cela n’est finalement pas pour arranger l’image d’Alassane Ouattara qui, après sa passe d’armes avec Laurent Gbagbo, qui s’est terminée dans les conditions que l’on sait, a réussi à se mettre à dos son ex-allié, Henri Konan Bédié, avant de dresser la table pour savourer du Soro à la sauce agouti. En tout cas, force est de constater que le chef de l’Etat ivoirien a réussi à faire le ménage, sinon le vide autour de lui et il appartient désormais à l’histoire d’en juger, dans la perspective de la présidentielle de 2020 qui cristallise déjà toutes les attentions et promet des étincelles sur les bords de la lagune Ebrié. Surtout avec l’acquittement, par la Cour pénale internationale (CPI), d’un Laurent Gbagbo dont le retour pourrait brouiller davantage les cartes, au moment où le divorce est consommé entre ses tombeurs d’hier qui se regardent aujourd’hui en chiens de faïence.

 

« Le Pays »

 


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