HomeA la uneSOUGRINOMA BRUNO DIPAMA, EX-DIRCAB DE SALIFOU DIALLO, A PROPOS DES ELECTIONS

SOUGRINOMA BRUNO DIPAMA, EX-DIRCAB DE SALIFOU DIALLO, A PROPOS DES ELECTIONS


Il s’appelle Sougrinoma Bruno Dipama. Juriste gestionnaire de formation, il a été le directeur de cabinet de l’ex-président de l’Assemblée nationale, feu Salifou Diallo. Actuellement membre du Bureau politique national du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), l’homme ne cache pas ses ambitions politiques. Il est l’invité de votre rubrique « Mardi Politique » du jour.

« Le Pays » : Pouvez-vous nous retracer brièvement votre parcours professionnel ?

Je suis Sougrinoma Bruno Dipama à l’Etat civil, juriste gestionnaire de formation. Mais au-delà de ça, je suis un véritable touche-à-tout, c’est-à-dire que je suis d’autres cursus et d’autres formations car pour moi, nous sommes à une époque où nous devons nous former continuellement. Ce qui m’amène à me nourrir sans cesse des expériences et des meilleures pratiques. Je suis à la recherche permanente de la perfection et j’œuvre au quotidien pour l’éclosion et la mise en valeur des idées innovantes qui favorisent le développement durable de nos sociétés. Vous savez que les enjeux du monde actuel et les mutations en cours dans nos sociétés, nous commandent d’avoir ce que j’appelle des leaders dont le profil vire à 360°, capables d’apporter des réponses appropriées en tout temps face à n’importe quelle situation. Ceux-là ont un savoir profane dans de nombreux domaines. Le savoir profane, c’est l’ensemble des outils et éléments de base pour comprendre un domaine, ce qui est différent du savoir expert.  Actuellement, je suis le Directeur général du Fonds permanent pour le développement des collectivités territoriales (FPDCT) et membre du Bureau politique national du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

Vous êtes consultant. Vous faites quoi exactement ?

Je fais tout ce qui est étude. Tout ce qui est management et stratégie, c’est mon domaine.

De consultant à directeur dans l’administration publique, comment arrivez-vous à vous adapter à cette situation ?

Il faut dire qu’on est dans l’administration pour aider à la construction de notre patrie qui nous a vu naître, que nous aimons tant et que nous voulons voir placée parmi les nations les plus respectées de ce monde. C’est pourquoi nous essayons aussi d’évoluer dans l’administration dès qu’elle nous fait appel. Le métier de consultant fait gagner beaucoup d’argent, mais il faut aussi penser à servir son pays.

Vous n’êtes plus consultant. Est-ce à dire que vous avez perdu beaucoup d’argent ou en vous avez-vous gagné ?

On a tout le temps pour faire de la consultance chaque fois qu’on est sollicité et je dois également dire qu’on a très souvent l’opportunité d’être approché par certains cabinets qui ont besoin de certaines expertises concernant tel ou tel domaine.

Pourquoi avoir quitté l’Assemblée nationale pour le FPDCT ?

J’ai parlé de servir mon pays. Je suis comme un soldat en mission et si on pense que ma mission au niveau de l’Assemblée s’achève, et que je suis appelé à une autre mission, je dois me rendre disponible et c’est pour cela qu’on m’a fait appel pour conduire le FPDCT. Bien que j’ai beaucoup apprécié et apprécie beaucoup le travail parlementaire, j’ai voulu vivre une autre expérience en acceptant de prendre les destinées de cet instrument important de financement des collectivités territoriales, qu’est le FPDCT.

Si Salifou Diallo était toujours en vie, auriez-vous quitté l’Assemblée nationale ?

J’étais d’abord Chef de cabinet du Dr Salifou Diallo alors qu’il était directeur national de la campagne du MPP pour les élections présidentielle et législatives du 29 novembre 2015. Quand nous avons eu une campagne couronnée par la victoire de notre candidat à l’élection présidentielle et les postes de 55 députés pour le MPP, il m’a posé les questions suivantes : « maintenant, que veux-tu faire ? où veux-tu aller ? ». Je lui ai dit que je veux toujours le suivre pour apprendre car pour mon éducation idéologique, ma formation civique et politique, mon instruction pour bien comprendre les rouages de la politique, je dois plus que jamais me coller à lui. Il a proposé de me nommer directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale en me disant ceci : « je ne sais pas combien gagne un directeur de cabinet et cela sera à ta convenance ». Et moi, je lui ai dit que ce n’est pas ce que je gagne en terme de traitement et salaire qui m’intéresse, mais plutôt ce que je gagne en terme d’expérience et de connaissances et ça, c’est plus que l’or et l’argent. Le Dr Salifou DIALLO a tiré sa révérence en août 2017 et je suis resté jusqu’en décembre 2018 au poste de directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, El Hadj Alassane Bala Sakandé aux côtés duquel j’ai énormément appris également.

Quel est le rôle exact d’un directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale ?

Le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, joue un rôle politique et un rôle administratif au sein de l’institution parlementaire. Politique parce qu’il est l’interface entre le président de l’Assemblée nationale et les députés des groupes parlementaires. A ce titre, il est en contact permanent avec les députés de plusieurs obédiences politiques. Administratif parce qu’il est aussi l’interface entre le président de l’Assemblée nationale et l’administration parlementaire. Tous les dossiers qui viennent au cabinet, il est censé avoir un regard, produire des notes avant qu’ils n’atterrissent sur la table du président de l’Assemblée nationale. 

C’est également lui qui tient les mallettes n’est-ce pas ?

Je n’en ai pas tenu quand j’étais au parlement.

Que retenez-vous de Salifou Diallo en tant que mentor politique ?

Le Dr Salifou DIALLO était pour moi un père, un mentor, un guide. Ce que je retiens de lui, c’est un homme de vision, pragmatique, efficace, qui avait l’intelligence des faits, ce qui fait qu’il avait toujours une longueur d’avance sur les autres. C’était un modèle d’engagement politique, d’audace et de sacrifices. Il avait la main sur le cœur. Le DR Salifou Diallo avait aussi ce don d’être comme un entraîneur recruteur de talents, qui dénichait à chaque fois des jeunes pleins de talents et de compétences.

Comment s’est passée votre rencontre ?

Avant d’être son chef de cabinet, je connaissais l’homme depuis ma tendre enfance. Ma grande famille est à Ouidi et lui également a vécu à Ouidi. Par la suite, compte tenu des occupations de l’homme, on ne se frottait pas trop, mais l’occasion nous a été donnée de nous retrouver en 2014 au sein du MPP.

Vous avez une jeune carrière politique? N’est-ce pas ?

C’est ce que vous croyez. Auparavant, nous étions toujours à côté pour accompagner les structures d’élèves et d’étudiants. Mais c’est avec le MPP qu’on est beaucoup plus mis en exergue. Donc, je dois dire que l’avènement du MPP, nous a inspiré un type d’engagement politique qui est celui de travailler pour véritablement faire de notre pays, un pays démocratique, un pays de liberté où il fait bon vivre.

Vous êtes là pour servir ou pour vous servir ?

On dit que le pouvoir et les fonctions ne changent pas l’homme mais révèle sa vraie nature. Si tu étais apte à rendre service dans la vie, n’importe où que tu seras à n’importe quel niveau, tu vas toujours servir. Pour tous ceux qui me connaissent, ils savent qu’en politique comme dans la vie je n’ai qu’un seul leitmotiv, c’est de servir et de contribuer à apporter une solution à chaque problème qui m’est soumis. Je ne peux certes pas résoudre tous les problèmes mais en attendant de trouver la solution au problème, je dois avoir une parole d’espoir, de réconfort, d’encouragement et de fortification pour quiconque vient vers moi avec son problème, quel que soit son âge, son genre, sa religion, son ethnie.  Quand tu occupes certaines fonctions, il est difficile de convaincre les gens que tu n’es pas là pour te servir mais pour servir. C’est ton mode de management, de gouvernance et de gestion qui convaincront les gens que tu es là pour servir. Où que nous soyons, à quelque niveau que nous soyons, nous devons toujours servir et cultiver les valeurs de partage, d’entraide et de solidarité jusqu’à la fin de notre vie.

Il est tout de même difficile de convaincre les gens qu’on n’est pas là pour se servir !

On n’a pas besoin d’être à un poste pour convaincre les gens qu’on est là pour servir. Ceux qui vous connaissent depuis, peuvent témoigner de quel type de personne vous êtes. Et ce n’est pas parce que, non plus, on est arrivé à une certaine fonction, qu’on peut dire qu’on est un homme apte à servir son peuple. Où que nous soyons, à quelque niveau que nous soyons, nous devons toujours servir.

Il y a beaucoup qui pensent que faire la politique, c’est pour des raisons matérielles ou financières. Qu’en dites-vous ?

C’est vraiment dommage, car la politique, c’est la forme suprême de la charité. Quand on a des idées, c’est toujours bien de s’engager en politique. Pour ceux qui connaissent la politique et qui la font sous sa forme noble, ce ne sont pas des personnes qui peuvent s’enrichir car on est toujours amené à s’occuper des problèmes des autres.

Quel est votre rôle au sein du MPP ?

Comme je l’ai dit, je suis membre du Bureau politique national du MPP et à chaque fois que le parti a besoin de moi, je me montre disponible.

Des gens, au sein des partis, ne militent pas par engagement, mais par calculs. Comment qualifiez-vous votre militantisme ?

Mon engagement est un engagement avec intérêt parce que mon engagement a un sens et le sens de mon engagement, c’est que ma vision pour mon pays se matérialise. Au-delà de cela, comme je l’ai dit, on peut très bien gagner sa vie sans la politique et on peut très bien gravir des échelons au sein de la société sans passer par la politique.

Certains estiment que pour grandir en politique, il faut avoir un mentor ou avoir de l’argent. Dans quelle catégorie êtes-vous ?

Le principe du mentorship, ce n’est pas seulement en politique. C’est dans tous les domaines de la vie. Si tu veux avancer, il te faut un mentor, un guide, un inspirateur. Si tu n’as personne devant toi, il te sera difficile d’atteindre certaines hauteurs. Beaucoup pensent qu’en politique, il faut être un bon petit de quelqu’un pour pouvoir évoluer. C’est peut-être vrai, mais cela a ses limites et à un certain moment, on est bloqué. Il faut toujours progresser par sa propre compétence et non par ses accointances. Dans la vie, les liens familiaux peuvent aider, les liens amicaux peuvent aider, d’autres types de relations peuvent aider, le coup d’opportunité et la chance peuvent aider, mais il faut privilégier le travail, le courage.

Dans votre parti, il y a la concurrence quant à l’occupation des postes. Qu’est-ce qui a fait votre force pour atteindre certains échelons ?

Chaque homme a sa destinée et il appartient à chaque homme de découvrir le chemin de sa destinée et de travailler à ce qu’elle s’accomplisse. Vous pouvez être des millions de personnes et du lot, va émerger une personne. C’est dû au fait que chaque personne, en plus de sa destinée, a une personnalité et une vision. La différence entre les hommes, ce n’est ni plus ni moins que la vision.

« Si les gens croient qu’au sein du MPP, il y a un conflit générationnel, pour nous, il n’en est rien »

Comment arrivez-vous à bousculer cette hiérarchie au sein de votre parti?

Nous n’avons pas besoin de bousculer qui que ce soit. Sauf ceux qui ne comprennent pas qu’il faut réaliser le mixte générationnel pour avancer, qui ont des difficultés de collaboration. Sinon, la plupart des aînés que nous côtoyons, sont des aînés qui nous tiennent par la main et nous font avancer. Il n’ y a plus de compétition entre la nouvelle génération et l’ancienne. L’ancienne génération et la nouvelle doivent se mettre ensemble pour bâtir le pays. A partir d’un certain âge, on ne doit pas être à un niveau opérationnel. On doit être à un niveau stratégique, à un niveau d’orientation et de conseil et laisser ce qui est opérationnel aux plus jeunes. Si les gens croient qu’au sein du MPP, il y a un conflit générationnel, pour nous, il n’en est rien.

Des gens comme Simon Compaoré, Clément Sawadogo, Lassané Sawadogo sont considérés, par certains, comme des has been. Quelle est votre réaction ?

Ils sont en train de préparer des gens. Donc, je pense qu’on a plus besoin d’eux aujourd’hui qu’hier. Le Burkina Faso est en pleine mutation et comme vous l’avez dit, ce sont des gens qui ont traversé l’histoire politique de ce pays et qui ont un flambeau à transmettre à la nouvelle génération. Nous ne devons pas précipiter leur départ. Chaque chose a un temps et quand le temps où ils vont décider de se mettre en retrait, arrivera, ils le feront. Mais auparavant, il faut qu’ils préparent bien la relève. Tout succès sans successeur est un échec.

Avez-vous le sentiment qu’ils sont sur la bonne voie de préparation de la relève ?

La responsabilité est partagée entre ceux qui ont la responsabilité de former la nouvelle génération et ceux qui appartiennent à la nouvelle génération. Ces derniers ont l’obligation d’apprendre des aînés et de bien comprendre les enjeux du moment. C’est à ce moment qu’ils pourront travailler à répondre aux attentes des populations. Vous savez, il y a la conquête du pouvoir. Si vous avez une stratégie de communication bien établie, une bonne machine, ça peut passer. Et on l’a constaté dans notre pays. Il y a aussi l’épreuve de la gestion du pouvoir. C’est une tout autre chose pour laquelle il faut être pétri de beaucoup de compétences. Il y a aussi la satisfaction des attentes légitimes de la population. Là, il faut être à l’écoute de sa population.

Pour certaines personnes, il faut que l’ancienne génération débarrasse le plancher pour laisser la place à la nouvelle génération. Qu’en pensez-vous ?

Je n’ai jamais vu quelqu’un construire sur du vide. Il faut une fondation, et les aînés sont notre fondation. Peut-être qu’il y a des choses à corriger, mais c’est un capital qu’il faut exploiter à fond.

Pour certains, les problèmes que le Burkina vit en ce moment, sont la conséquence de la gouvernance d’une certaine génération. Etes-vous de cet avis ?

Le Burkina Faso est en pleine mutation. De plus en plus, il y a une certaine logique de gouvernance qui est réclamée par le peuple, et certains devraient s’inscrire dans cette logique. Pour le reste, je pense que nous y arriverons. Chacun a conscience que la façon de gérer le pays il y a 10 ou 15 ans, ne saurait être la même en 2020. Je pense que tout cela fait que chacun est en train de trouver la bonne manière de faire pour que le mode de management et surtout de gouvernance, soit conforme aux attentes des populations.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Roch, il y a encore cette survivance de mauvaise gestion, avec des scandales à répétition, impliquant des personnalités. Le cas Bouda est là. Comment explique-t-on cette mal gouvernance là ?

Nous devons comprendre que la gouvernance et la gestion d’il y a 15 ans ou 20 ans, sont révolues. De plus en plus, la gestion rime avec les principes de lisibilité, de traçabilité, de transparence, d’efficience, d’impact et d’effets, de rationalité et de reddition des comptes.  Pour revenir à l’affaire Bouda, du nom de l’ancien ministre de la Défense et des anciens combattants qui fut également ministre de la Jeunesse, il y a quand même la présomption d’innocence et j’ai pu lire sur la page Facebook de l’intéressé, qu’il s’est volontairement mis à la disposition de la Justice afin que la lumière soit faite. Le constat que je fais est que la Justice est de plus en plus indépendante au pays des Hommes intègres, depuis l’avènement du MPP au pouvoir, et nous devons avoir foi en elle, parce que c’est la base pour construire une nation véritablement démocratique. Il y a encore beaucoup de choses à faire mais ce qui vient de se passer, montre à souhait que la marche vers la construction d’un Etat de droit, de liberté et de justice, est enclenche au Burkina Faso et nous nourrissons l’espoir que pour les années à venir, ce soit encore meilleur.

Pour beaucoup, l’incarcération de Bouda, c’est une action du pouvoir pour contenter des gens !

Je ne pense pas que le régime jette en pâture un de ses dignitaires, un membre du Bureau exécutif national, un ancien ministre pour contenter des gens. Je pense que c’est simplement la volonté affichée du régime, en premier lieu celle du chef de l’Etat, de faire dans la transparence et de rompre avec l’impunité qui avait cours à une certaine époque. C’est une manifestation de l’indépendance de la Justice, une première qu’il faut saluer. Je pense que cette affaire Jean-Claude Bouda doit faire date dans les annales de la Justice de notre pays.

Quel regard critique portez-vous sur la gouvernance de Roch depuis son arrivé ?

Après sa victoire à l’élection présidentielle du 29 novembre 2015, le président du Faso, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, a pris les rênes du pouvoir d’un pays qui venait de sortir de 27 ans du régime Compaoré, d’une insurrection populaire, d’un putsch manqué, d’une transition. Il doit donc faire face aux attentes multiples et multiformes des populations des villes et des campagnes du Burkina Faso. En plus de cela, il y a le péril sécuritaire, la fronde sociale. Malgré tout cela, il travaille à dérouler le programme pour lequel il a reçu l’onction populaire. Il y a beaucoup de réalisations dans de nombreux domaines et cela peut être constaté aisément.

En quoi le président du Faso mérite-t-il un second mandat, face aux multiples difficultés auxquelles le pays est confronté ?

Les difficultés sont inhérentes aux mutations auxquelles le pays doit faire face. Elles sont donc d’une époque, et il se trouve que c’est à cette même époque que Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré est à la tête du pays. Donc, ce n’est pas parce que Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré est au pouvoir que le pays est confronté à des difficultés multiples ; bien au contraire, c’est parce que c’est Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré qui est au pouvoir que la situation est tenable. Ç’aurait été quelqu’un d’autre dans ce même contexte, le pays aurait sombré dans un chaos et les fonctionnaires allaient faire des mois sans être payés. Son programme, malgré les contraintes de réalisation pour ne citer que le péril sécuritaire, la fronde sociale, offre des motifs de satisfaction. Dans des secteurs comme la santé, l’éducation, l’eau potable, les infrastructures, l’énergie, etc. Si vous prenez ce qui existait et vous le comparez à ce qui a été fait en 5 ans, c’est extraordinaire. Comme un dignitaire du CDP l’a reconnu et dit à quelques mots près, si ce n’est pas Roch pas, personne ne pouvait faire autant. Sans doute des personnes sont qualifiées pour gérer le Burkina Faso, mais pas actuellement. Actuellement, la personne qu’il faut, c’est celui-là en qui le peuple a fait confiance, c’est-à-dire le président Roch Marc Christian Kaboré et il mérite donc un second mandat pour la consolidation des acquis.

D’aucuns pensent que ce n’est pas Roch le problème mais son entourage. Qu’en dites-vous ?

C’est connu, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré est un homme de consensus, un homme d’écoute, un homme qui traite tout le monde sur le même pied d’égalité, que tu sois grand, petit, quel que soit ton rang social. C’est donc dire qu’il entend ces critiques et si cela est fondé, il saura prendre les dispositions idoines pour que les choses changent.

Certains également l’accusent de gérer le pays comme un prêtre, pour dire qu’il n’a pas la poigne qu’il faut. Qu’en pensez-vous ?

Comme je l’ai dit, le Burkina Faso est en pleine mutation. Certains sont nostalgiques d’une certaine époque et de certaines pratiques. La perte de l’autorité de l’Etat n’incombe pas seulement au chef de l’Etat. Chaque citoyen burkinabè est dépositaire d’une parcelle de l’autorité de l’Etat. Il appartient à chaque Burkinabè de faire preuve de civisme et de discipline pour que l’autorité de l’Etat puisse se manifester. Nous sommes en 2020, et des gens ont envie de revenir à une certaine époque où les choses étaient imposées à la force des bâillonnettes et des ceinturons. C’est vrai que trop de liberté conduit à des dérives ; il faut donc trouver le juste milieu. Moi, je crois au citoyen et à sa capacité de comprendre les enjeux et de s’autodiscipliner pour, lui-même, travailler à ce que ces désirs s’accomplissent.

Quel est l’avantage du MPP par rapport aux prochaines élections ?

J’ai parlé du candidat du MPP à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020. Son expérience parle pour lui, il a une multitude de partis politiques au-delà des partis de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) qui soutiennent sa candidature. Il est à la tête de pays et aura un bilan à défendre et ce bilan, il appartiendra au peuple d’en juger. Nul doute sur ses chances de se succéder à lui-même au premier tour, au soir du 22 novembre 2020.  Pour ce qui est des élections législatives du 22 novembre 2020, le MPP doit faire aussi bien sinon mieux qu’en 2015. Vous savez qu’en 2015, il s’en est tiré avec 55 sièges de députés et pour cette année, l’objectif c’est d’avoir la majorité absolue, c’est-à-dire 64 sièges de députés à l’Assemblée nationale. Pour cela, le MPP sait qu’il n’ y a pas de formule magique. Il doit savoir choisir ses têtes d’affiches par province et réaliser un casting de listes gagnantes. Cela passe par un bon positionnement des femmes et des jeunes qui sont capables de faire gagner le parti. Et surtout, il faut travailler et encore travailler à convaincre les électeurs. En 2015, il y avait des facteurs favorables et des facteurs défavorables, tout comme en 2020. Peut-être que certains facteurs défavorables en 2015 sont devenus favorables en 2020 et vice versa. Le MPP doit faire aussi un diagnostic de ses forces, de ses faiblesses et de l’intensité concurrentielle pour bâtir la meilleure stratégie qui va lui permettre de gagner avec la manière.

Sincèrement, est-ce que vous pensez que le MPP peut réaliser ses objectifs, au regard des critiques et des attentes?

Le MPP n’a autre choix que d’être prêt à défendre son bilan et à affronter l’adversité. Mais je crois qu’il peut atteindre son objectif.

Quel rôle souhaitez-vous personnellement jouer pour cela ?

Je suis à la disposition du parti et là où le parti pense que ma contribution peut être utile, je réponds toujours présent.

Il s’emble que vous êtes en train de guetter des postes ?

Comme je l’ai dit, je n’ai pas besoin d’être à un poste, à une fonction, pour servir. Si le parti me dit de pousser, je vais pousser, s’il me dit de tirer, je vais tirer. Ce qui est de l’intérêt du parti, je suis toujours disponible en bon soldat.

Jusqu’où vont vos ambitions politiques ?

Juste apporter ma contribution pour bâtir ma patrie et participer à la formation des plus jeunes que moi.

Vous souhaitez avoir surtout un poste supérieur, n’est-ce pas ?

Je n’ai pas d’ambitions personnelles. Ma seule ambition, c’est de servir mon pays et d’être utile à mon parti.

De plus en plus, la classe politique est critiquée pour son immixtion dans la cohésion sociale. Si vous avez un mot particulier a adresser à cette classe politique, que lui diriez vous ?

Je pense que de quelque bord que nous soyons, nous avons tous conscience que les choses pour lesquelles aucun sacrifice n’est de trop, ce sont : la paix, la sécurité l’unité et la concorde nationale. Les hommes politiques sont les premiers interpelés. Quand vous regardez ce qui s’est passé dans d’autres pays, aucun homme politique au Burkina Faso ne voudrait voir ce pays basculer dans la guerre civile ou dans des conflits communautaires et inter communautaires.

On a de plus en plus des conflits intercommunautaires au Burkina. Comment appréhendez-vous cela et comment peut-on travailler à ce que cela soit éradiqué ?

C’est comme le chef de l’Etat l’a dit. Il y a deux choses qu’il faut éviter. Le repli identitaire et la stigmatisation. Ce sont des communautés qui ont toujours vécu depuis des décennies en très bonne intelligence. L’objectif de tout ce qui est orchestré, c’est d’ériger les communautés les unes contre les autres et d’ériger les religions les unes contre les autres. Chaque Burkinabè quels que soient son ethnie, son appartenance politique, son idéologie, sa religion et ses convictions, doit se lever pour mettre en échec cette entreprise. Il faut faire émerger depuis la base, l’esprit-nation pour qu’on ne se sente pas appartenir à une ethnie, à une communauté, à une religion, à un clan mais qu’on se sente tout simplement burkinabè. Oui, chaque burkinabè doit se sentir appartenir à une entité une et indivisible. c’est ça le véritable défi et l’esprit burkinabè doit habiter chaque citoyen de ce pays. Il faut être Burkinabè avant d’être d’une ethnie, avant d’être d’une religion.

Pensez-vous que les Burkinabè puissent accepter ce que vous dites ?

Nous n’avons pas le choix. Soit on y arrive, soit on est condamné à payer un lourd tribut. Il n’est de l’intérêt d’aucun Burkinabè que cela se produise. Je pense que chacun doit travailler à son niveau pour que la situation d’antan revienne et qu’elle soit meilleure. Le Burkina Faso est l’une des sociétés où vous pouvez voir dans un quartier, une église catholique qui n’est pas loin d’une église protestante ou qui jouxte même une mosquée. Ailleurs, cela inimaginable et même impensable. Au niveau des familles, chacun est libre. Vous pouvez trouver dans une famille, des protestants, des musulmans, des catholiques et ils s’entendent. Je pense que c’est cette image-là qui doit être véhiculée au niveau national. Quelle que soit notre ethnie, nous en avons une soixantaine, l’ethnie ne doit pas primer. Il y a des principes de cohésion de notre société que nous devons développer pour que la notion d’ethnie disparaisse et laisse la place à l’identité burkinabè.

Comment faites-vous pour savoir que les fonds à vous alloués, sont bien utilisés au niveau des collectivités territoriales ?

Il y a les principes d’intervention du Fonds. Nous procédons par droit de tirage. L’argent que nous recevons, nous procédons à une répartition suivant des critères. Déjà, il y a une mise de base de 10 millions de F CFA qui est accordée à chaque collectivité territoriale et ensuite, en fonction de deux principaux critères tels que l’indice de pauvreté au niveau de la collectivité, et la taille de la démographie au niveau de la collectivité, nous procédons à une réaffectation des ressources. Quand vous prenez les communes qui sont de trois types, à savoir les communes à statut particulier, il y a des communes urbaines et les communes rurales plus les conseils régionaux, vous verrez que chaque année, elles reçoivent une enveloppe financière de la part du Fonds. Et c’est pour financer des projets qui sont soumis au financement. Les projets doivent correspondre à une typologie définie dans nos documents opérationnels, notamment notre Code de financement et les projets. Ce n’est ni le maire, ni un conseiller qui décide. Le projet à financer fait l’objet d’une délibération du Conseil municipal. Et dans une commune, quand on parle de Conseil municipal, ce sont les conseillers qui proviennent de chaque village et de chaque hameau de culture de la commune. C’est dire que chaque village est représenté au niveau de la commune et c’est une délibération du conseil municipal qui adopte le projet qui doit être soumis au financement du FPDCT. Cela est ensuite introduit auprès du Fonds à travers une requête de financement que nous instruisons, avant de matérialiser cela par un contrat de financement que nous signons. Dans le contrat de financement, le Fonds est là pour accompagner le processus de décentralisation et le principe cardinal de la décentralisation, c’est l’intangibilité de la maîtrise d’ouvrage laissée aux collectivités territoriales. Mais le Fonds, de bout en bout, suit l’ensemble du processus pour assurer la qualité des ouvrages qui seront livrés à la population.

Vous assurez-vous que personne ne peut détourner un kopeck pour s’acheter une voiture ?

Cela est impossible car nos principes d’intervention sont tels que quand on annonce les droits de tirage, l’argent se trouve dans un compte au Trésor et c’est après exécution du projet que la commune introduit une demande de décaissement. A ce moment, en fonction du marché, nous procédons à un virement via la trésorerie régionale.

« Si nous voulons efficacement combattre le terrorisme, nous devons aller sur le terrain du dialogue pour apporter une réponse sociale et économique »

Concernant les zones non accessibles à cause du terrorisme, comment le Fonds est-il présent en ces endroits ?

Nous avons développé un système de suivi à distance, qui suit les projets dans les zones où il y a le péril sécuritaire, notamment dans beaucoup de zones de la région du Sahel et des localités des zones de la région de l’Est. Nous essayons de voir avec les collectivités et les faitières, comment réaffecter des ressources qui étaient destinées à certaines communes ou à la réalisation de certains projets. Je pense que la réponse à la question sécuritaire, ce n’est pas seulement une réponse militaire qu’il faut, c’est aussi une réponse sociale, une réponse économique avec un instrument comme le Fonds qui travaille à faire des réalisations au niveau des collectivités territoriales. Le Fonds finance également les populations qui se sont regroupées au sein des associations et regroupements de sorte à permettre à ce qu’elles puissent avoir un revenu. Si nous voulons efficacement combattre le terrorisme, nous devons aller sur le terrain du dialogue pour apporter une réponse sociale et économique.

Est-ce que le DG et son équipe n’ont pas tendance à favoriser les communes contrôlées par leur parti ?

Rassurez-vous ! Avant que le MPP ne soit au pouvoir, le fonds existait. Le Fonds a commencé à financer l’ensemble des collectivités de notre pays depuis une décennie. A ce moment, le MPP n’existait pas encore et quand vous regardez nos principes d’intervention, ce sont des droits de tirage, qui s’appuient sur des critères scientifiques fournis par l’INSD. Donc, on ne peut pas favoriser une commune au détriment d’une autre, quelle que soit la coloration de son Conseil municipal.

Quelles sont les principales difficultés ?

C’est l’insuffisance de ressources financières. Les collectivités demandent de plus en plus de ressources financières pour financer des projets d’envergure. Comme je le dis, depuis une décennie, c’est entre 10 et 6 milliards de F CFA, chaque année, que l’Etat met à la disposition du Fonds. Même cette subvention est souvent soumise à la régulation budgétaire. Ce qui veut dire qu’on est obligé de faire avec. Donc, les communes veulent s’assurer que l’enveloppe allouée reste constante et même qu’elle va crescendo.

Quelles sont vos perspectives ?

Nous avons déjà entrepris des plaidoyers pour accroître le portefeuille des PTF qui accompagnent le Fonds, parce que l’Etat, à lui tout seul, ne peut pas tout faire. Nous avons développé des initiatives pour accroître le portefeuille des partenaires, mais également des initiatives pour accroître notre surface financière, de telle sorte que nous puissions appuyer, plus conséquemment, les collectivités territoriales.

« Nous sommes à un taux d’exécution de 40% en ce qui concerne notre plan de travail annuel »

Comment la Covid-19 a-t-elle impacté vos activités ?

Il faut dire qu’au niveau du Fonds, dès les premiers moments de la crise sanitaire, nous avons pris des précautions pour préserver la santé des agents tout en perpétuant notre mission qui est d’accompagner les collectivités territoriales. Avec les collectivités, nous avons développé des initiatives pour que les traitements des dossiers, les requêtes de financement, la signature des contrats de financement et le traitement de dossiers de décaissement, se fassent sans interruption. Nous avons réussi cela au cours du mois de mars et d’avril. Maintenant que la situation est en train de revenir à la normale, je puis vous assurer que quand on fait le point, le bilan est satisfaisant. Nous sommes à un taux d’exécution de 40% en ce qui concerne notre plan de travail annuel.

Avez-vous un mot particulier pour les Burkinabè ?

Que chacun comprenne que notre pays est soumis à une rude épreuve qui est celle de la cohésion. Malheureusement, tout est mis en œuvre pour nous opposer. Nous devons travailler à revenir à des fondamentaux du vivre-ensemble. Nous devons comprendre que le Burkina est notre pays à tous ; nous ne sommes pas en location. On ne nous l’a pas prêté. C’est un pays pour lequel nos devanciers ont versé leur sang et nous devons travailler à léguer ce pays-là à ceux qui viendront après nous, dans un état d’unité et surtout dans un état de prospérité. 

Propos recueillis par Fidèle KONSIAMBO


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