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SUSPENSION DE LA PARTICIPATION DE LA CMA AU DIALOGUE NATIONAL  


 

Va-t-on vers la mort de l’accord d’Alger? C’est la question qui taraude les esprits après l’annonce faite par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de suspendre sa participation aux travaux du dialogue national censé ramener la paix au Mali. A l’origine de cette montée d’adrénaline des maîtres de Kidal, la déclaration faite par le président de la République du Mali, à l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance de son pays. En effet, IBK avait, sans langue de bois, affirmé que certains dispositifs de l’accord de paix de 2015, pourraient être discutés au cours du grand dialogue national. Chose que la CMA n’entend pas de cette oreille. Pour cette coalition de groupes armés, l’accord d’Alger ne souffre d’aucune ambiguïté : « Une modification de ses termes ne peut s’opérer que si tous les signataires ainsi que la médiation internationale en font la demande ».  Si la volonté de la CMA était de donner un coup de pied au dialogue national et par ricochet, à l’accord d’Alger, l’on peut dire qu’elle a réussi. En tout cas, ce coup de sang traduit son inconstance dans sa contribution aux chantiers de la paix au Mali. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CMA aurait voulu mettre du sable dans le couscous du Premier ministre Boubou Cissé qui est l’initiateur du dialogue national, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Mais cette attitude de la CMA n’étonne guère.  Car, dans les sables mouvants du Nord Mali, ses responsables  se considèrent comme les vrais maîtres de Kidal. Or, une remise en cause du statut de cette citadelle, reviendrait à mettre fin à leur naam * ; d’où cette volonté de torpiller les travaux du dialogue national. En vérité, les pirouettes de la CMA ont fini par convaincre, même les plus sceptiques, qu’elle n’a jamais abandonné ses velléités sécessionnistes. Hier comme aujourd’hui, la CMA nourrit toujours le secret espoir de faire de Kidal la capitale de l’AZAWAD, ce fameux territoire que les mouvements armés veulent créer en rognant une partie du Mali, du Burkina et du Niger. Autant dire que c’est le statut de Kidal qui est en jeu. Mais que la CMA se détrompe.

 

Le péché originel de l’accord d’Alger est lié au manque de sincérité de ses signataires et à la position ambiguë de ses parrains

 

 

Comme on le dit, « ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait baisser la fièvre ». Même si elle réussissait à empêcher Bamako de discuter du statut de Kidal, elle ne parviendra pas à empêcher l’ONU d’en parler. Puisque la question du Sahel fait l’objet de débat à New York, en marge de la 74e Assemblée générale des Nations unies. C’est dire si la CMA gagnerait plutôt à aller dans le sens du dialogue que de chercher à engager une épreuve de force.  En tout état de cause, si la CMA se livre à cette danse du tango, c’est parce que l’accord de paix de 2015 lui en donne la possibilité.  Du reste, si IBK estime nécessaire d’ouvrir une discussion sur certains dispositifs de cet accord, c’est qu’il est convaincu qu’il ne peut, à l’état actuel, conduire le Mali à la paix. En tout cas, cette initiative traduit l’agacement du numéro 1 malien qui aura fait mille sacrifices pour ne pas dire mille compromissions pour que la machine de la paix dont cet accord est censé être le moteur, se mette en branle. Mais à qui la faute si l’accord d’Alger piétine? Evidemment, au président lui-même, pour avoir, au nom de la paix, fait preuve de laxisme vis-à-vis des signataires de cet accord, en l’occurrence les maîtres de Kidal qui, à chaque fois qu’on s’achemine vers le bout du tunnel, sortent un lapin de leur chapeau. Disons le net, le péché originel de l’accord d’Alger est lié au manque de sincérité de ses signataires et à la position ambiguë de ses parrains. Que ce soit l’Algérie ou la France, chacun de ces parrains donne l’impression d’avoir un agenda caché. Toujours est-il que si chacun avait joué franc jeu, on n’en serait pas là. Si IBK qui croyait dur comme fer en cet accord en vient à remettre publiquement en cause certains de ses dispositifs, c’est qu’il s’est rendu compte qu’il n’était que le dindon de la farce. Du reste, la CMA ne devrait pas rougir face à cette proposition, car le président Ibrahim Boubacar Kéita n’est pas le premier à remettre en cause certains dispositifs de cet accord. Elle-même ne l’a-t-elle pas  fait auparavant?  Si 4 ans après la signature de cet accord, le Mali continue de vivre dans la peur des mines et des fusils des terroristes, sans aucune possibilité d’arrêter le décompte macabre, c’est qu’il y a des zones d’ombre. Soit l’accord est boiteux, soit les acteurs ne sont pas prêts à faire la paix. Et tout laisse croire que la CMA ruse avec l’application dudit accord. L’on pourrait même dire qu’elle en fait plus un instrument de chantage que de paix.

Dabadi ZOUMBARA

 

*Naam : le pouvoir

 

 

 


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