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TOURNEE DE LA MINISTRE FRANÇAISE DES ARMEES AU SAHEL: Que faut-il en attendre?


La ministre française des armées, Florence Parly, a entamé hier, 4 novembre, une tournée au Tchad, qui la conduira au Burkina Faso puis au Mali.  Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette tournée intervient dans un contexte où le Sahel fait face à une recrudescence des attaques terroristes avec leurs corollaires de macchabées et de déplacés massifs. Faut-il le rappeler, les bilans des dernières attaques en date font froid dans le dos.

54 militaires tués à Indelimane, dans le Nord-Est du Mali, le 1er novembre dernier, un jeune soldat français de 24 ans, le brigadier Ronan Pointeau a également péri dans la même région, un jour plus tard, dans l’explosion d’un engin explosif. Au pays des Hommes intègres, le député-maire de Djibo, sanctuaire des terroristes, et trois de ses compagnons, ont aussi été envoyés ad patres, le 3 novembre, sans oublier la mort de 5 gendarmes hier, à Oursi dans la partie septentrionale du Burkina. C’est dire si le calendrier de Florence Parly sera bien chargé en termes d’échanges sur le plan sécuritaire. Si l’on ne peut douter de la pertinence et de l’opportunité de cette tournée, l’on peut, par contre, se demander ce qu’il faut en attendre. Autrement dit, cette tournée de la ministre française des armées fera-t-elle bouger les lignes ? On en doute fort. On peut même se risquer à dire que s’il n’y avait pas eu le mort du jeune soldat français, cette tournée n’aurait peut-être pas eu lieu et même si elle advenait, elle  n’aurait pas eu la même portée.

En tous les cas, la France qui est de plus en plus accusée à tort ou à raison de jouer un double jeu dans la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel, se doit de poser des actes forts pour démentir cette allégation qui ternit de plus en plus son image.

Il faut prendre Florence Parly au mot

En tout cas, si elle tient à demeurer longtemps au Sahel, Paris a tout intérêt à aller dans ce sens car, il faut bien le dire, les populations de la bande sahélo-saharienne qui ne savent plus à quelle armée se vouer, portent de moins en moins les troupes étrangères dans leur cœur. On est d’autant plus fondé à le croire que les manifestations organisées récemment par des OSC au Mali et au Burkina, sont loin d’être favorables à la présence des forces françaises dans les deux pays.

En effet, les populations sahéliennes ne comprennent pas pourquoi elles continuent de souffrir le martyre malgré la présence de la MINUSMA et de la force Barkhane dans leur territoire d’autant plus que ces forces  disposent de moyens militaires importants. Même si l’on peut y apporter un bémol, force est de reconnaître que six ans après l’intervention militaire française Serval qui avait contribué à réduire la voilure de la bête immonde, les attaques terroristes persistent dangereusement dans le Sahel si elles ne mettent pas en péril son existence. Et comme le dit l’adage, « quand on se confie à l’éléphant, c’est pour être à l’abri de la panthère ». Mais les populations ont le sentiment de vivre le contraire tant elles sont victimes d’attaques terroristes de plus en plus sophistiquées et de plus en plus meurtrières, mettant ainsi à rude épreuve leur vivre-ensemble. Cela dit, il faut souhaiter que les propos tenus au Tchad par la patronne des armées françaises, se traduisent en actes concrets pour le plus grand bonheur des populations du Sahel.

En tout état de cause, il faut prendre Florence Parly au mot, elle qui a réaffirmé haut et fort que « notre engagement au Sahel est et reste une priorité pour la France ». Gageons que cette priorité ne porte pas sur les ressources naturelles du Sahel qui justifieraient la présence de la France dans cette partie de l’Afrique, selon bien des anti-impérialistes, mais sur la sécurité des populations africaines.

Dabadi ZOUMBARA

 


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