HomeA la uneTRANSITION POLITIQUE EN ALGERIE:A pas forcé et martial vers la présidentielle

TRANSITION POLITIQUE EN ALGERIE:A pas forcé et martial vers la présidentielle


Le   26 octobre,  à minuit, expirait le nouveau délai pour le dépôt des candidatures pour la présidentielle algérienne prévue pour le 12 décembre prochain. Au décompte final, en fin de journée, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a réceptionné 22 dossiers, composés principalement de  candidatures d’anciens ministres et Premiers ministres de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika et de présidents de petits partis proches de l’ancienne alliance présidentielle. Face à ces satellites de l’ancien pouvoir, l’on note cependant la candidature d’Ali Benfis, deux fois candidat malheureux à la présidentielle, face à Abdelaziz Bouteflika.  La question que l’on peut de prime abord se poser est la suivante : pourquoi cette flopée de candidatures alors que faute de concurrents, l’on avait été contraint de surseoir aux scrutins des 18 avril et 4 juillet derniers ?

L’ombre  du FLN continuera de planer sur l’élection

La première hypothèse pour répondre à la question, est que de nombreuses candidatures ont été suscitées   par les tenants actuels du pouvoir. C’est, en tout cas, ce que pourraient laisser penser les nombreuses candidatures émanant du cercle de l’ancien pouvoir qui, par la volonté de l’Armée et le truchement de la Constitution, demeure aux commandes de l’appareil d’Etat. La seconde hypothèse serait que les candidats ont eu l’assurance que non seulement les élections auront lieu et se tiendront à bonne date, mais qu’elles se dérouleront dans un minimum de conditions de transparence. Quoi qu’il en soit, ce foisonnement de candidatures n’arrive pas à faire oublier l’absence de taille d’une candidature du Front de libération nationale (FLN) dont l’histoire se confond à celle de l’Algérie tout entière. L’on peut se demander pourquoi ce parti qui a régné sans partage sur le pays depuis son accession au forceps à la souveraineté internationale, est, pour la première fois, absent à un aussi important rendez-vous électoral.

La réponse, bien évidente, est que depuis la tentative avortée d’Abdelaziz Bouteflika de se maintenir au pouvoir, le FLN est vomi par le peuple algérien qui manifeste, depuis lors,  pour obtenir son départ de l’arène politique. L’on peut donc penser que le parti a été déstructuré depuis que le commandant du navire a été débarqué et que par peur d’une raclée électorale, il a été contraint à se mettre hors-jeu. Mais même si, officiellement, le FLN ne présente pas de candidat, l’on sait que son ombre continuera de planer sur l’élection car bien des candidatures annoncées sont l’émanation de ce parti. Et c’est pour cela que l’on peut se demander si cette absence de la course à la présidentielle, ne relève pas d’une stratégie politique.

En tout cas, le peuple algérien n’est pas loin de tomber dans un piège. Car, pendant que la rue continue de gronder, demandant la fin de l’ancien ordre politique, le pouvoir, lui, continue de dérouler son agenda. Il faut donc craindre que ce mouvement de protestation qui n’affiche aucun visage ni ne dessine aucune ligne de l’avenir, ne se termine aux lendemains des élections.

La garantie de stabilité des futures nouvelles autorités sera tributaire de la légitimité que leur accorderont les urnes

En effet, le risque est grand que, faute d’avoir proposé un candidat qui porte les aspirations populaires, le peuple ne se réveille à l’issue du scrutin avec un président qui ne serait qu’une simple marionnette de l’armée qui reste encore la principale force organisée du pays et dont le FLN n’était que la branche politique. Un tel cas de figure ramènerait l’Algérie à la case départ et tout resterait à refaire. L’histoire du voisin tunisien avec le pouvoir qui a avait fini par échoir entre les mains d’un des proches de Ben Ali après que ce dernier a été chassé du pouvoir par le peuple, est là pour le rappeler.

En attendant de voir comment la rue va réagir à la nouvelle donne, il reste à l’Algérie à relever le défi de la qualité des élections à venir. Et l’une des grandes équations à résoudre est celle du taux de participation, dans ce contexte de fronde populaire. On le sait, la garantie de stabilité des futures nouvelles autorités sera tributaire de la légitimité que leur accorderont les urnes ; d’où  la nécessité, pour le pouvoir de la Transition, de mettre un point d’honneur à relever le défi de la participation. Mais l’on sait que les choses ne sont pas gagnées d’avance dans la mesure où l’agenda de l’élection semble décidé de façon autoritaire et arbitraire dans les officines sécrètes du pouvoir. C’est donc à pas forcé et martial que l’on va vers le scrutin et l’on peut douter que les Algériens puissent se complaire de cette situation.

En tout cas, tout dérapage du processus électoral sera profitable aux forces de l’ombre qui ne sont jamais bien loin en Algérie. Déjà, l’on sait que les principaux partis islamistes se sont retirés du jeu, estimant que les conditions de leur participation n’étaient pas réunies. C’est un signal à prendre au sérieux, surtout que l’on sait qu’une bonne partie de l’histoire algérienne est écrite en lettres de sang, en raison d’élections contestées.

 

« Le Pays »     

 

 

  


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