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VICTOIRE DE JOE BIDEN


 Les résultats provisoires de la présidentielle américaine ont été publiés le 7 novembre  dernier et ce après 4 jours d’attente marqués par une anxiété et des dénonciations de fraudes des partisans de Donald Trump. Et finalement, c’est le démocrate Joe Biden qui a été préféré par les Américains à l’actuel  locataire de la Maison Blanche. Cette élection aura tenu en haleine le monde entier. Et c’est la preuve, s’il en est encore besoin, que les Etats-Unis ne sont pas un pays quelconque. Loin de là, c’est la première puissance de la planète et tout ce qui s’y passe, surtout en matière politique, intéresse le monde entier. Et  si l’on devait faire le parallèle avec l’Afrique, à propos de la victoire de Joe Biden, l’on pourrait dire ceci : l’Amérique  a mis les petits plats dans les grands pour s’assurer que les suffrages, tels qu’ils ont été exprimés par les citoyens, ont été respectés. Et c’est ce souci qui a conduit les organisateurs du scrutin, à prendre le temps qu’il faut pour procéder au recomptage des voix tel que le voulaient les partisans de Trump.  Le grand enseignement de cela peut tenir en une phrase : aucun sacrifice n’est de trop pour garantir la transparence des élections.

 

En Afrique, ce sont les hommes forts qui dictent leur volonté aux institutions

 

Sous nos tropiques, on ne se serait pas donné cette peine.  En tout cas, le Gabon et plus  récemment la             Guinée n’ont pas daigné accéder aux exigences de leurs opposants qui demandaient seulement le recomptage des voix. Jean Ping, l’opposant gabonais et Cellou Dalein Diallo, ont été frappés d’une fin de non recevoir de la part des institutions de ces deux pays. Et pourtant, à Libreville tout comme à Conakry, la fraude était pratiquement à ciel ouvert. L’autre parallèle que l’on peut faire avec l’Afrique, est lié aux messages de félicitations. En effet, dès que la victoire de Joe Biden a été rendue officielle, les félicitations à lui adressées ont fusé de pratiquement le monde entier. La raison est simple. Il est difficile de douter de la fiabilité des résultats des élections américaines. A contrario, en Afrique, c’est autre chose. C’est cette réalité qui explique, entre autres, que les pays civilisés sont fortement gênés de féliciter certains présidents africains quand ils se font réélire. Car, très souvent, en Afrique, on n’organise pas des élections dignes de ce nom mais plutôt des séances publiques de bourrage d’urnes. Dans ces conditions, l’on peut être gêné, lorsqu’ on est  un démocrate, de féliciter la personne qui sortira victorieuse d’une telle mascarade. C’est cela qui explique certainement le peu voire l’absence de messages de félicitations à l’endroit d’Alpha Condé. Même ses voisins immédiats sont, peut-on dire, gênés de le faire. En tout cas, on ne peut pas être un démocrate vrai et en même temps applaudir des deux mains,  les satrapes qui rusent avec la démocratie pour s’accrocher à leur trône. Bref, la victoire de Joe Biden est une illustration de la force des institutions américaines. En Afrique, ce sont les hommes forts qui dictent leur volonté aux institutions. Et si nous étions en Afrique, l’opposant Joe Biden n’aurait pas pu tenir la dragée haute à Donald Trump, encore moins le battre dans les urnes. En réalité, dans bien des pays africains, les gouvernants qui croient en la démocratie et y adhèrent sont rares.

 

Il est difficile que Joe Biden fasse pire que Trump vis-à-vis de l’Afrique

 

Et les Occidentaux le savent. C’est pourquoi, très souvent,  ces derniers préfèrent rire des bizarreries qui entourent les consultations électorales africaines que d’en pleurer. Cela dit, l’on peut se demander ce que l’Afrique peut gagner avec l’arrivée du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche. Avant d’ y apporter des éléments de réponses, il convient  de préciser ceci : les Américaines et les Américains n’élisent pas un président pour qu’il s’occupe des problèmes des autres mais de leurs problèmes à eux. De ce point de vue, les Africains auraient tort de croire que leurs problèmes trouveront des solutions avec l’avènement de Joe Biden. Cela étant, il est difficile que Joe Biden fasse pire que Trump vis-à-vis de l’Afrique. Franchement, ce dernier n’avait aucune considération pour les pays africains encore moins  pour leurs dirigeants. La célèbre expression « pays de merde » qu’il avait utilisée pour qualifier ses partenaires africains, résonne encore dans les mémoires. Et la manière dont Trump a traité la question de la violence policière à l’endroit des Noirs d’Amérique, a visiblement choqué les Africains. Et à tort ou à raison, ces derniers pensent qu’un président démocrate ferait mieux. En tout cas, ils sont nombreux, les Africains qui pensent que les démocrates en général sont plus bienveillants à l’égard de l’Afrique. Et cela date de l’avènement de John Kennedy. Les Africains fondent donc beaucoup d’espoirs avec l’avènement de Joe Biden. Déjà, son équipe annonce un rapprochement de leur champion avec le continent africain. En tout cas, l’on peut être sûr qu’il va se départir du regard condescendant voire méprisant de son illustre prédécesseur sur l’Afrique. Dans le  domaine de la lutte contre le terrorisme au Sahel en particulier, l’on peut espérer qu’il fasse mieux. Il pourra, par exemple, plaider pour placer les forces du G5 Sahel sous la bannière de l’ONU (Organisation des nations unies). Cette requête, rappelons-le, agaçait particulièrement Donald Trump. Et tout le mal que les démocrates d’Afrique souhaitent à Joe Biden, est qu’il s’inscrive résolument dans la logique de dénonciation des hommes forts en Afrique et de la promotion des institutions fortes, selon la vision de son mentor Barack Obama. Il doit d’autant plus le faire qu’il doit sa victoire, entre autres, à la force des institutions de son pays.

 

« Le Pays »


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