VICTOIRE DU CAMEROUN A LA CAN 2017 : Le trophée dans la tanière des Lions
Et de 5 pour le Cameroun ! Les Lions indomptables ont, en effet, dévoré sans pitié les 11 Pharaons que le sélectionneur égyptien, Hector Cuper, a alignés sur la pelouse du stade de l’Amitié de Libreville, le 5 février 2017, lors de la finale de la 31e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football remportée par 2 buts à 1. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le capitaine Benjamin Moukandjo et ses camarades ont déjoué tous les pronostics ; eux qui avaient suscité les quolibets de leurs propres supporters lorsque que la liste des vingt-trois « aventuriers camerounais » comme on les surnommait, a été révélée. A vrai dire, personne ne vendait bien cher la crinière de ces Lions a priori édentés et sans âme, surtout que l’équipe a connu une série de défections de taille à la veille de la compétition. Les sept Lions qui ont tourné le dos à la sélection, nourrissent certainement beaucoup de regrets aujourd’hui, en entendant le bruyant rugissement de ceux qui les ont remplacés au pied levé dans la tanière, et les honneurs qui leur sont rendus depuis leur consécration, partout au Cameroun, de Yaoundé à Bamenda en passant par Douala et Maroua. Cette équipe constituée à la va-vite et in extremis par un entraîneur (Hugo Bross en l’occurrence) haï par la majorité des Camerounais, a fait preuve d’une solidarité et d’une combativité qui manquaient aux Lions indomptables depuis une quinzaine d’années, et c’est ce qui explique son extraordinaire parcours dans cette CAN. En écartant successivement de gros calibres de la compétition comme le Sénégal et le Ghana, les Lions indomptables pouvaient légitimement rêver de franchir la plus haute marche du podium, même s’ils savaient que la tâche serait titanesque ou plutôt pharaonique, parce qu’ils rencontraient justement les Pharaons d’Egypte en finale. Cette équipe égyptienne qui a connu une longue traversée du désert essentiellement liée à la retraite de ses cadres légendaires tels Mohamed Aboutrika, Ahmed Hassan et autre Mohamed Zidan, et surtout aux troubles sociopolitiques qu’a connus le pays depuis 2011, a, elle aussi, surpris beaucoup d’analystes et autres spécialistes du foot africain, en parvenant à la finale de la compétition.
Les regards sont tournés vers le Cameroun où la biennale du foot africain sera célébrée en 2019
Malgré tout, les Camerounais savaient que ça n’allait pas être une partie de plaisir, parce que les Egyptiens ont toujours été invincibles à ce stade de la compétition alors qu’en six finales de CAN, eux, ont perdu à deux reprises et à chaque fois, c’était contre l’Egypte. Ce dimanche à Libreville, ils ont enfin vaincu le signe … égyptien en battant leur pire ennemi, et en remportant du coup leur cinquième couronne, détenant désormais le palmarès le plus élogieux, après celui de l’Egypte qui a déjà remporté le trophée continental par 7 fois, dont 3 de manière consécutive en 2006, 2008 et 2010. Bravo donc aux Lions indomptables qui ont ramené la coupe dans leur tanière malgré des préjugés défavorables, et un environnement gabonais particulièrement hostile, avec une crise sociopolitique qui a manifestement débordé jusque dans les gradins, avec une faible affluence des spectateurs, et avec des pelouses inadaptées pour une compétition de l’envergure de la CAN. Qu’à cela ne tienne, l’objectif des organisateurs est globalement atteint, puisque la compétition s’est achevée sans incident et sans couacs majeurs, et a révélé au public sportif africain, de jeunes talents à l’avenir prometteur, comme ceux du Burkina Faso et de la République démocratique du Congo. Mention spéciale aux Etalons du pays des Hommes intègres qui ont régalé les spectateurs du monde entier, d’un jeu chatoyant, caractérisé par une rapidité doublée d’une technicité digne des grandes nations de football. Pour sûr, ces Etalons-là laisseront un souvenir impérissable aux Burkinabè qui le leur ont bien rendu en les soutenant de bout en bout depuis le début de la compétition, et en leur réservant un accueil plus que chaleureux, aussi bien durant leur bain de foule dans les rues de Ouagadougou qu’à la présidence du Faso où ils ont été reçus et décorés par le chef de l’Etat. Rideaux donc sur cette 31e édition de la CAN, et les regards sont déjà tournés vers le Cameroun où la biennale du foot africain sera célébrée en 2019, et où on aura, pour la première fois dans l’histoire de la compétition, le pays organisateur comme champion sortant.
Hamadou GADIAGA