HomeA la uneSECONDE REVENDICATION DES ATTENTATS DE BAMAKO : Une « victoire », plusieurs pères

SECONDE REVENDICATION DES ATTENTATS DE BAMAKO : Une « victoire », plusieurs pères


 

Ibrahim Boubacar Kéita, l’enfant de Koutiala, en larmes dans les bras de son homologue sénégalais, Macky Sall ! Cela montre toute l’ampleur des « dégâts » psychologiques que les terroristes ont provoqués chez les Maliens avec les récents attentats à l’hôtel Radisson de Bamako.  En tout cas, ils semblent avoir atteint leur objectif principal qui est de « terroriser » l’opinion en prenant comme cibles de pauvres innocents  et une population civile, en cherchant à faire couler le sang au maximum et en faisant en sorte que toute la planète puisse en être choquée. Dans ces mégas malheurs, l’on doit se féliciter de la solidarité et de la compassion internationales, et surtout sous-régionales, exprimées envers le peuple malien meurtri. Les pays comme le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée se sont joints au Mali pour  observer trois jours de deuil national.  Mais comme d’habitude, les terroristes se moquent éperdument des larmes et des douleurs de leurs victimes. Voilà pourquoi, autour des cadavres encore fumants des victimes du Radisson, les groupes djihadistes s’agitent comme des charognards, chacun réclamant la paternité des attentats. On dit souvent que  « la victoire a plusieurs pères et que la défaite est orpheline ». Le cas malien en est une parfaite illustration. En effet, après le groupe al-Mourabitoune dirigé par le tristement célèbre Mokhtar Belmokhtar, c’est le Front de libération du Macina (FLM) de Amadou Koufa qui vient de revendiquer la boucherie humaine de Bamako. Et parce que les terroristes considèrent cette boucherie comme un haut fait de guerre, l’on peut s’attendre encore à ce que d’autres groupes sortent des bois pour revendiquer ces actes barbares. Et il faut, hélas, croire que ces fous d’Allah vont encore frapper quelque part avec la même passion, la même détermination et le même cynisme.

La politique de deux poids deux mesures du Conseil de sécurité fait l’affaire des terroristes

De Paris à Bamako en passant par Maidiguri, les terroristes ont fait prendre conscience, en l’espace d’une semaine, aux peuples, puissants comme faibles, qu’ils doivent se défendre ou périr. Dans cette guerre asymétrique et aux ramifications les plus ténébreuses, qui n’en finit pas d’étaler toute sa complexité, une question cruciale reste posée : qui faut-il combattre ? La bonne réponse à cette interrogation aurait permis aux peuples de se défendre plus efficacement, mais hélas. Comme l’écrivait notre confrère « Le Journal de la Paix » en décembre 2001, l’on mène une guerre contre un « un réseau de groupes disséminés sur la quasi-totalité de la planète, liés entre les frontières, financés par les trafics en tous genres, armés par le commerce généralisé des armements…Gigantesque organisation clandestine, décentralisée, animée par une idéologie à la fois floue et rigide, fortement teintée de fanatismes religieux, mobilisée par les appels d’une sorte de gourou érigée en chef suprême. Ce vaste mouvement, mondialisé, opère sur tous les terrains de la mondialisation : financier, économique, médiatique, culturel, social, politique…Dans cette guerre du quatrième type, l’ennemi est une nébuleuse dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». Comment saisir un tel serpent de mer ?

Comme on le voit, la tâche est ardue, mais pas insurmontable. Les occidentaux semblent mieux outillés pour combattre le terrorisme et ils doivent par conséquent être les moteurs et les catalyseurs de cette lutte tous azimuts contre les djihadistes. Même si la guerre actuelle consiste moins  à détruire les bases matérielles du terrorisme que les motivations qui mobilisent ses troupes, l’Occident peut aider les peuples meurtris et démunis, à se prémunir contre le feu maléfique des Shekau, Amadou Koufa et autres Mokhtar Belmokhtar, pour ne citer que ces quelques fous qui troublent le sommeil de la sous-région ouest-africaine. Seulement, l’Occident ne pourra pas assumer cette responsabilité planétaire s’il continue de réagir en fonction de la couleur des victimes des djihadistes et de leur lieu de provenance. Faut-il le rappeler, pour  130 personnes tuées à Paris, le Conseil de sécurité de l’ONU, à la demande de la France, a voté une résolution autorisant une action mondiale contre Daesh. De janvier 2014 à nos jours, Boko Haram a fait en Afrique de l’Ouest, des milliers de victimes. Les pays africains directement touchés étaient seuls à pleurer à chaudes larmes leurs morts, dans la quasi-indifférence du Conseil de sécurité. Cette  politique de deux poids deux mesures fait l’affaire des terroristes. Dans tous les cas, quand ces ingénieurs du mal auront réussi à transformer l’horreur en quelque chose de banal, alors l’humanité sera perdue à jamais.

Michel NANA


Comments
  • Y’a-t-il quelqu’un pour dire à IBK et à Yayi Boni qu’en tant que “Chefs”, leurs larmes publiques nous font honte? Qui plus est, le soir des attentats de Paris, Hollande était sur les lieux. IBK “La larme facile” a attendu plus de 24 Heures pour s’y rendre. Un vrai chef serait parti directement de Bamako-Sénou (aéroport) au Radisson. Quel courage donne-t-il aux maliens et aux peuples de l’Afrique de l’Ouest tous touchés par “le monstre” en se comportant en couard? Les voilà maintenant en train de remettre en cause la libre circulation au sein de l’espace CEDEAO. Les terroristes n’ont pas besoin de prendre l’avion, le train ou le car. Les frontières sont si poreuses qu’ils n’ont pas besoin de passer par des postes de contrôle frontaliers.

    24 novembre 2015
  • Il faut decrier egalement le terrorisme d’Etat qui massacre les peuples des pays dont les presidents s’octroient un 3ème mandat envers et contre tout.Ce terrorisme-là est couvert par la Communauté internationale.Que fait l’ONU pour protéger les populations?Des génocides programmés que l’Occident organise et couvre.Brisons le silence sur ces crimes.

    24 novembre 2015

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