HomeA la uneMASSACRES AU BURUNDI : Face à Nkurunziza, seul compte l’argument de la force

MASSACRES AU BURUNDI : Face à Nkurunziza, seul compte l’argument de la force


Face à l’escalade de la violence au Burundi, notamment les tueries du week-end dernier, qui ont laissé une centaine de macchabées sur le carreau et qui sont venues s’ajouter à une liste macabre déjà longue, les diplomaties étrangères expriment leur profonde inquiétude. Ainsi, après l’évacuation de son personnel diplomatique, l’Ambassade  des Etats-Unis  d’Amérique appelle ses ressortissants à quitter rapidement le pays. La Belgique, de son côté, demande la saisie urgente du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Union africaine qu’il appelle à « prendre les mesures de protection de la population qui s’imposent ». Preuve, si besoin en était encore, de l’extrême gravité de la situation. Comme on le voit, les choses vont de Charybde en Scylla au pays de Pierre Nkurunziza et chaque jour qui passe, voit la situation devenir de plus en plus dramatique. L’heure n’est donc plus aux tergiversations. Il faut parer au plus pressé. En la matière, il y a lieu de noter que depuis plusieurs mois que la presse se fait l’écho de la dégradation de la situation au Burundi, avec notamment l’accumulation des ingrédients d’une guerre civile, la Communauté internationale aurait dû se montrer plus prévenante. A présent que la situation a pratiquement atteint un point de non-retour, il est illusoire de penser pouvoir encore raisonner Nkurunziza qui voit le diable partout et semble s’être définitivement mis dans une posture de jusqu’au-boutiste et de pis-aller pour sauver son trône. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il voit derrière les attaques récentes, « une main étrangère [qui] ne serait pas éloignée de ces actes de déstabilisation». Il ne faut donc pas se voiler la face ni attendre une quelconque introspection sincère du pasteur-président dans le but de trouver une solution consensuelle au problème burundais. Avec Nkurunziza, il n’y a pas de dialogue possible, seul compte l’argument de la force. D’ailleurs, il y a longtemps qu’il a montré sa volonté de ne pas dialoguer, mais d’imposer son seul point de vue, en violation des textes fondamentaux du pays, notamment la Constitution et les accords d’Arusha.

Nkurunziza mériterait d’être débarqué sans autre forme de procès

Et c’est ce qu’il s’est évertué à traduire en actes, par  la répression aveugle, systématique  et sauvage de toute contestation ou ce qui y ressemble. Et  comme il se croit en position de force, la seule chose qui lui importe c’est de faire accepter, fût-ce par le glaive ou le canon, sa forfaiture à ses compatriotes et au monde entier. Nkurunziza n’est donc pas une partie du problème burundais. Il est le problème burundais tout entier. Aussi la communauté internationale se tromperait-elle lourdement, par naïveté, si elle croyait en un possible dialogue avec le boucher de Bujumbura. Car, de toute évidence, Nkurunziza n’est pas prêt à entendre tout discours qui remettrait en cause son mandat indû. Tout pourparler ne lui permet que de gagner du temps et il voit en cela un encouragement à tenir bon pour espérer remporter le bras de fer qu’il a engagé avec son peuple. Dès lors que le pasteur-président s’est résolument engagé sur le chemin de la violence meurtrière et aveugle pour vider son contentieux avec son peuple, la communauté internationale ne devrait pas avoir de scrupules à bannir le mot dialogue de son vocabulaire, ni à hésiter un seul instant à parler le même langage que lui en bandant les muscles, ne serait-ce qu’au nom du droit d’ingérence humanitaire, si tant est qu’elle veuille réellement apporter son assistance à ce peuple en danger. Car, face au terrorisme d’Etat que lui impose son président, le peuple burundais est en droit d’attendre de la communauté internationale une mobilisation à la hauteur du danger d’extermination qu’il encourt de la part d’un président sanguinaire et assoiffé de pouvoir. En un mot comme en mille, Nkurunziza mériterait d’être débarqué sans autre forme de procès, fût-ce manu militari, pour sauver ce qui reste du peuple burundais. Même une force d’interposition de l’ONU risque d’être insuffisante voire inopérante, si elle n’a pas de mandat offensif. En tout cas, l’on a vu les limites du mandat d’interposition sur d’autres théâtres de conflits comme en Côte d’Ivoire par exemple. En tout état de cause, le Burundi n’est pas une jungle pour que Nkurunziza veuille y imposer la loi du plus fort. Il revient alors à la communauté internationale de rappeler énergiquement le pasteur-président à l’ordre et de lui faire comprendre que les Burundais ne sont pas ses sujets. A ce titre, il ne peut pas continuer, impunément, à les massacrer comme s’il avait droit de vie et de mort sur eux. Cela est inacceptable en ce XXIe siècle où tous les peuples aspirent légitimement au droit à la liberté et à la démocratie. Autrement, tous ceux de ses pairs qui sont en train de lui emboîter le pas, ne se feront pas prier pour employer les mêmes méthodes pour se maintenir au pouvoir. L’Afrique n’a pas besoin de cela. C’est pourquoi l’Union africaine est appelée ici et maintenant à sortir de sa mollesse pour montrer plus d’engagement aux côtés du peuple burundais. Ce n’est pas à son honneur que ce soit, une fois de plus, l’Occident qui montre le chemin à suivre, en sonnant le tocsin, par la voix d’un diplomate belge. Cela n’est pas à l’honneur de l’organisation continentale et ne contribue pas à corriger sa réputation de syndicat des chefs d’Etats aux yeux des Africains eux-mêmes. L’UA doit enfin agir. Il y va de sa propre crédibilité.

Outélé KEITA


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