HomeA la uneASSASSINATS DE JOURNALISTES DANS LE MONDE : Tant qu’il y aura des dictateurs et des fanatiques…

ASSASSINATS DE JOURNALISTES DANS LE MONDE : Tant qu’il y aura des dictateurs et des fanatiques…


 

L’année 2015 aura été plus meurtrière que la précédente pour les journalistes à travers le monde. En effet, selon le rapport annuel de Reporters sans frontière (RSF), publié le 29 décembre dernier, cent dix journalistes ont été tués dans l’exercice ou en raison de leur profession, ou sont décédés dans des conditions suspectes. Soixante-sept d’entre eux ont été envoyés ad patres à cause de leur plume ou dans l’exercice de leur mission, affirme l’organisation avec force détails. Un décompte macabre qui fait froid dans le dos, d’autant plus qu’il est supérieur à celui de 2014 qui était de 66 journalistes tués. Deux pays en guerre viennent en tête. Il s’agit de la Syrie avec onze journalistes tués et l’Irak avec dix hommes de médias occis. La France occupe la troisième place avec 8 journalistes tués lors de l’attentat djihadiste contre le journal satirique Charlie Hebdo. Ces chiffres montrent clairement que les journalistes auront payé le prix fort en défendant la démocratie et la liberté de la  presse en 2015. Quand va-ton enfin y mettre le holà? Où en est-on avec le projet d’élévation de tout crime contre un journaliste, au rang de crime contre l’humanité, proposé par le Secrétaire général de l’ONU Bank Ki-Moon ? Doit-on comprendre que tout cela n’a été que du vent? En tout cas, il ne serait pas exagéré de dire que la communauté internationale est quelque part complice du massacre des défenseurs intrépides de la liberté de la presse et de la démocratie. C’est parce qu’elle caresse les bourreaux dans le sens du poil que l’on continue d’assister chaque année à des assassinats de journalistes en Afrique et ailleurs. Si des textes clairs avaient été adoptés par l’ONU pour condamner avec fermeté tous ceux qui s’en prennent aux  journalistes ou pour sanctionner sévèrement les pouvoirs qui les embastillent simplement pour leurs opinions, on aurait certainement et nettement réduit le nombre de crimes commis contre les hommes et femmes exerçant le métier de journaliste.

Le journaliste représente la conscience de l’humanité

Il urge donc d’agir. Mais la chasse aux journalistes n’est pas seulement l’apanage des dictateurs d’Afrique et d’ailleurs. C’est parce que l’intolérance religieuse a pignon sur rue en Occident que des journalistes y perdent la vie,  dans l’exercice de leur profession. Le souvenir de l’attentat de Charlie Hebdo est encore frais dans les mémoires. Pour revenir à l’Afrique, si l’Union africaine avait fait sienne la protection des journalistes, ceux-ci ne seraient pas à la merci des satrapes aux dents acérées. Mais peut-on espérer la protection d’une organisation qui n’arrive même pas à faire respecter sa propre Charte? Si ce “machin” avait encore le souci de son image, il aurait volé au secours du peuple burundais qui souffre le martyre depuis la violation de l’accord d’Arusha par le président Pierre Nkurunziza qui, du reste, l’a humilié  plus d’une fois. Il est vrai que, dans l’exercice de son métier, le journaliste doit avoir constamment à l’esprit que sa plume, son micro ou sa caméra, est plus redoutable que mille baïonnettes réunies. Ce faisant, il doit éviter de heurter la foi des hommes et femmes auxquels il s’adresse. Que vaut encore un Homme qui a perdu la foi dans son rapport à Dieu ? Un croyant qui estime que sa foi a été  bafouée par un journaliste, peut être capable du pire. En tous les cas, les dérapages d’un journaliste ne sauraient aucunement constituer une raison suffisante pour lui ôter la vie.  Cela tient du fait que le journaliste, de par son métier et son regard sur le monde, représente la conscience de l’humanité. Attenter à sa vie, c’est commettre un crime contre l’humanité. Du reste, que serait le monde sans la presse? Certainement une jungle livrée aux barbares. Peut-on construire une démocratie sans la presse ? Assurément non. Au total, tous ces journalistes ont été tués parce qu’ils réclamaient plus de justice, plus de liberté et plus de démocratie. Tout cela, parce qu’il s’en trouve des dictateurs qui ne veulent pas qu’on révèle au grand jour leurs sombres pratiques. Et tant qu’il y aura de vilaines choses à cacher, tant qu’il y aura des satrapes et des fanatiques qui excellent dans le mal et la mal-gouvernance, les journalistes ne seront jamais à l’abri d’exactions. D’où la nécessité de dissuader par des textes contraignants et des mesures fortes, les prédateurs de la presse de commettre l’irréparable.

Dabadi ZOUMBARA    


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