29è SOMMET DE L’UA : De belles résolutions mais…
Les lampions du 29è sommet de l’Union africaine (UA) se sont éteints, hier, 04 juillet 2017, à Addis-Abeba en Ethiopie, au siège de l’institution, sur de belles résolutions parmi lesquelles on peut citer l’acceptation du prélèvement chez les pays membres, de 0,2% sur les produits importés en Afrique, dans l’optique d’un autofinancement de l’institution. Etaient aussi au menu des échanges, la question de l’allègement du calendrier des sommets en vue d’une plus grande efficacité et l’instauration d’une troïka au niveau de la présidence de l’institution, qui comprendrait le président en exercice entouré de son prédécesseur que l’on verrait bien faire office de conseiller et de son successeur putatif que l’on imagine dans un rôle d’immersion, dans le but d’assurer une certaine continuité dans la gestion de l’institution. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’UA semble décidée à opérer sa mue pour mieux répondre aux exigences de l’heure et à ses missions. Et il est heureux de voir que l’absence de certaines têtes couronnées du continent et pas des moindres, n’a en rien entamé la détermination des chefs d’Etat qui ont fait le déplacement d’Addis-Abeba dans le cadre de ce 29è sommet, à avancer sur des sujets qui pourraient marquer un tournant décisif dans la vie de l’institution continentale. Car, si toutes ces belles résolutions arrivaient à prendre corps, cela pourrait insuffler plus de dynamisme à une institution dont on se pose quelquefois des questions sur l’utilité, eu égard à son manque de tranchant sur bien des questions essentielles sur lesquelles elle est souvent attendue. Sur le plan de la mobilisation des ressources par exemple, si l’UA parvient à s’affranchir de la dépendance financière des grandes puissances occidentales et asiatiques qui crachent régulièrement au bassinet pour assurer sa survie, avec bien sûr tout ce que cela sous-entend comme obligations en retour, nul doute que cela lui permettra d’être beaucoup plus autonome dans son fonctionnement, mais aussi plus souveraine dans certaines prises de décisions. Et à en croire certains spécialistes, l’adoption du prélèvement des 0,2% sur les produits importés en Afrique, peut permettre à l’institution de dépasser largement le budget requis pour son fonctionnement.
Ce sommet peut être considéré comme celui de la rupture
Mais encore faudrait-il qu’il y ait un bon taux de recouvrement, quand on sait que dans ces genres de grands regroupements, il faut parfois user du bâton pour amener certains contributeurs à s’acquitter de leurs obligations. L’idéal serait de trouver un mécanisme de prélèvement automatique à la source, pour éviter toute polémique. Toutefois, il faudrait aussi avoir le souci d’instaurer une certaine équité, étant donné que dans le cas d’espèce, il risque inéluctablement d’y avoir de grands contributeurs et de moins grands, les volumes des importations variant d’un pays à un autre. Cela dit, la question de la fréquence des sommets que certains proposaient de revoir à la baisse en une séance annuelle unique, a aussi sa pertinence car, une telle disposition aura non seulement le mérite de faire l’économie d’un sommet avec tout ce que cela sous-entend comme charges, mais aussi d’éviter la pléthore de décisions dont la majeure partie reste finalement sans suite. Ce pourrait donc être une décision de rupture pour une UA en quête d’efficacité. Et l’idée d’instaurer une sorte de troïka dans la présidence de l’Union, pourrait également procéder de cette logique. Toutefois, si une telle disposition est a priori avantageuse à bien des égards, elle n’est pas dépourvue de risques, en cas d’attelage, par la force des choses, de chefs d’Etat aux atomes peu crochus. Dans un tel cas de figure, il est à craindre que cela impacte négativement le fonctionnement de l’institution. En tout état de cause, au regard de toutes ces belles résolutions, ce sommet peut être considéré comme celui de la rupture pour une UA en quête de performances. Mais le combat est loin d’être gagné d’avance, rien qu’à en juger par les résistances de pays comme l’Afrique du sud, l’Egypte ou encore l’Angola à la réforme de la taxe de 0,2% sur les importations. Au regard de cela, l’on peut dire que cette UA-là a assurément encore du chemin à parcourir. Mais l’espoir est permis. Et le geste du doyen zimbabwéen, Robert Mugabe, qui a fait don à l’institution de la somme d’un million de dollars issue de la vente aux enchères d’une partie de son cheptel, peut être vu comme un symbole de ce renouveau d’une Afrique qui veut se prendre en charge, avec ses propres moyens. Pourvu qu’il y ait de la suite dans les idées.
Outélé KEITA