Il n’est pas rare durant ce mois glorieux d’entendre ces propos entre fidèles musulmans : «Pourquoi jeûnes-tu alors que tu ne participes pas à la prière collective dite Tarawih» ? Ce genre de question laisse croire que ces prières collectives nocturnes d’au moins 8 rakahs (ou unités de prière) plus les prières de Châf-Ouîtr (3 rakahs) sont des prières obligatoires. Que nenni ! Ne pas les accomplir n’entache en rien la validité du jeûne. Les longues prières appelées Tarawih, juste après la prière de ichâ’i, ou les veillées nocturnes de prière appelées Qiyyamoul-layl durant les 10 dernières nuits de Ramadan, ne sont pas une obligation religieuse. Ce sont des actes surérogatoires. Des actes qui, d’ailleurs, sont recommandés à être accomplis individuellement. «Ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique », dit cette tradition ou sunna prophétique.
Les prières surérogatoires dites nawâfil sont certes vivement recommandées surtout durant ce mois béni de Ramadan, mais, elles ne sont pas une prescription divine. «Ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique», dit cette tradition ou sunna prophétique (Les traditions islamiques d’El Bokhâri, Tome1, hadith n°2 P.245). Les prières surérogatoires ne doivent donc pas être faites en groupe comme on le constate sous nos cieux. Dans la mesure où nombreux sont les musulmans qui n’ont pas l’habitude de pratiquer la prière de nuit (çalatoul-layl) tant conseillée par le prophète (Pslf). Alors l’occasion leur est offerte à travers le mois de Ramadan de se consacrer un tant soit peu à cette prière. Son importance a été révélée dans le Coran en ces termes : «Ô Mouhammad ! Nous allons te révéler une parole d’une lourde portée (très importante) : La prière de la nuit laisse une empreinte plus forte et permet une attention plus soutenue : tu as, dans la journée, de nombreuses occupations». (Coran Chap.73 : Verset 5 – 7). Selon un récit rapporté par la mère des croyants A’ îcha (Ra) au sujet de cette prière de nuit, il est dit que le Prophète (Pslf) ne dépassait guère 11 rakahs: 8 + 2 + 1. C’est-à-dire 8 rakahs, plus 2 rakahs de Châf et 1 rakah de Ouîtr. Le moment le plus opportun pour rechercher la proximité de Dieu est la nuit, et plus précisément, à l’approche de l’aube, après un premier sommeil, loin des préoccupations du jour et de la fatigue physique et psychique du soir. Le Prophète (Pslf) selon un hadith, a recommandé cette prière aux croyants notamment dans le hadith suivant : «Accomplissez la prière de la nuit, car elle est la coutume des vertueux avant vous ; elle rapproche de Dieu, elle expie les péchés, elle éloigne les maladies du corps et retient l’Homme de commettre le péché». Et l’Imam Hassan askari (Psl) a rapporté que : «Atteindre Dieu est un voyage qui n’est réalisable que par la veille nocturne».
Comment faire la prière de nuit ?
Le temps de cette prière se situe entre le minuit légal et l’aube (Fajr). La prière de la nuit (çalatoul-layl) comporte globalement 11 rakahs : 8 rakahs sous forme de 4 prières de 2 rakahs (comme la prière du matin) ; 2 rakahs appelés « prière de châf » ; 1 rakah appelé « prière de Ouîtr ».
Les composantes les plus méritoires de la prière de la nuit sont les prières de « châf » et de « Ouîtr ». Pour accomplir la prière de la nuit, on peut se contenter de faire les trois rakahs des prières de « châf » et de « Ouîtr », et même si l’on manque de temps, à l’approche de l’Azân du matin, du rakah unique de la prière de Ouîtr. Il est recommandé de réciter les sourates et les do’as suivants :
Dans l’accomplissement de la prière de 8 rakahs sous forme de 4 prières de 2 rakahs, après la fatiha, la sourate « la pureté ou qoul houwallahou » (chapitre 112) dans le 1er Rakah, et dans le 2e Rakah, la fatiha et la sourate « les mécréants ou qoul yâ Ayyou-al kâfiroûna » (chapitre 109).
Dans le premier rakah de la prière de « châf », après la fatiha : la sourate « les hommes ou qoul aoûzou birrabbin-nâss » (chapitre 114), et dans le second rakah, après la fatiha, la sourate « l’aube naissante ou qoul aoûzou birrabbil falaq» (chapitre 113). Dans la prière de « Ouîtr », après la fatiha : 3 fois la sourate « la Pureté ou qoul houwallahou » (chapitre 112), puis 1 fois la sourate « les hommes ou qoul aoûzou birrabbin-nâss (chap. 114) » ; (on peut également se contenter d’une de ces sourates) puis tendre les mains pour le qounout ou do’a. Dans le qounout de cette prière, il est recommandé de lever les mains vers le ciel et d’invoquer Dieu en faveur de quarante (40) croyants et de requérir son pardon pour leurs péchés. En disant : «Allahoumma afwa» : Seigneur pardonne un tel (wa afwa), un tel et ainsi de suite. Ensuite dire 70 fois : « Astaghfiroullâh Rabbi wa atoûbou ilayhi » « Je me repens auprès de Dieu mon Seigneur et je reviens vers lui ». Puis répéter 7 fois : (« Hâzâ maqâmoul’ â’izi bika mina-n-nar » (Telle est la position de celui qui se réfugie auprès de toi contre le Feu »). Répéter à 300 reprises : « al afwa » (absolument »). Puis dire : « Rabbi’ghfirlî warhamnî waa’toubou ilayhi. Innaka anta-tawwâboul ghafoûrou-r-rahîme » (Mon Seigneur ! Pardonne-moi et aie pitié de moi, et accepte mon repentir ! Tu es le Pardonnant, le Miséricordieux par excellence). La prière de la nuit peut être très longue comme elle peut être brève. Ce qui importe avant tout est qu’elle soit accomplie avec une grande attention et avec toute la présence du cœur dont nous sommes capables, afin qu’elle nous aide véritablement à nous rapprocher de Dieu.
Quelques conseils pratiques
Faire une sieste avant ou après la prière de midi peut chasser le stress, et permet donc au croyant de se lever la nuit pour se tenir debout devant son Seigneur. Selon un hadith, le Messager d’Allah (Pslf) a dit : « Prenez la sieste car les démons ne la prennent pas». En somme, il est recommandé non seulement d’avoir une intention pure, mais aussi de se libérer l’esprit et de se reposer pour être prêt à accomplir cette importante prière.
Hamadi BARO (Collaborateur)
Légende :
La meilleure prière surérogatoire est celle faite individuellement
ENCADRE 1
COMPREHENSION
- Pourquoi dit-on que les prières communautaires appelées Tarawih ou Qiyyamoul-layl ne sont pas obligatoires ?
- La prière de nuit comporte combien d’unités de prière (rakahs) ?
INVOCATION DU 5e JOUR (Lundi)
Ce n’est pas une obligation, mais une recommandation à lire chaque jour en arabe ou en français, et à n’importe quel moment ; mieux, après la prière du matin.
« Ô Allah, place-moi durant ce mois parmi ceux qui se repentent, fais de moi, durant ce mois, un de Tes bons serviteurs assidus et fais de moi, durant ce mois, un de Tes adorateurs dévots, par Ta Compassion, Ô le Plus Miséricordieux des miséricordieux ».
Source : Mafâtihoul Djinâne d’Abbas Qoummi
HADITH DU JOUR
Imam Redha (as) a dit : « Celui qui lit un verset du livre d’Allah, le Puissant, le Glorieux, durant le mois de Ramadan, sera considéré comme ayant lu l’intégralité du Qour’ane durant les autres mois ». (Bihar al-Anwar, vol 9, p. 344)
QUESTION-REPONSE
Q : Est-ce que le jeûne s’interrompt si l’homme caresse sa femme pendant le jeûne du mois de Ramadan ?
R : Tant qu’il n’y a pas d’éjaculation de sperme, le jeûne reste ininterrompu. Sinon les caresses ne sont pas loisibles.
Source : Guide pratique du musulman de Sayyid Ali Khaménei
ENCADRE 5
LES PRIERES SUREROGATOIRES (NAWAFIL)
6e nuit (lundi à mardi) entre maghrib et icha-i , 4 rakahs (unités) : Fatiha (1 fois) + Sourate ou Chap.67 Al Moulk (1 fois)
NB : On lance le Salam après chaque 2 Rakahs. A défaut des sourates indiquées, on peut réciter les sourates (chapitres) qu’on connaît, ou qu’on maîtrise, et même se contenter du nombre de rakahs qu’on a pu faire.
Source : Mafâtihoul Djinâne d’Abbas Qoummi