RETROPEDALAGE DU ROI ZULU : Peut-on ramasser l’eau versée ?
Après trois semaines de violences qui ont fait officiellement sept morts et provoqué le déplacement de plusieurs milliers d’étrangers installés en Afrique du Sud, celui dont les propos ont provoqué ces actes xénophobes, le roi zulu en personne, tente de revenir sur ses déclarations, pour décliner toute responsabilité dans ce qu’il convient désormais d’appeler, la honte de la Nation Arc-en-ciel. Pour avoir soutenu publiquement que « les immigrés africains doivent plier bagages et quitter l’Afrique du Sud », le roi des Zulu a ouvert une boîte de Pandore, provoquant une chasse aux immigrés africains par leurs « frères » sud-africains. L’homme dont les propos ont mis à mal toute la respectabilité de la Nation Arc-en-ciel, a pris toute la mesure de son acte et déclare désormais n’avoir pas été bien compris. Il appelle dorénavant à l’arrêt de la violence contre les étrangers. Mieux, il invite ses compatriotes à les protéger. Mais ces manœuvres de colmatage permettront-elles à l’Afrique du Sud de retrouver un jour sa place dans le cœur de tous ces Africains pour qui l’Afrique du Sud est ce que Madiba a toujours voulu de son vivant, c’est-à-dire, une terre pour tous les Africains ? Selon le roi des Zulu, que d’aucuns appellent déjà, « Le roi de la haine », ces violences dirigées contre les étrangers « sont honteuses et prouvent que l’Afrique du Sud n’a rien appris de son passé ». Cette déclaration, en tout cas, est on ne peut plus pertinente. A tel point qu’on est même tenté de dire que c’est la chose la plus rationnelle que le roi ait dite, depuis le déchaînement de la violence contre les étrangers en Afrique du Sud.
Car, nombreux sont les Sud-africains qui se demandent si le roi lui-même connaît vraiment l’histoire de son pays. Ce d’autant plus que, ces immigrés que le roi a appelé à chasser, sont pour la plupart originaires de pays voisins de l’Afrique du Sud, ceux que l’on appelait au plus fort de la lutte contre l’Apartheid, les pays de la ligne de front. Et Dieu seul sait si les populations de ces pays ont payé un lourd tribut pour contribuer à libérer l’Afrique du Sud de l’Apartheid. Franchement, cette sortie du roi des Zulu a été très mal inspirée et causera du tort à l’image de l’Afrique du Sud.
Ce rétropédalage arrive bien trop tard
En attendant, au regard du temps que le roi a mis à revenir sur ses propos, on peut se demander si son appel à l’arrêt de la chasse aux étrangers est sincère, ou s’il est simplement inspiré par l’écœurement et la désapprobation générale que ses propos ont provoquée. Et même si cette repentance du roi zulu est sincère, il faut dire qu’elle ne suffira pas à extirper le germe de la haine que le roi a semé dans le cœur de ses sujets. Non. Ce rétropédalage arrive bien trop tard. Les conséquences des propos sont trop énormes et le roi des Zulu est déjà entré dans l’histoire de l’Afrique du Sud par la porte la moins honorable.
Cela dit, il faut reconnaître que les propos du roi, aussi condamnables soient-ils, n’en traduisent pas moins le sentiment général que la population sud-africaine a de la présence des immigrés sur son sol. Il est courant dans les pays qui connaissent des difficultés sur le plan économique, que les immigrés soient désignés comme l’unique cause des déboires que connaît la population autochtone. L’Afrique du Sud n’échappe pas à cet anachronisme. La rapidité avec laquelle la population sud-africaine a mis en pratique l’appel du roi, montre suffisamment que le roi n’a fait que dire tout haut ce que bon nombre de Sud-africains pensaient tout bas. Du reste, la lenteur de la réaction du président Jacob Zuma tend à confirmer cette thèse. A preuve, aucun reproche officiel n’a été fait par le président à l’endroit du roi. Pas même une décision de criminaliser les actes de xénophobie pour décourager à l’avenir de telles dérives. Evidemment, cet épisode sur la xénophobie permet à Jacob Zuma de détourner l’attention de ses compatriotes de ses propres turpitudes et surtout de son incapacité à trouver des solutions idoines à la crise économique que connaît son pays.
Dieudonné MAKIENI
Yamousoukro
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Un roi d’un autre siècle et un président d’une autre époque, ça ne peut que causer du tort aux sud-africains eux-même d’abord et ensuite au reste de l’Afrique. Shaka Zulu et Mandela dans leur tombe se sont retournés à plusieurs reprises. Honte à ces piteux et pitoyables dirigeants.
23 avril 2015