ECHANGES DE TIRS ENTRE MINUSCA ET HOMMES ARMES A BANGUI : Attention au réveil des vieux démons !
L’opération conjointe menée par la force des Nations unies (MINUSCA) et la police centrafricaine visant à arrêter le chef d’une faction musulmane dans le quartier de PK5 à Bangui, a vite viré au drame. Rien ne s’est passé comme prévu. Car des hommes, armés de grenades et d’armes automatiques, se sont interposés. Les échanges de tirs se sont propagés dans tout le quartier, une bonne partie de la nuit et jusqu’au milieu de la matinée d’hier, 2 août 2015. Bilan : un casque bleu a été tué et huit autres grièvement blessés. Côté civil, on dénombre deux morts et plusieurs blessés, si l’on en croit les chiffres avancés par l’imam de la mosquée Ali Babolo. Ce regain de violence, faut-il le rappeler, n’augure rien de bon, d’autant qu’il peut fragiliser la précaire paix qui règne à Bangui, depuis que les deux frères ennemis que sont les anti-balaka et la Sélaka, de guerre lasse, avaient décidé de fumer le calumet de la paix ; jetant ainsi la rancune à la rivière. Cette accalmie est à mettre à l’actif de la communauté internationale et des trois principaux chefs religieux qui se sont fortement impliqués pour sortir la Centrafrique de la violence et de la terreur qui la caractérisaient, depuis la chute du régime de François Bozizé en mars 2013.
Il faut faire preuve de discernement
Seulement voilà. Il faut craindre que cette tentative d’arrestation d’un chef musulman ne soit mal interprétée par les éléments de la Séléka qui pourraient y voir une répression dirigée contre certains de ses mentors. C’est en cela que l’on en vient à s’interroger sur l’opportunité de l’opération menée conjointement par la MINUSCA et la police centrafricaine. Etait-ce une priorité de l’heure ? On peut répondre par la négative, dans la mesure où la Centrafrique traverse encore une période délicate, sensible et trouble marquée par la méfiance entre les acteurs. Le plus urgent de l’heure en Centrafrique est le retour à la normale devant conduire à l’organisation d’élections libres et transparentes. Il faut donc faire preuve de discernement pour ne pas compromettre les acquis arrachés au prix de maints accords. A la MINUSCA et aux autres forces en présence de ne pas jouer le jeu des pêcheurs en eaux troubles, au risque de réveiller les vieux démons qui pourraient compromettre les échéances censées ramener la Centrafrique sur la voie d’un Etat normal.
B.O