ABSENTEISME CHRONIQUE DE DEPUTES AUX SESSIONS DU CNT : C’est vilain pour l’image de la République
J’adresse à tous, mon salut fraternel, même si je sais que certains d’entre vous rejetteront cette marque de fraternité à cause de mon statut de fou. Ce n’est pas mon salut qui est le plus important, mais le sujet que je vais évoquer avec vous, un sujet qui risque de déplaire à certains ; vous allez savoir pourquoi. Conseil national de la Transition (CNT), vous le connaissez très certainement. C’est l’organe législatif de la Transition composé de 90 membres venant des partis politiques affiliés à l’ex-Chef de file de l’Opposition politique, des organisations de la société civile, des Forces de défense et de sécurité ainsi que des partis politiques de l’ancienne majorité. Le rôle du député, c’est de voter les lois, consentir l’impôt et contrôler l’action du gouvernement, conformément aux dispositions de la Constitution et de la Charte de la Transition.
Vous convenez avec moi que les parlementaires du CNT jouent un rôle très capital, au même degré que le pouvoir exécutif et celui judiciaire. En tant que représentant du peuple, surtout du peuple insurgé, chacun des députés de notre CNT doit faire preuve d’engagement dans l’action, de probité morale, de don de soi et de sens aigu de la responsabilité. Un représentant du peuple n’est pas n’importe qui, donc il ne se comporte pas n’importe comment. Voilà pourquoi d’ailleurs, nous autres fous, nous n’avons pas de représentants au CNT. Mais cela ne veut pas dire que je me désintéresse de ce qui se passe du côté de l’ancien l’Hôtel des députés.
Je suis donc attentif à tout ce qui s’y déroule. Je constate que le CNT mouille le maillot, comme disent couramment les sportifs. En faisant un petit bilan dans ma tête quand bien même « gnagami[1] », je me rends compte que le président Chérif Sy et ses collègues ont opéré, de par leur travail législatif, des réformes qui vont impacter positivement l’environnement sociopolitique et économico-institutionnel du Burkina Faso. Je citerai, entre autres, le nouveau Code minier, la loi anti-corruption, la loi sur les violences faites aux femmes et aux filles, la loi sur l’assurance-maladie universelle, la mise en place de la Haute Cour de justice, les statuts des militaires et j’en oublie, même s’il est vrai qu’il y a des grincements de dents par rapport à certaines lois. Seulement voilà, à quelques semaines de la fin de leur mandat, je ne peux pas accorder un total satisfécit aux honorables du CNT. Loin de là. Pourquoi ? Parce que j’ai remarqué des actes et des comportements de leur part, qui n’honorent pas la République.
Ça ne fait pas responsable
La dernière fois où je me suis hasardé à aller suivre une séance plénière au CNT, j’ai vu des « honorables » se comporter très mal. Il y a ceux qui sortaient sans cesse ; ceux qui ne participaient pas aux débats ; on est assis au fond de la salle, occupé à autre chose, comme manipuler sa tablette ou son Ipad. Je me suis demandé, mais « c’est quelle pagaille ça ? ». Je ne suis pas le seul à avoir observé ces choses. Selon certains témoignages, il y a même des députés qui font « l’école buissonnière », ou plutôt, « le parlement buissonnier ». Vrai ou faux ? Je ne saurais le dire. Mais je constate seulement que pour certaines sessions, la salle est dégarnie. Est-ce parce que la salle est trop grande pour le nombre de députés présents ? De toute façon, rarement je n’ai entendu que les députés étaient tous au complet. Ce qui contribue à ne rien arranger en termes d’image de la République. Par exemple, à la séance de vote de la loi sur la dépénalisation des délits de presse, il y avait 53 députés. Où étaient les 37 autres ? Je sais que, conformément au règlement intérieur et aux activités du CNT, certains parlementaires ont eu des absences justifiées. Sur ce volet, je n’ai rien à redire. Mais si d’aventure, il y en a qui s’absentent juste parce qu’ils ont l’intention de garantir d’autres « gombo » ailleurs, ou parce que les émoluments servis sont en deçà de leurs attentes, là, je suis obligé de m’insurger comme le bon peuple burkinabè, car cela remet en cause la qualité du travail parlementaire et pire, pose un problème d’éthique.
On a critiqué vertement certains députés de l’ancien régime parce qu’ils dormaient pendant les séances plénières ou parce qu’ils s’occupaient à autre chose qu’aux missions à eux assignées ; donc, ce n’est pas normal que le parlement du « Plus rien se sera comme avant », reproduise les mêmes travers ou même fasse pire. Dans tous les cas, tout travail mérite salaire et j’ai entendu dire « que celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ». Les députés absentéistes pour des motifs farfelus, accepteront-ils de renoncer ou renonceront-ils à leurs indemnités ? N’gaw ! Si on refuse de leur donner les indemnités, leur bouche, c’est certain, va devenir kilométrique, allongée par la colère et les insultes. En tout cas, cet absentéisme chronique n’est pas joli à voir. Ça ne fait même pas responsable. Et cela n’honore pas ces Burkinabè qui se sont battus, certains, jusqu’à perdre la vie, pour que « plus rien ne soit comme avant dans ce pays ».
Le Fou
[1] Traduction littérale : mélangé ou embrouillé
Megd'
/
Le fou, c’est parce d’une part, il n’y a pas un règlement qui sanctionne les fautifs. Si une sanction pécuniaire les dissuadait, tu verra qu’ils seront toujours présent.
D’autre part, parce que ceux qui sont là-bas n’ont aucun niveau intellectuel pour certains. Ce n’est pas si simple pour d’autres de sortir de l’obscurité à la lumière. Alors, ils ne comprennent rien aux charabia législatifs.
Dans tous les cas, en fin 2016 soit 1 an après la fin de leur mandat, vous verrez que certains vont commencer à vendre leurs biens “mal acquis”.
11 septembre 2015