BRAS DE FER ENTRE POUVOIR ET OPPOSITION AU NIGER : Surenchère politique et mauvaise foi
Après l’arrêt rendu par la Cour constitutionnelle, le 30 mars dernier, confirmant la réélection de Mahamadou Issoufou pour un mandat de 5 ans, l’opposition nigérienne a une nouvelle fois rué dans les brancards en réitérant son mot d’ordre de désobéissance civile pour compter du 2 avril 2016, date correspondant au début du mandat du président nouvellement réélu. En continuant à contester l’arrêt pourtant insusceptible de recours, de la Cour constitutionnelle, les opposants réunis au sein de la COPA 2016 s’inscrivent dans une logique de défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat et tout simplement de la légalité, en pariant sur les risques d’instabilité qui pourraient déboucher sur le délitement des institutions et par voie de conséquence, sur la formation d’un gouvernement de transition, comme beaucoup en rêvent dans la coalition. Au regard des résultats officiels de la présidentielle, on peut douter de la réalisation de ce rêve, l’opposition ayant été pour ainsi dire laminée à l’issue du second tour par le parti au pouvoir (92,51% pour le président sortant contre 7,41% pour le candidat de l’opposition). Si on ajoute à ce score stratosphérique de Mahamoudou Issoufou, le fait bien connu que les opposants nigériens, même couchés sur la même natte, ne font jamais les mêmes rêves, on peut déjà imaginer que le scénario le plus plausible serait non pas une désobéissance civile comme prélude à un gouvernement de transition, mais plutôt une obéissance aux règles du jeu démocratique qui ouvrirait la voie à un gouvernement d’union nationale comme l’a du reste proposé le président Issoufou. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter tous ces sophistes des temps modernes qui dirigent la COPA 2016, qui disent et se dédisent, et quelquefois même se contredisent, en faisant miroiter les juteuses fonctions ministérielles qu’ils pourraient être amenés à occuper. En vérité, chaque camp affûte et exhibe ses armes pour contraindre l’autre à accepter in fine la paix ou plutôt le gouvernement « des braves », sans pour autant donner l’impression d’avoir trahi ses partisans en acceptant, toute honte bue, de se courber pour ramasser les fruits que le maître des lieux, le président de la République en l’occurrence, voudrait bien faire tomber du haut de son arbre gouvernemental. Le climat politique actuel apparemment tendu et lourd de conséquences, pourrait bien s’apaiser les jours à venir, car tout porte à croire que chacun des principaux acteurs s’en tirera à bon compte. D’abord, le président Mamadou Issoufou réélu avec un taux de participation jugé relativement faible, sait qu’il doit composer avec ses adversaires pour pouvoir tenir solidement la barque, surtout que le Niger est quotidiennement menacé aux quatre points cardinaux par des terroristes qui n’ont cure du bras de fer entre le pouvoir et l’opposition, sur fond de surenchère politique et de mauvaise foi. Ensuite il y a le fait que, la COPA 2016 remue ciel et terre pour sortir la tête hors de cette eau électorale particulièrement saumâtre du fleuve Niger, parce que beaucoup de leaders dans ce regroupement, savent qu’après la « fessée électorale » que leur a administrée le parti au pouvoir, ils ne pourront politiquement rebondir qu’au sein d’un gouvernement d’ouverture ou d’union nationale. Enfin, Hama Amadou, arrivé deuxième à l’issue du dernier scrutin, sait mieux que quiconque qu’avec son résultat désastreux au second tour et en l’absence d’une majorité au Parlement, son dossier judiciaire sur la peésumée « supposition d’enfants » lui restera enchainé aux pieds comme un boulet, s’il rejette l’idée du dialogue et du gouvernement inclusif prônée par le président Issoufou. La récente liberté provisoire dont il a bénéficié dans le cadre de cette même affaire, est le signe évident que de son côté, en tout cas, les lignes ont bougé, quoi qu’en puissent dire les chantres de l’indépendance de la justice.
Au total, les menaces proférées à la cantonade par les uns et les propos triomphalistes des autres, ressemblent plus à une pièce théâtrale savamment écrite et destinée à l’électorat nigérien, qu’à une volonté réelle des deux parties d’en découdre. Elles savent bien que leur pays le Niger n’a pas intérêt à ce que ses fils et filles se battent comme des chiffonniers, au moment où c’est l’union sacrée qui devrait être plutôt de mise face aux menaces terroristes récurrentes qui pèsent sur son existence en tant qu’Etat.
Hamadou GADIAGA
silbi
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C’est déplorable pour votre journal ! Vous avez toujours pris position dès le début des élections . vous roulez pour le pouvoir en place au détriment de la population. La réalité n’est pas ce que vous racontez et plutôt ce que le peuple vit. Vous ne faites qu’aggraver la situation pour le pouvoir en place. Il prétend être élu à 92,49% alors pourquoi s’alarmer s’il est sincère de ce score ? Les 6% restant de la population ne peuvent pas l’empêcher de gouverner.
1 avril 2016