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MUNICIPALES DU 22 MAI : « Le MPP a distribué l’argent comme on n’en a jamais vu au Burkina Faso », selon le CFOP


Un grave recul démocratique ! C’est ce qu’a noté l’opposition politique, après avoir fait le bilan des élections municipales du 22 mai dernier. Elle l’a fait savoir lors d’un point de presse tenu le 30 mai 2016, au cabinet du Chef de file de l’Opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré,  à Ouagadougou.

 

Concernant les élections municipales, l’Opposition politique a noté un grave recul démocratique, eu égard aux violences qui ont émaillé le scrutin du 22 mai 2016 et aux tentatives de fraudes massives. Citant le président du Faso qui, à propos des violences, a déclaré que le Rubicon avait été franchi, l’opposition a indiqué qu’il avait oublié de mentionner que celles-ci étaient le fait de son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). C’était le 30 mai dernier, lors du point de presse du Chef de file de l’opposition politique (CFOP).  « Dans toutes les localités où il y a eu violence, tout est parti soit de l’invalidation de la liste MPP, soit d’une bagarre entre militants du MPP et de son allié, le NDT », a soutenu le CFOP, dans sa déclaration lue par Lassané Ouédraogo de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA). Pour l’opposition politique, le parti au pouvoir a tout mis en œuvre pour empêcher le vote là où ses listes étaient hors course, ce qui est très grave, selon elle, pour un parti supposé donner l’exemple de bonnes pratiques démocratiques.

Qu’à cela ne tienne, le CFOP a dit prendre note de la décision de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de reporter l’élection dans certaines communes. Néanmoins, il prévient que lors de la reprise des élections, seules les listes qui avaient été validées pourront concourir. « L’opposition n’acceptera pas que l’on permette au MPP de revenir dans le jeu », ont prévenu Zéphirin Diabré et ses camarades. Pour ce qui est du faible taux de participation à ces consultations électorales, il découle selon l’opposition, de la grande désillusion des Burkinabè qui ne croient plus en l’utilité du vote ; ce qui interpelle le pouvoir en place et plus généralement, la classe politique dans son entièreté.

Mais le plus grave, a indiqué l’opposition, c’est « la corruption électorale généralisée » qui a marqué ces municipales. « Le MPP a distribué l’argent comme on n’en a jamais vu au Burkina Faso », a soutenu le CFOP, tout en assurant avoir les preuves de cette allégation. En effet, en plus de brandir l’écrit du professeur Etienne Traoré paru dans un canard de la place et dénonçant la corruption durant ces municipales, les chefs de partis politiques de l’opposition présents au point de presse ont témoigné de faits de corruption auxquels ils ont assisté. Pour eux, nul doute qu’en plus d’inonder les villages avec des billets de banque, le MPP a utilisé le chantage ; celui du genre, « les communes qui ne voteront pas le MPP seront boycottées par le pouvoir ».

 

6 054 sièges obtenus sur 19 152

 

L’Opposition politique a également déploré la mise à disposition tardive de la subvention pour les municipales, notamment à 4 jours de la fin de la campagne électorale. Ce qui a eu pour conséquence de permettre au parti au pouvoir seul, de disposer de moyens financiers conséquents pour faire campagne. Toutefois, sur les 19 152 sièges à pourvoir, l’opposition s’en tire avec 6 054, un score jamais atteint par elle sous la 4e république. A ses élus locaux, l’Opposition politique a rappelé la nécessité de suivre scrupuleusement les directives qui émanent du CFOP. Ceux qui ont des intérêts doivent comprendre que l’intérêt supérieur de l’Opposition doit primer sur les leurs, a dit le CFOP. D’autant que selon Zéphirin Diabré et ses camarades, la corruption électorale pour « acheter » les conseillers a déjà commencé.

La question de la loi 081  portant statut de la Fonction publique a été évoquée par l’Opposition politique. Selon elle, le gouvernement fait du dilatoire quant à l’application de cette loi qui est un des acquis de l’insurrection populaire. Pour ce qui est du nouveau délai d’application prévu pour juin, le CFOP a indiqué qu’elle  apportera « son soutien actif et sans faille au monde syndical si le régime en place ruse une fois de plus avec les droits légitimes des travailleurs ».

La nomination de Lassané Savadogo à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) s’est également invitée dans les débats. Pour l’opposition, « cette nomination traduit  la volonté du régime en place de poursuivre une tradition de pillage des ressources publiques ». Elle a donc réitéré son appel au chef de l’Etat de s’occuper fermement de cette question. Aussi, a-t-elle souhaité que les « Organisations de la société civile sincères et non compromises » reprennent leur rôle de surveillance de la gouvernance nationale.

Parlant de la situation sécuritaire, l’Opposition politique a demandé au gouvernement de redoubler d’efforts et de tout mettre en œuvre pour arrêter les terroristes qui ont endeuillé le Burkina Faso. Sur le plan de la Justice, le CFOP s’est indigné des procédures bâclées et des lenteurs suspectes qui l’entachent. Il a dénoncé ce qu’il qualifie d’immixtion du pouvoir dans le dossier du putsch et les détentions de personnes dans le cadre dudit dossier qui se prolongent sans explication.  « S’il y a une institution qui n’a pas encore fait son insurrection au Burkina Faso, c’est bien la Justice », a dit Victorien Tougouma. Et de demander que le gouvernement crée les conditions afin que le procès dans le cadre du putsch du 16 septembre 2015 se tienne le plus rapidement possible.

 

Thierry Sami SOU

 

 

 

A PROPOS DE LA CORRUPTION ELECTORALE

 

Les animateurs du point de presse du CFOP ont estimé qu’il y a eu une corruption électorale généralisée lors des municipales du 22 mai dernier. « Chaque délégué  MPP des 26 villages de la commune de Bagré dans le Passoré a reçu entre 30 000 et 50 000 F CFA pour l’achat de conscience », a expliqué Victorien Tougouma du MAP. La veille du vote, ils donnaient 1 000 FCFA par ci, 2 000 FCFA par là pour que les gens puissent changer de position.

Au niveau du Yatenga, il y a également des éléments de preuve, a confié Me Gilbert Noël Ouédraogo. Le président par intérim du MPP a assisté à une rencontre dans le village de Youba où il a été précisé en sa présence que 100 sacs de riz ont été déposés dans le village la veille. Un chèque de 5 millions de F CFA remis par le président par intérim du MPP a également été présenté. Et la condition pour toucher ce chèque était que le MPP remporte les 3 sièges de conseillers du village. Séance tenante, 300 000 F CFA dont 100 000 F CFA pour chacune des franges de la population que sont les femmes, les jeunes et les anciens ont été remis.

Le jour du vote, au secteur 5 de Ouahigouya, les candidats distribuaient des billets de 10 000 F CFA à ceux qui votaient. Avant de remettre cet argent, les électeurs devaient faire une photo du bulletin de vote avec la case qu’ils ont cochée avec leur téléphone portable. Par 2 fois, la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) a dû intervenir.

Sur la même lancée, Mamadou Kabré du PRIT/Lanaya a confié que dans l’arrondissement 9 de la ville de Ouagadougou, ses militants ont été débauchés à coup de billets de 10 000 F CFA. Il a ajouté qu’au téléphone, les candidats Sorgho Zacharie du PRDF et Balima Issa de l’UFC, lui ont assuré que la pluie de billets de banque qui s’est abattue sur Tenkodogo les avait carrément noyés.

« Vous pouvez vous renseigner au niveau de la gendarmerie de Gaoua. Des véhicules de l’Action sociale ont déchargé des vivres de l’action sociale au siège du MPP à Gaoua. Et ces véhicules ont été saisis», a confié Achille Tapsoba du CDP. Et Zéphirin Diabré de renchérir que ces actes ont été posés par un membre du gouvernement ressortissant de ladite province.  « Nous avons posé plainte pour ce genre de pratique qui relève d’un abus visible et exagéré des biens de l’Etat à des fins électoralistes. La plainte a été déposée le 17 mai par des partis de l’opposition », a-t-il dit.

 

T.S.


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