COUP D’ETAT AVORTE EN TURQUIE : Gülen pour une enquête internationale
Après le coup d’Etat avorté en Turquie, les responsables de ce pays ont vite indexé l’opposant Fethullah Gülen comme étant l’instigateur de ce coup de force déjoué par le régime de Erdogan. Mais depuis son exil au pays de l’Oncle Sam, le chef de la confrérie des Fethullahci nie toute implication et demande une enquête internationale pour faire la lumière sur ce putsch qui aura fait des centaines de morts. Lisez plutôt l’annonce !
L’opposant turc Fethullah Gülen a une nouvelle fois condamné la tentative de coup d’Etat. “Je condamne dans les termes les plus fermes, la tentative de coup d’Etat militaire en Turquie”, a dit Fethullah Gülen dans un communiqué.
“Pour quelqu’un qui a souffert de nombreux coups d’Etat au cours des cinq dernières décennies, il est tout à fait insultant d’être accusé d’avoir un lien quelconque avec une telle tentative. Je réfute catégoriquement de telles accusations”, a-t-il ajouté.
Gülen demande une enquête internationale sur cette affaire
“Ce qui pourrait être dit au sujet du dernier incident, s’il y a vraiment une telle allégation concernant les gens que je connais et soi-disant que je dirige et orchestre, je demande qu’une organisation internationale enquête sur cette affaire pour savoir si oui ou non, une telle chose existe, et qu’elle décide en conséquence. J’accepterai les conclusions de l’enquête, même si elle est mensongère, même s’il y a de l’argent versé et que les documents sont signés et remplis avec calomnie, je souhaite qu’une organisation internationale le fasse.”
Les Etats-Unis veulent faire partie de cette commission d’enquête internationale. Mais quelle sera la réaction du gouvernement turc? Affaire à suivre.
Gülen rejette les accusations
Fethullah Gülen, accusé par le président turc d’avoir orchestré le coup d’Etat manqué du 15 juillet, a rejeté les accusations. Devenu l’ennemi public numéro un du régime turc depuis la révélation des affaires de corruption en 2013, Fethullah Gülen a été encore une fois pointé du doigt par Tayyip Erdogan qui l’accuse d’être l’instigateur du putsch manqué du 15 juillet. Las d’être présenté sans cesse comme à l’origine de tous les maux qui touchent la Turquie, l’imam en exil a demandé la création d’une commission internationale ayant pour but de faire toute la lumière sur cette tentative de coup d’Etat. “On ne parvient pas à la démocratie par une intervention militaire”, a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il respectait toute personne élue par le peuple. Il a également fait part des rumeurs sur un simulacre de coup d’Etat visant à assurer une fois pour toute l’emprise d’Erdoğan sur le pays. “Il y a une petite probabilité”, a-t-il avancé.
En effet, quelques heures après la tentative de putsch, la police turque a lancé une chasse à l’homme contre les partisans supposés de Gülen. Deux juges de la Cour constitutionnelle, 48 juges du Conseil d’Etat, 140 juges de la Cour de cassation et plus de 2 700 magistrats, ont été arrêtés ou font l’objet d’un mandat d’arrêt. Au total, 6 000 personnes ont été placées en détention, selon le ministre de la Justice. Le pouvoir essaie de montrer depuis deux ans que le mouvement Gülen est une organisation terroriste armée au même titre que le PKK. Mais aucune preuve n’a été jusqu’alors apportée. Dès le soir du putsch, Erdogan avait lancé : “Vous voyez qu’ils sont armés”, saisissant ainsi l’occasion d’appuyer ses dires. Voir lien : https://www.zamanfrance.fr/article/putsch-manque-en-turquie-gulen-rejette-accusations-demande-creation-dune-commission
Qui est Fethullah Gülen ? Qui sont les gülenistes et pourquoi sont-ils cités par Erdogan ?
Marie Jégo : Fethullah Gülen est le chef de la confrérie des Fethullahci (adeptes de Fethullah), un courant affilié au mouvement religieux sunnite Nurcu (« adeptes de la lumière »). Depuis l’époque ottomane, les confréries religieuses ou tarikat constituent un puissant maillage de la société civile. Démantelées par Atatürk en 1925, elles se sont maintenues dans la clandestinité pour resurgir sur le devant de la scène à la fin des années 1950.
Avec l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002, ces ordres mystiques ont gagné un poids considérable, négociant leur soutien avec les partis pendant les élections, réclamant des privilèges, se frayant un chemin au sein des institutions. Appelés parfois « les jésuites de l’islam », les Fethullahci à leur apogée, ont créé des milliers d’écoles partout dans le monde (Afrique, Balkans, ex-URSS). L’enseignement n’était pas religieux, aucune tenue religieuse n’était exigée des enseignants.
Le 17 décembre 2013, la brouille a éclaté entre les deux alliés avec le scandale dit des « écoutes téléphoniques ». La divulgation des conversations privées de plusieurs hauts responsables – dont M. Erdogan, à l’époque Premier ministre – jeta une lumière crue sur la corruption au plus haut niveau de l’Etat. Suivie attentivement par les médias, l’affaire mit le gouvernement dans l’embarras. Le numéro un turc vécut cet épisode comme un coup de poignard dans le dos.
La Justice se dépêcha de clore le dossier des écoutes et jeta son dévolu sur les lanceurs d’alerte. Ce fut le début du grand nettoyage contre les gülenistes, lequel n’a jamais faibli depuis. Voir lien :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/07/16/turquie-les-reponses-a-vos-questions_4970652_3214.html?xtref=https://t.co/7Fj7tenDbZ
L’ONG Alliance for shared values, liée au mouvement Gülen, a catégoriquement rejeté cette accusation
« Depuis plus de 40 ans, Fethullah Gülen et les sympathisants du Hizmet appellent à la paix et à la démocratie. Nous avons constamment dénoncé les interventions militaires. Ce sont les valeurs cardinales du Hizmet. Nous condamnons toute intervention militaire en Turquie. Les événements se déroulent de manière rapide sur le terrain et il serait irresponsable pour nous de spéculer sur eux. Nous restons préoccupés par la sûreté et la sécurité des citoyens turcs et de ceux qui sont actuellement en Turquie. Les commentaires faits par les pro-Erdogan sont hautement irresponsables ».