PROJET DE CANDIDATURE UNIQUE CONTRE ALI BONGO : Un pas dans la bonne direction

Alors que la campagne pour la présidentielle bat son plein, une partie de l’opposition et de la société civile gabonaises a enfin décidé de trouver un candidat unique pour affronter Ali Bongo dans les urnes, le 27 août prochain. En effet, deux poids lourds de l’opposition, en l’occurrence Guy Nzouba Ndama, ancien président de l’Assemblée nationale et Casimir Oyé Mba, ex-Premier ministre, viennent d’annoncer leur ralliement derrière la candidature de Jean Ping, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Omar Bongo Ondimba et ancien président de la Commission de l’Union africaine. Reste à savoir si les autres candidats de l’opposition en feront autant, dans la mesure où bon nombre d’entre eux n’ont pas adhéré au projet. Mais c’est déjà une avancée notable, un pas dans la bonne direction, quand on sait qu’en Afrique, il est rare de voir une opposition s’unir, se mobiliser comme un seul homme en vue de proposer un candidat unique pour faire face à un président sortant et candidat à sa propre succession. Et les raisons de cette dispersion des forces, en sont multiples: d’abord, le prince régnant qui n’entend pas céder le fauteuil à un autre, use, le plus souvent, de tous les moyens, y compris la corruption, pour empêcher l’opposition de s’unir.  Ensuite, il y a le fait que les ego surdimensionnés des opposants africains, les empêchent généralement de s’accorder sur un porte-étendard. A cela s’ajoutent les idéologies différentes que défendent les uns et les autres, même si, en la matière, on a souvent plus affaire à la défense des intérêts œsophagiques qu’idéologiques.  Et les opposants gabonais ne font pas l’exception.

Vouloir changer de fusil d’épaule à moins de deux semaines du scrutin, pourrait s’avérer inopérant

A preuve, ils n’ont pas réussi à fédérer leurs énergies autour d’un seul homme dès le dépôt des candidatures, chacun préférant être tête de rat que queue de lion. Casimir Oyé Mba et Guy Nzouba Ndama viennent de poser un acte fort s’il en est, un geste élégant qui les honore et les grandit. Le reste de l’opposition gabonaise a intérêt à opter pour la même posture, à parler d’une seule voix et à aller en rangs serrés dans sa quête du changement. Souhaitons donc que ces opposants surprennent agréablement en réussissant à désigner un seul gladiateur de taille pour affronter Ali Bongo dans l’arène. S’ils y parviennent, ce sera à leur honneur. Car, comme le dit l’adage, « l’union fait la force » ; surtout face à Ali Bongo qui soulève déjà des milliers de foules à travers le pays. Une candidature unique de l’opposition est d’autant impérieuse qu’il s’agit d’un scrutin à un seul tour. Les opposants gabonais ont fait preuve d’immaturité politique au départ, si bien que l’on en vient à se demander si le sursaut de dernière minute de Oyé Mba et de Nzouba Ndama,  produira un réel effet à même de provoquer le changement. On a la faiblesse de croire que non. Car, « ce n’est pas le jour de la battue qu’on dresse un chien ». Autrement dit, vouloir changer de fusil d’épaule à moins de deux semaines du scrutin, face à un candidat dont le bilan est jugé largement positif, pourrait s’avérer inopérant. Mais comme on le dit, « il n’est jamais tard pour bien faire ». Ce qu’il faut surtout regretter, c’est que les opposants aient cru au départ qu’en surfant sur la filiation du président Bongo, ils parviendraient à l’écarter de la course à la présidentielle. Ce projet n’ayant pas abouti et voyant qu’ils sont bien partis pour mordre la poussière, sur cette lancée, ils cherchent à présent à minimiser les dégâts. Les deux candidats qui semblent s’être résolument inscrits dans cette logique, font œuvre utile. Et il faut les féliciter pour cela.

Dabadi ZOUMBARA