CRISE AU SEIN DU PARTI AU POUVOIR EN AFRIQUE DU SUD : Jacob Zuma survivra-t-il au revers de l’ANC aux municipales ?
Sale temps pour le président sud-africain, Jacob Zuma ! C’est le moins que l’on puisse dire. Car, en plus de ses démêlées judiciaires qui n’en finissent pas, le numéro 1 des Sud-africains fait désormais face à une véritable fronde au sein de son parti, l’ANC. En effet, très remontés après la débâcle de leur parti aux dernières législatives, des membres de l’ANC ont appelé à manifester, hier, 5 septembre 2016, contre Jacob Zuma. Et le lieu choisi revêt tout un symbole : Occupy Luthuli House qui n’est rien d’autre que le Quartier général (QG) de l’ANC. Les contestataires parmi lesquels on compte l’ex-président du Conseil des étudiants de l’Université de Wits et un ex-leader de la Ligue des jeunesses de l’ANC, exigent le départ pur et simple du président Zuma qu’ils accusent de tous les péchés d’Israël, s’ils ne le considèrent pas comme la source de leurs malheurs. Jacob Zuma survivra-t-il au revers de l’ANC aux dernières législatives à l’issue desquelles d’importantes villes comme Pretoria, Johannesburg, Port-Elisabeth et Durban, sont passées entre les mains de l’opposition ? Rien n’est moins sûr. Car, il faut le dire. Même si les leaders de l’ANC s’emploient à défendre bec et ongles Zuma, certains militants, eux, ne cachent pas leur agacement, estimant qu’il est temps de siffler la fin la récréation. C’est donc un tournant décisif dans l’histoire de l’ANC qui, aujourd’hui plus qu’hier, se retrouve à la croisée des chemins. Ce n’est pas jouer les Cassandre que d’affirmer que le parti est au bord de l’implosion. Car, ce n’est pas exclu que frustrés pour n’avoir pas été entendus, les militants qui réclament à cor et à cri le départ de Zuma, aillent voir ailleurs, en créant, qui sait, leur propre parti politique. Du reste, c’est ce qu’a fait Julius Malema qui, depuis des lustres, n’avait de cesse d’attirer l’attention des uns et des autres sur les dérives du président Zuma. Finalement, l’histoire semble lui donner raison puisque ceux qui, à l’époque, défendaient Zuma, sont devenus subitement ses pourfendeurs. Ils ont compris le danger qui les guettait, en témoigne la bérézina de l’ANC aux municipales du 3 août dernier.
Ce ne sont pas les compétences qui manquent au sein de l’ANC pour lui permettre d’opérer une mue
C’est donc clair. Avec Zuma comme capitaine du bateau, le naufrage est inévitable, surtout que le navire a déjà maintes fois connu des avaries. Malheureusement, c’est ce que n’ont pas compris certains comme le porte-parole de l’ANC, par exemple, qui, en plus de condamner cet appel à la mobilisation contre Zuma, interdit aux manifestants le droit d’occuper le QG du parti, allant jusqu’à les accuser de vouloir semer le chaos. Or, tout le monde sait que si chaos, il y a à l’ANC, c’est bien le président Zuma qui l’aura créé avec ses frasques et ses pitreries à nulles autres pareilles. En tout cas, s’il y a bien quelqu’un qui a dû plusieurs fois se retourner dans sa tombe, c’est Nelson Mandela dont l’héritage est ainsi bradé. C’est pourquoi, plutôt que de faire l’autruche, Zuma et le comité exécutif national de l’ANC dont la gestion est décriée, gagneraient à décrypter soigneusement la clameur qui monte au sein du parti ; pour autant qu’ils ne veuillent pas répondre un jour devant le tribunal de l’Histoire. Le vice-président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, n’avait-il pas lui-même déclaré au lendemain des municipales, qu’une introspection s’imposait à toute épreuve ? On le prend au mot. Car, on attend de voir ce qu’apportera comme changement une telle introspection, si tant est qu’elle ait lieu. Mais une chose est sûre. Ce ne sont pas les compétences qui manquent au sein de l’ANC pour lui permettre d’opérer une mue. Loin s’en faut !
Boundi OUOBA