VIOLENCES EN LIBYE :L’introuvable paix
La Libye s’enfonce chaque jour un peu plus dans un désastre humanitaire sans précédent. Après les enlèvements de personnalités, les attentats à la voiture piégée et les attaques suicides, les milices tribales et les groupes armés islamistes ont fini par transformer ce pays en un vaste champ de bataille où les coups de canons se font entendre à longueur de journée et où les tirs d’obus répondent aux tirs de missiles de toutes sortes.
Tous les amis d’hier ont plié bagages
Tripoli, Benghazi, Misrata, bref aujourd’hui, il n’existe pas le moindre mètre carré en Libye où le terme sécurité a encore un sens. La Libye, il faut le dire, est à l’heure actuelle un véritable volcan en ébullition. Un volcan sur lequel dansent ses fils de façon consciente ou non. La Libye sortira-t-elle un jour de cet enfer ? Et qui l’y aidera ? Bien malin qui répondra à ces questions que se posent les Libyens pris entre les feux nourris des belligérants.
Prenant la mesure du danger, les pays occidentaux, USA, France, Angleterre, Italie, bref, tous les amis d’hier qui avaient accouru pour aider les Libyens à se débarrasser de Kadhafi, ont plié bagages, ont quitté le navire libyen juste avant qu’il ne s’embrase totalement. Pire, l’appel au secours adressé à la communauté internationale par ce qui restait de l’Etat libyen, est resté sans suite. Et que dire de la CENSAD et de l’Union africaine (UA) qui semblent avoir oublié qu’elles comptent parmi leurs membres, un Etat appelé Libye ? Ce pays, aujourd’hui, a touché le fond. Mais peut-on, dans les conditions actuelles, accuser la communauté internationale de non-assistance à Etat en danger ? Si on peut lui reconnaître une grande part de responsabilité dans la chienlit actuelle, pour n’avoir pas assuré « le service après vente » après la chute du colonel Mouammar Kadhafi, il faut reconnaître que la principale responsabilité incombe avant tout à ces nombreuses milices qui sont prêtes à brûler le pays, juste pour faire main basse sur les différents champs pétroliers. Et puis, les différents appels au calme n’ayant jamais reçu le moindre écho favorable, quelle solution la communauté internationale peut-elle apporter à la Libye ?
Les Libyens eux-mêmes ne savent plus ce qu’ils veulent pour leur pays
Comment les Libyens eux-mêmes accueilleront-ils une force armée occidentale dans leur pays, quand on sait que ces Occidentaux n’échappent pas à la furie des milices, en atteste l’assassinat de l’ambassadeur américain Christopher Stevens à Benghazi ? Tout ces paramètres sont à prendre en compte car rien ne garantit, aujourd’hui, que les milices islamistes qui, en général, ont une sainte horreur de l’Occident, accepteront un débarquement des « suppôts de Satan » sur leur sol. Et c’est peut-être aussi là que se trouve tout le nœud du problème libyen. Comment concilier deux doctrines diamétralement opposées : la laïcité et l’islamisme ? Pourtant, si rien n’est fait pour arrêter cette folie meurtrière, il y a fort à parier que d’ici un an, il ne restera plus rien de ce pays qui faisait la fierté de la plupart des Etats africains. Par ailleurs, qu’adviendra-t-il des Etats voisins de la Libye, et sans doute de toute l’Afrique occidentale, si les groupes djihadistes venaient à prendre le dessus et à créer un Etat islamique comme c’est le cas en Iran ? En attendant, la situation semble complètement hors de tout contrôle. Les Libyens eux-mêmes ne savent plus ce qu’ils veulent pour leur pays. C’est à se demander même s’ils pensent encore à un destin commun.
Dieudonné MAKIENI