LIBERALISATION DU SECTEUR DE L’ENERGIE ELECTRIQUE : Une politique de vision
La semaine dernière, les députés ont voté à l’unanimité la loi portant règlementation du secteur de l’énergie au Burkina Faso. L’objectif de cette loi qui vient à point nommé, est de résoudre la crise énergétique récurrente à laquelle font face de nombreux pays africains dont le nôtre, où le secteur de l’énergie se caractérise par une forte dépendance des sources d’énergies d’origine fossile. La demande est si forte que la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) n’arrive pas à répondre aux attentes des populations. Et comme pour ne rien arranger, la règlementation en vigueur (loi n°53-2012/AN du 17 décembre 2012) ne permettait l’installation de producteurs indépendants d’électricité que dans les zones couvertes par le réseau national et faisait de la SONABEL l’unique acheteur. C’est pourquoi la nouvelle loi portant règlementation générale du secteur de l’électricité, qui autorise l’installation de producteurs indépendants, est salutaire à tout point de vue, tant elle permettra, du moins on l’espère, une meilleure électrification du pays. Cela n’avait que trop tardé. Car, dans la plupart des Etats de la sous-région, la tendance est à la suppression des monopoles pour aller vers une libéralisation d’une partie du secteur de l’énergie électrique. C’est, du reste, ce que souhaite la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui œuvre pour la mise en place d’un marché régional d’électricité, d’où la création du « West African Power Pool ». Certes, pour revenir au cas spécifique du Burkina Faso, l’accès à l’énergie était devenu, et cela d’année en année, une véritable préoccupation, si fait qu’en temps de canicule, tous les secteurs d’activités qui dépendent de l’électricité, en prennent un sérieux coup. Certes, il faut le dire, la SONABEL, ces dernières années, a fait d’énormes efforts pour réduire les délestages, mais le mal perdure toujours. Est-ce parce que la demande dépasse l’offre ?
La libéralisation du secteur de l’énergie électrique n’est pas synonyme de pagaille
Si tel est le cas, la libération du secteur de l’énergie ne peut qu’être saluée de tous, y compris la SONABEL qui se voit ainsi délestée de certains monopoles. Certes, elle garde toujours le monopole de la distribution, mais la production, quant à elle, n’est plus l’apanage d’une seule «boîte», pour employer ce terme si cher aux Burkinabè, qui désigne une grande société d’Etat qui brasse de gros sous. Du reste, certains ont vu en cette libéralisation, un risque énorme de pressurage du consommateur. Ce qui n’est peut-être pas faux, puisque si les prix ne sont pas maîtrisés, certains producteurs indépendants pourraient en faire à leur tête en augmentant les tarifs selon leurs humeurs. Mais qu’à cela ne tienne ! Ces « commerçants véreux » disparaîtront d’eux-mêmes, si la concurrence est forte. Car, l’Etat ne laissera pas là où c’est moins cher pour aller voir là où on va le matraquer. Ceux qui pensent déjà qu’ils ont trouvé là une belle occasion pour s’enrichir, doivent se le tenir pour dit : la libéralisation du secteur de l’énergie électrique n’est pas synonyme de pagaille. Cela dit, il revient à l’Etat de bien encadrer les choses pour que, comme il le dit, le taux d’accès à l’électrification au Burkina qui est actuellement de 19%, puisse atteindre la barre de 80% en 2020. C’est la condition pour une bonne mise en œuvre de cette politique de vision qu’il vient d’adopter et qui, si elle réussit, permettra d’illuminer le Burkina Faso jusque dans les moindres coins et recoins. Donc, on attend de voir. On prend le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré au mot.
Sidzaba