SACCAGE DU SIEGE DU FPI :Chronique d’une décadence annoncée
Alors que l’on était toujours à deviser sur l’incroyable empoignade entre deux leaders du FPI (Front populaire ivoirien), en l’occurrence Moïse Lida Kouassi, précédemment ministre d’Etat, ministre de la Défense et de la protection civile, et Raymond Abouo N’Dori, précédemment ministre de la Santé, puis de la Construction et de l’urbanisme, au cours d’une réunion du comité central, le samedi dernier, l’on apprenait, deux jours plus tard, que le siège dudit parti était l’objet de saccage de la part d’individus inconnus.
Il y a longtemps que l’unité de façade a volé en éclats
Selon le témoignage de Franck Anderson Kouassi, porte-parole du mouvement, les vandales n’y sont pas allés de main morte, s’attaquant au personnel, saccageant les bureaux, déchirant des dossiers et emportant du matériel informatique.
Au-delà des faits, cette attaque suscite beaucoup d’interrogations. Quel est l’objectif visé ? Qui sont les agresseurs ? Que cherchaient ou recherchaient-ils ? Ont-ils été envoyés ou bien ont-ils agi de leur propre chef ? A qui profite le crime ? Autant de questions que l’on peut se poser.
De prime abord, l’on peut dire que la proximité des deux faits laisse voir un lien de cause à effet. D’autant plus que depuis quelque temps, l’antagonisme entre les deux camps, au sein de ce parti, est un secret de Polichinelle. Les militants sont à couteaux tirés et il y a longtemps que l’unité de façade a volé en éclats pour faire place à des divergences au grand jour. Partant de ce postulat, il y a donc fort à parier que ce soit une affaire FPI-FPI, qui s’inscrit en droite ligne des derniers développements.
La violence n’a jamais résolu un problème
Si cela s’avérait, ce serait la chronique d’une décadence annoncée, pour ce parti qui a marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire. Car, si au sein du FPI, les cadres sont incapables d’accorder leurs violons, il ne reste plus qu’à chacun d’aller créer son parti, à l’instar de Mamadou Koulibaly qui, dès le départ, a claqué la porte pour porter sur les fonts baptismaux son propre parti. Dans ces conditions, le parti court inéluctablement vers une implosion. Et ce ne serait plus qu’une question de temps, compte tenu des positions tranchées des deux camps. Aussi cet acte pourrait-il annoncer des jours encore plus difficiles pour le parti, si les uns devaient répondre aux autres, du tac au tac. Quoi qu’il en soit, le FPI ne fait que renforcer dans certains esprits, l’image de la violence qui lui colle à la peau. Cette violence qu’il a souvent utilisée comme arme contre ses adversaires, et dont le retour de manivelle lui revient à la figure, au moment où il recherche ses marques et est traversé par de forts courants antagonistes. Oui, le FPI est à la croisée des chemins et joue sans doute son avenir, voire sa survie. Car, la violence n’a jamais résolu un problème.
De toute évidence, cette guerre au sein du FPI pourrait profiter au parti au pouvoir, parce que cela contribuerait à affaiblir l’adversaire! Mais les autorités politiques actuelles auraient tort de ne pas se préoccuper de ce qui se passe au FPI, d’autant plus que de tels actes peuvent bien être l’étincelle qui pourrait déclencher un brasier. Et la Côte d’Ivoire n’a pas besoin de cela.
En tout état de cause, l’on pourrait dire, à la lumière de la crise que traverse le parti, que qui sème la violence, récolte la tempête. Est-ce le chant du cygne pour le FPI ? L’avenir nous le dira.
Outélé KEITA