FERMETURE DU CONSULAT SCHENGEN PAR LES AUTORITES KINOISES : Bruxelles doit rester ferme
La répression aveugle et meurtrière de la marche des laïcs catholiques, le 21 janvier dernier, qui ont tenté de battre le pavé pour exiger l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre censé barrer la route à Joseph Kabila pour un troisième mandat présidentiel, a suscité de nombreuses réactions de condamnation à travers le monde. Mais celle qui semble avoir le plus agacé le satrape de Kinshasa, c’est celle du ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui, par un tweet, s’est « insurgé contre la répression des rassemblements pacifiques en RDC », tout en demandant au Conseil des affaires étrangères (CAE) de l’Union Européenne (UE) de prendre «des actes concrets pour garantir enfin le respect des droits les plus élémentaires », sans pour autant oublier de rappeler « la nécessité de garantir la tenue d’élections crédibles en 2018. » De quoi raviver la tension diplomatique entre la RDC et l’ex-puissance coloniale dont les relations ont commencé à se dégrader fortement, depuis que le pouvoir de Kinshasa s’est montré hostile à l’accord de la Saint-Sylvestre, pourtant arraché au bout de longues tractations impliquant le clergé congolais et les protagonistes de la scène politique. Soit dit en passant, le 10 janvier, le gouvernement belge annonçait déjà une révision fondamentale de sa coopération avec Kinshasa. Et comme tout régime tyrannique aux abois, les autorités kinoises ont décidé de prendre des mesures de rétorsion contre la position du Royaume de Belgique par rapport à cette crise de l’alternance qui a déjà laissé de nombreux Congolais sur le carreau. Ainsi donc, elles n’ont pas trouvé mieux que de déclarer, hier jeudi 25 janvier, la « cessation immédiate » des activités de la nouvelle agence belge de développement (Enabel) et le “démantèlement du dispositif consulaire” dit Maison Schengen à Kinshasa, qui permet de gérer les demandes de visas court-séjour de nombreux pays européens. En sus, le régime de Kabila a fait savoir que la RDC n’a plus besoin de l’aide à la coopération de la Belgique. Autrement dit, le pouvoir congolais est dans la posture de rompre ses relations diplomatiques avec Bruxelles qui, contrairement à bien d’autres pays occidentaux qui font dans l’hypocrisie totale, a décidé de frapper Joseph Kabila au porte-monnaie, afin de le contraindre à renoncer à ses velléités d’un troisième mandat. On peut dire que cette stratégie d’asphyxie financière du régime congolais pourrait être payante, eu égard à sa réaction épidermique. C’est dire que Bruxelles doit rester ferme, face à cette dictature qui est en train de s’installer en RDC. Esseulé de plus en plus, Kabila fait dans la politique de l’autruche. Sinon, on ne sait pas en quoi renoncer à l’aide à la coopération de la Belgique peut amener son pays à revoir sa position si ce n’est que ce sont les populations congolaises qui vont trinquer.
La blancheur de la barbe est-elle forcément signe de sagesse ?
Il faut le dire, en décidant de se mettre à dos les confessions religieuses avec l’Eglise catholique en tête après avoir réduit à quia l’opposition et la société civile, Joseph Kabila se lance dans une aventure qui pourrait lui être fatale. Car, en marchant sur les cadavres de ses compatriotes pour se maintenir au pouvoir, l’homme fort de Kinshasa compte s’en sortir en privilégiant le langage de la poudre et des gaz lacrymogènes au dialogue avec ses contempteurs. Cela dit, l’on ne comprend pas sa réticence à appliquer l’accord de la Saint-Sylvestre 2016 censé sortir le pays de la crise politique dans laquelle il s’est englué et qui le met pratiquement dans l’impasse face à l’intransigeance de l’opposition qui demandait ici et maintenant son départ du pouvoir, à l’expiration de son deuxième mandat constitutionnel en 2016. Un entêtement qui contraste avec la blancheur de sa barbe que l’on pourrait considérer pourtant comme un signe de sagesse.
Drissa TRAORE