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SOMMET DE BRUXELLES SUR LE FINANCEMENT DU G5 SAHEL : L’albatros va-t-il enfin prendre son envol ?


Annoncé depuis plusieurs mois, à grand renfort de publicité comme la solution à la menace djihadiste dans le Sahel ouest-africain, la force du G5 Sahel tarde à prendre ses marques pour aller véritablement au contact des terroristes. Pour cause, les difficultés à boucler le budget de 400 millions d’euros que nécessite son fonctionnement. Aussi, cette force anti-terroriste qui doit voir la mutualisation des forces des armées des cinq pays concernés, tel un albatros, se trouve pratiquement clouée au sol, faute de pouvoir déployer  ses grandes ailes dans le vaste Sahel ouest-africain, par manque de moyens financiers suffisants pour aller à la traque des mauvais garçons qui y troublent régulièrement le sommeil des populations. C’est pour trouver solution à cette question que se tient, ce 23 février à Bruxelles en Belgique, une conférence des donateurs à l’effet de boucler le budget de fonctionnement de cette armée sous-régionale afin de la rendre entièrement opérationnelle.

L’espoir est permis

Prennent part à ce sommet, une vingtaine de chefs d’Etat dont ceux des cinq pays du Sahel, autour du président français, Emmanuel Macron qui porte pratiquement l’initiative à bout de bras, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ainsi que de hauts responsables de l’ONU. Déjà, l’Elysée se félicite de cette mobilisation sans précédent qui, à son avis, «est la preuve d’une prise de conscience collective de l’importance du Sahel pour la stabilité de l’Afrique et, au-delà, de l’Europe ». Comme quoi, l’espoir est permis, pour permettre à la force conjointe de voler de ses propres ailes à l’effet de remplir sa difficile mission de traque des terroristes sur laquelle tous les espoirs sont fondés. L’albatros va-t-il donc enfin prendre son envol ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite. C’est pourquoi l’on ne peut que souhaiter que ce fameux budget soit enfin bouclé pour laisser place à l’action. Car, de Bamako à Paris en passant par Niamey et même New York, l’on a perdu  beaucoup de temps et d’énergie dans les réunions, sur la question de l’opérationnalisation de cette force commune. Mais jusque- là, les lignes peinent à bouger véritablement, surtout pour combler le gap, puisqu’à ce jour, plus de la moitié du budget a été mobilisée. Notamment avec le concours de l’Union européenne qui s’était engagée pour 50 millions d’euros et qui devrait en engager 50 autres, des Etats-Unis d’Amérique qui ont promis une aide bilatérale globale de 60 millions de dollars, de l’Arabie Saoudite qui a annoncé une contribution de 100 millions d’euros, des Emirats arabes unis qui s’engagent pour 30 millions d’euros et des cinq pays du G5 Sahel qui doivent chacun mettre 10 millions d’euros dans la balance, sans oublier les 8 millions d’euros de la France, surtout en matériel. Pendant ce temps, les terroristes ne se font pas prier pour continuer leurs basses besognes et leur travail de sape sur le terrain,  fauchant par-ci par-là d’innocentes vies humaines au sein des populations et des forces de défense et de sécurité. D’ailleurs, pas plus tard que le 21 février dernier, deux soldats français ont péri dans l’explosion d’une mine artisanale au Mali. Quelques semaines plus tôt, précisément le 25 janvier dernier, c’est une vingtaine de civils burkinabè et maliens qui étaient tués dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule près de la ville de Boni dans le centre du Mali. Pendant ce temps, les forces de défense et de sécurité sont sur la brèche à l’intérieur des frontières de chaque pays, pour donner la réplique à un ennemi toujours aussi insaisissable qu’imprévisible.

En aidant l’Afrique à se protéger, l’Europe et l’Amérique couvrent aussi leurs arrières

C’est dire si malgré les progrès notables dans la collecte des fonds, il y a urgence à aller beaucoup plus vite en besogne. Car, tout porte à croire que la campagne médiatique autour de l’opérationnalisation de cette force commune n’est pas étrangère au regain d’activité des terroristes qui semblent s’être engagés dans une course contre la montre, en multipliant les attaques sur le terrain. De ce point de vue, l’on peut certes penser qu’il aurait fallu être beaucoup plus discret pour mieux espérer prendre l’ennemi à l’improviste, mais il y a lieu de croire que cette publicité était aussi nécessaire pour décider certains donateurs à cracher au bassinet. Quoi qu’il en soit, il est impératif qu’au sortir de cette rencontre de levée de fonds à Bruxelles, la question du nerf de la guerre ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Cela, pour ne pas contraindre ses promoteurs à recourir à un plan de secours au cas où la moisson serait en deçà des attentes. En tout état de cause, on est allé trop loin dans la mise en place de cette force commune pour vouloir reculer maintenant. Une telle éventualité n’est même pas à envisager à l’étape actuelle des choses, d’autant plus que la force du G5 Sahel a fini de faire la preuve qu’elle est aujourd’hui la meilleure alternative pour lutter efficacement contre les fondamentalistes qui profitent de la porosité des frontières pour commettre leurs forfaits et se replier tranquillement de l’autre côté de la frontière. Il est donc grand temps que l’albatros du G5 Sahel prenne son envol. La sécurité de toute la sous-région en dépend, voire au-delà. Surtout en ces moments où, traqués de toutes parts en Syrie et en Irak, la probabilité est  grande que les extrémistes religieux jettent leur dévolu sur cette zone qui apparaît aujourd’hui comme le ventre mou de la lutte contre le terrorisme dans le monde. En tout état de cause, en aidant l’Afrique à se protéger, l’Europe et l’Amérique couvrent aussi leurs arrières. Il n’y a donc pas à hésiter à mettre la main à la poche.

« Le Pays »


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