SYLVAIN W. OUEDRAOGO, DGESS DU MINISTERE DES SPORTS ET DES LOISIRS : « Notre département a la plus faible dotation budgétaire »
Le directeur général des études et des statistiques sectorielles (DGESS), Sylvain W. Ouédraogo, a, dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder le lundi 26 mars dernier, présenté la situation actuelle de la structure qu’il dirige depuis mars 2016 et dévoilé sa vision pour transformer qualitativement la gestion du sport et des loisirs dans notre pays. Suivons ses propos.
« Le Pays » : Depuis quand votre structure existe-t-elle et quel est son rôle ?
Sylvain W. Ouédraogo : La Direction générale des études et des statistiques sectorielles (DGESS) est une structure transversale qui existe dans tous les ministères. Au départ, c’était des Directions des études et de la planification (DEP). A partir des années 2010-2011, il y a eu une réorganisation afin de valoriser un peu plus ces directions techniques qu’étaient les DEP en les érigeant en directions générales. D’où la naissance de la DGESS pour prendre en charge tout ce qui est planification et statistiques au niveau des ministères.
Quelle est la part des statistiques dans le développement du sport au Burkina Faso ?
Les statistiques sont ce qui guide la décision pour toutes autorités dans chaque structure. Pour ce qui est du département des Sports et des loisirs, il va sans dire que sans statistiques, il n’y a pas de référence. Pour pouvoir mesurer les performances, il faut toujours avoir une valeur de référence. De même, pour pouvoir prendre des décisions qui puissent améliorer les choses, il faut toujours des valeurs de référence. C’est pour dire que les statistiques demeurent vraiment une page tangible pour pouvoir aller de l’avant dans le domaine des sports et des loisirs. Mais pour ce qui est de notre département, elles sont à un niveau embryonnaire. Les statistiques ne sont pas proprement développées. Toujours est-il que nous essayons de donner un coup de fouet à cette initiative, pour pouvoir faire bouger les lignes parce que depuis 2008, année où le ministère a produit le premier annuaire statistique, ce n’est que l’année dernière que le second est sorti. A un moment donné, il n’y avait pas de données statistiques fiables dans le ministère.
Quels en sont les acquis ?
Pour le moment, avec l’appui du Fonds national pour la promotion des sports et loisirs (FNPSL), nous avons pu produire les premiers documents statistiques, notamment l’annuaire statistique 2016. Nous avons pu élaborer tous les quatre bulletins trimestriels de l’année 2017. Il nous fallait aussi élaborer le tableau de bord, mais nous n’avons pas eu assez de moyens pour le faire. Mais cette année, nous pensons y arriver avec l’appui de nos autorités.
Quel est l’apport de votre direction dans la promotion du sport au Burkina Faso ?
Nous assurons la planification de toutes les actions du département des sports et des loisirs et dans ce sens, nous sommes au four et au moulin pour tout ce qui est réforme. Nous impulsons l’action en faisant une planification de tout ce qui est relatif aux infrastructures, à la gouvernance et au niveau de tout ce qui concerne l’organisation autour des structures du sport et des loisirs. Donc, nous contribuons, à tous les niveaux, au développement du sport et des loisirs.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?
Nos difficultés sont surtout d’ordre matériel et financier. On a vraiment un budget très réduit. Quand je prenais la direction de cette structure en mars 2016, elle n’avait comme budget que 1 500 000 F CFA. Donc, vraiment, ce n’était rien du tout. Mais l’année passée, nous avons pu avoir une soixantaine de millions. Cela nous a permis de réaliser certaines actions, notamment la production de documents statistiques et l’élaboration de la Politique nationale des sports et des loisirs qui est le référentiel du département du ministère des sports et des loisirs. Nous avons aussi des difficultés d’ordre matériel. Je peux citer comme exemple, le mobilier de bureau. Nous n’avons pas d’ordinateurs. Pourtant, nous sommes une structure qui devrait être à la pointe de la technologie. Cependant, vous remarquerez que nous n’avons pas de connexion internet. Nous sommes obligés de nous débrouiller avec des clés de connexion qui, souvent, ne fonctionnent pas. Au niveau organisationnel également, il faut revoir le mode de fonctionnement de tout le département, parce qu’il y a souvent des attributions qui se chevauchent. Cette situation ne permet pas la bonne exécution des actions de la structure.
Avez-vous le sentiment que vos enquêtes sont prises en compte par les autorités ?
Je pense que ce que nous faisons, va en droite ligne avec les missions assignées au premier responsable de notre département qui est le ministre des Sports et des loisirs. Nous n’agissons pas en dehors de ces missions. Il va de soi qu’il doit nous accompagner. Mais comme je le disais tantôt, ce sont surtout les moyens financiers qui manquent. Le ministère qui est au parfum de nos difficultés, est aussi confronté à ce type de problèmes, parce que notre département est celui qui a la plus faible dotation budgétaire. Et cela se ressent dans la répartition au niveau des structures. Une structure comme la nôtre, devrait convenablement être bien dotée pour pouvoir réaliser un bon travail. Maintenant, pour ce qui est de l’accompagnement des autorités, aussi bien au niveau national que départemental, je pense que le sport au niveau national est d’une importance capitale dans le développement économique et social d’un pays. Et le président du Faso l’a affirmé dans son programme présidentiel. Cela a même été inscrit dans le PNDES. Donc, à ce titre, nous pensons que nous sommes pris en compte. Seulement, ce sont les moyens qui font défaut.
Avez-vous fait cas de vos difficultés au nouveau ministre des Sports et des loisirs ?
Le ministre, dès son installation, a rencontré toutes les structures pour s’imprégner de leurs difficultés. Nous avons déjà eu une prise de contact avec lui. A cette occasion, nous lui avons parlé des insuffisances de notre structure. En retour, il a donné sa vision par rapport à sa mission et les attentes du monde sportif. Nous allons nous revoir pour parfaire tout cela afin de faire face aux grands défis. Sachez que le ministre est en train de faire une tournée dans toutes les régions du pays, pour constater de visu les difficultés de ses collaborateurs. A l’issue de cette tournée, nous comptons mettre en place un comité qui va réfléchir sur tout ce que les autres structures, au niveau central comme déconcentré, ont émis comme préoccupation pour pouvoir améliorer les choses. Notre prochain CASEM aura pour thème « l’opérationnalisation de la politique nationale des sports et loisirs pour une optimisation des performances du secteur ». Ce thème renferme presque toutes nos préoccupations. « Le sport et les loisirs, un levier du développement du capital humain pour un secteur créateur de richesses, facteur de cohésion nationale contribuant au rayonnement international du Burkina Faso ». Voilà notre vision, dans cette politique nationale des sports et des loisirs. L’objectif global est de transformer qualitativement la gestion du sport et des loisirs pour la création de richesses, la cohésion nationale, le bien-être social et le rayonnement international du Burkina Faso. Pour pouvoir y arriver, il va falloir revoir totalement au niveau du département, toute l’organisation, sans oublier qu’au niveau institutionnel, il va falloir mobiliser des ressources pour une meilleure communication. Il faut que nous puissions agir dans tous ces domaines, pour être en phase avec les orientations de ce nouveau référentiel du département qui est en cohérence avec le programme présidentiel et le PNDES. Nous pensons donc qu’à l’issue des débats à Bobo-Dioulasso où se tiendra cette 37e session du CASEM du ministère des Sports et des loisirs, nous aurons des conclusions et des orientations qui vont nous permettre d’améliorer notre cadre organisationnel, institutionnel, pour l’atteinte des objectifs du PNDES.
Interview réalisée par Seydou TRAORE