TRAFIC DE MEDICAMENTS CONTREFAITS :Tout le monde est interpellé
L’Afrique est le dépotoir du monde. En proie à la misère et à l’ignorance, elle ingurgite sans discernement tous les produits venant d’ailleurs. Ainsi, les guimbardes et autres cercueils roulants de l’Occident repu, sont prisés sous nos tropiques. Les dégâts sont immenses et multiples. Les maladies qui y sont liées font froid dans le dos. Et que dire des préjudices d’ordre environnemental ? Pourtant, personne ne s’en émeut, à commencer par les gouvernants. Plus grave encore est le trafic des médicaments de contrefaçon dont l’Afrique, à en croire l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est le paradis.
Le consommateur prend rendez-vous avec la mort
Selon l’organisation onusienne, le phénomène est devenu un véritable problème de santé publique. Les conséquences sont effroyables. « Plus de 100 000 décès par an sont liés au commerce de médicaments de contrefaçon ».
Dans le même registre, selon l’Organisation mondiale des douanes (OMD), le marché africain est alimenté par l’Inde et la Chine. La corruption aidant, les faux médicaments traversent allègrement nos frontières en toute impunité, pour ensuite envahir les villes et campagnes où ils tuent les populations, dans la plus grande indifférence des autorités. Même les pharmacies modernes n’échappent pas au phénomène. Certaines se sont assises sur l’éthique et la déontologie liées à la profession, pour se livrer au juteux et criminel commerce de médicaments contrefaits. Dans ces conditions, se procurer des produits en pharmacie aujourd’hui en Afrique, pour se soigner, c’est jouer à la roulette russe. On peut tomber sur le bon comme sur le mauvais produit. Dans la deuxième hypothèse, le consommateur prend rendez-vous avec la mort et dans le meilleur des cas, s’expose à des maladies collatérales.
Face à de telles pratiques éhontées, le consommateur est totalement désarmé. Il lui est difficile de reconnaître le bon grain de l’ivraie, d’autant plus que l’étiquetage et l’emballage sont souvent imités à la perfection. Le drame est que les gouvernants africains semblent afficher un silence criminel devant le phénomène. Les actions ponctuelles et hautement médiatisées qu’ils mènent contre les personnes qui vendent les médicaments sans en savoir l’autorisation, dans la rue, dans les kiosques ou sur les marchés, sont inopérantes et souvent ridicules.
Les gouvernants doivent en assumer en partie la responsabilité
La réalité est que la santé des populations est le cadet des soucis des personnes qui les gouvernent. La vente illicite des médicaments n’est d’ailleurs pas isolée. Elle est un élément qui s’intègre harmonieusement dans le système sanitaire de bien des pays africains. Les ravages liés à la fièvre rouge ont permis de découvrir l’étendue de cette triste réalité.
L’on pourrait invoquer la pauvreté et l’ignorance des populations pour justifier leur attachement aux médicaments de la contrefaçon, mais là aussi , ce sont les gouvernants qui doivent en assumer en partie la responsabilité.
En effet, l’Afrique est le continent de tous les paradoxes. Alors que son sous-sol regorge de toutes les richesses, ses fils et ses filles sont exposés à la précarité, à l’analphabétisme et à la maladie. Pendant ce temps, la caste de ceux qui détiennent les manettes du pouvoir, se prélasse dans le lucre et le luxe. L’on peut même dire que la situation dans laquelle se trouvent les populations, en termes de problèmes de santé et d’éducation, est machiavéliquement provoquée et exploitée par les princes, pour les tenir dans le besoin permanent pour in fine, en faire un bétail électoral disposé à les accompagner pour un bol de riz dans leurs forfaitures contre la démocratie.
Et ils ne se gênent pas à en appeler à ce même peuple, sous prétexte qu’il est souverain, pour s’accrocher au pouvoir. Lorsqu’il s’agit de s’occuper des vrais problèmes de ce même peuple, les gouvernants africains sont soit aux abonnés absents, soit en train de tendre, toute honte bue, la sébile aux autres à qui ils ont souvent l’outrecuidance de demander de ne pas s’ingérer dans leurs affaires intérieures.
Sidzabda