8 ANS APRES L’ASSASSINAT DE FLORIBERT CHEBEYA EN RDC
Le mystère reste entier
Il y a 8 ans, jour pour jour, que Floribert Chebeya, Secrétaire exécutif de l’ONG de défense des droits humains «La Voix des Sans-Voix», répondant à une invitation du chef de la Police de l’époque, le Général John Numbi Tambo Banza, s’était rendu en compagnie de son chauffeur à l’Inspection générale de la Police nationale congolaise (PNC). Il n’en ressortira pas vivant, son corps ayant été retrouvé sans vie le lendemain et portant des signes évidents de tortures. La dépouille mortelle de son compagnon d’infortune, elle, n’a jamais été retrouvée. Suite à la pression nationale et internationale, le régime du président Joseph Kabila a organisé un simulacre de procès qui a réussi le tour de force de condamner à vie un policier, sans inquiéter outre mesure le suspect numéro 1 du crime, le Général John Numbi. Certes, face à la clameur publique, Joseph Kabila avait contraint l’homme, un tant soit peu, à la clandestinité, mais le présumé commanditaire n’a jamais été inquiété.
En ce huitième anniversaire de la disparition tragique de l’activiste des droits humains, les organisations congolaises de défense et de promotion des droits de l’Homme, réunies au sein d’un collectif, refusent d’oublier et maintiennent la flamme de la mobilisation pour que toute la lumière soit faite sur ce double crime. Mais seront-elles entendues ? Rien n’est moins sûr.
Et pour cause. L’assassinat de Floribert Chebeya remonte jusqu’au cœur du pouvoir congolais et constitue, de ce fait, un crime d’Etat.
L’espoir n’est pas perdu dans ce dossier
Il est donc tout à fait illusoire, tant que Joseph Kabila sera au pouvoir, de croire que le voile du mystère se lèvera sur cet odieux assassinat. Les ONG de défense des droits humains et les partisans de l’alternance démocratique en République Démocratique du Congo, ont plutôt même du souci à se faire avec le retour depuis quelque temps, du Général Numbi Tambo Banza aux premières loges du Quartier général des forces de sécurité congolaises. Le pouvoir de Joseph Kabila envoie, par la réhabilitation de cet ogre aux dents sanguinolentes, des signaux d’avertissement à tous ceux qui s’opposent à un passage en force du président pour un troisième mandat. La machine de la répression est en tout cas installée.
Cela dit, l’espoir n’est pas perdu dans ce dossier qui, mutatis mutandi, ressemble à l’affaire Norbert Zongo au Burkina Faso. Car, la lueur pourrait venir de la Justice internationale, avec le procès ouvert contre le Major Paul Mwilambo au Sénégal. En attendant que le dossier connaisse des rebondissements favorables à la manifestation de la vérité qui puisse permettre de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les commanditaires et les exécutants, les militants des droits de l’Homme peuvent se consoler avec cette réflexion du Professeur Joseph Ki-Zerbo qui, évoquant le dossier Norbert Zongo, disait, en substance, qu’il existe trois tribunaux auxquels l’homme ne peut échapper : celui de la conscience, celui de l’histoire et enfin celui de Dieu.
SAHO