DEMANDE DE REPORT DE LA CAN PAR LE MAROC :Face à Ebola, aucun sacrifice n’est de trop
La fièvre Ebola continue de faire des ravages. On le sait, elle a atteint maintenant l’Occident. Quant à l’Afrique, la comptabilité macabre a franchi la barre des 4 000 morts. A Madrid en Espagne, une aide-soignante atteinte par le virus, continue de lutter contre la mort, et la peur a conduit des pays du Nord à renforcer les contrôles à leurs frontières. Comble de malheur, malgré l’intensification des recherches pour trouver un vaccin, la maladie ne semble pas avoir dit son dernier mot. Le Maroc à qui la Confédération africaine de football (CAF) a confié l’organisation de la CAN 2015, vient de saisir cette instance en vue de son éventuel report, justement pour cause d’Ebola. Faut-il s’étonner de cette décision du pays du roi Mohamed VI quand bien même aucun cas n’a été détecté au Maroc ? Assurément, non, au regard de la psychose que fait peser ce mal dans les esprits. Ebola qui a réussi la prouesse de toucher tous les domaines d’activités (sport, art, culture, etc.), a certainement déjoué tous les pronostics du président de la CAF, Issa Hayatou, et des dirigeants du monde sportif africain, quand on sait que le report d’un évènement d’une telle envergure n’est pas sans conséquences.
Mais, il faut aller au-delà de l’émotion et comprendre les autorités marocaines qui avaient, depuis fin août, annoncé la mise en place d’une commission nationale chargée de préparer un plan sanitaire contre Ebola, dans la perspective de la CAN. Si la CAN 2015 devait réellement être reportée, ce serait une décision sage pour la survie du football africain et celle de ses populations.
On peut comprendre en effet cette décision des autorités marocaines, qui privilégient la protection de la santé de leurs populations au détriment de l’aspect festif, médiatique, touristique et même pécuniaire. D’autant que la santé publique n’a pas de prix.
En prenant une telle décision, le Maroc en mesure toutes les implications
Le ministère marocain de la Santé, en faisant cette sortie pour demander le report de la CAN 2015, s’inquiète d’une propagation du virus Ebola durant la compétition. La demande du report de la CAN par le Maroc, qui a jusque-là affiché une solidarité à toute épreuve envers les pays touchés par l’épidémie car étant de nos jours le seul pays, via sa compagnie nationale Royal Air Maroc, à avoir maintenu des liaisons aériennes avec les pays frappés de plein fouet par ce mal, est d’autant plus justifiée que le sport-roi draine du monde de partout et peut aussi être un vecteur de propagation de cette maladie. Le nombre attendu de supporters de cette partie du continent, semble avoir convaincu Rabat d’opter pour le principe de précaution. Autre chose à relever : la proximité du Maroc situé juste aux portillons de l’Europe. C’est dire si, en prenant une telle décision, le Maroc en mesure toutes les implications. Précisons toutefois que la décision de report de la CAN 2015 n’est qu’au stade de proposition, puisqu’une délégation officielle marocaine doit rencontrer les dirigeants de la CAF la semaine prochaine. Quoi qu’il en soit, pour vaincre cette maladie, il faut continuer toujours à intensifier les recherches dans les laboratoires et c’est d’ailleurs ce que les Russes ont compris en se mettant vite à la tâche, afin de proposer un vaccin contre la fièvre rouge dans les six mois à venir. Une autre lueur d’espoir vient de Bamako qui, depuis un bon moment, s’active dans les recherches. Vivement que tout cela permettre de terrasser le minotaure Ebola.
Ben Issa TRAORE