ELECTIONS LEGISLATIVES EN TUNISIE :Les défis de la sécurité et de la participation relevés
Finalement, ce qui était fortement redouté n’a pas eu lieu. Un méga attentat qui devait tragiquement contrarier le premier et véritable scrutin post Ben Ali, était dans tous les esprits à Tunis comme dans toutes les autres villes de ce pays qui a ouvert le premier, la voie aux printemps arabes. Une peur d’autant plus justifiée que quelques jours seulement avant la tenue dimanche de ce scrutin, de violents affrontements avaient opposé djihadistes et forces de l’ordre à Tunis. En tout cas, le pouvoir tunisien pouvait se frotter les mains et affirmer en ce dimanche soir, que « tout est bien qui finit bien ».
Ce scrutin vient consacrer la bipolarisation de la vie politique tunisienne
Il faut dire que de tous les printemps arabes, celui de la Tunisie semble avoir été le seul à jouir d’une sorte de baraka divine. A l’opposé de la révolution égyptienne, par exemple, qui se termine par l’application du tout répressif, celle tunisienne a su garder et gérer un acteur de premier plan appelé Ennahda. Ce dernier n’a pas été renvoyé dans les marécages insalubres de la clandestinité. Cette clandestinité qui aurait condamné l’organisation islamique à la violence comme en Egypte où sévissent de la manière la plus douloureuse, les Frères musulmans. En tout cas, la Tunisie aura réussi à aligner, sans coup férir, deux cent dix-sept députés prêts pour le combat politique pour une Tunisie qui tient à prendre sa revanche sur le passé. Sur un passé marqué au fer rouge par le régime de Ben Ali que, curieusement, commencent à regretter certains Tunisiens. L’histoire est ainsi faite que la tendance à l’oubli caractérise bien souvent les peuples.
En tout état de cause, aujourd’hui plus qu’hier, il est établi, par exemple, que dans tout l’espace arabo-musulman, la femme tunisienne fait pleinement l’expérience de sa propre émancipation, de ces libertés difficilement imaginables sous d’autres cieux où l’islam reste une religion d’Etat.
Ce scrutin proportionnel à un seul tour vient sans doute consacrer la bipolarisation de la vie politique tunisienne, désormais dominée par les islamistes et les laïcs de Nidaa Tounes, ce dernier ayant nettement mieux tiré des marrons du feu. Toutefois, ce mode de scrutin favorise aussi les petites familles politiques qui vont sans doute se retrouver à jouer les faiseurs de rois. Car, faut-il le rappeler, aucun des deux mastodontes politiques ne pourra gouverner seul.
Ces législatives préparent, à bien des égards, l’élection présidentielle du 23 novembre prochain, qui est censé ouvrir un nouveau chapitre pour le devenir de la Tunisie. A Tunis, aussi bien dans la rue que dans les hautes sphères de l’Etat, le sentiment général est à l’espoir. Un optimise qui jure avec le chaos et la répression qui, dans la région, secouent les autres pays du printemps arabe.
« Le Pays »