EXERCICE MILITAIRE MULTINATIONAL FLINTLOCK
Il en faudrait bien plus
C’est parti pour une dizaine de jours de manœuvres militaires communément appelées Flintlock 2019. Cette année, c’est en Mauritanie et au Burkina Faso que se déroule cet exercice militaire multinational auquel prennent part 2000 soldats. Il s’agit, dit-on, du plus important exercice annuel des forces d’opérations spéciales des Etats-Unis dont l’objectif est de renforcer les liens de coopération et d’échanges entre les forces armées des pays participants. Le moins que l’on puise dire, c’est que Flintlock 2019 se tient dans un contexte particulier marqué par la recrudescence des attaques terroristes dans la bande sahélo-saharienne en général et au Burkina Faso en particulier où presque chaque semaine et ce, depuis plus de trois ans, apporte son lot de cadavres et de larmes. C’est pourquoi et connaissant la témérité des terroristes, d’aucuns redoutent que l’exercice militaire multinational en cours, ne nous attire une publicité inutile et surtout dangereuse pour notre pays qui, au moment où nous tracions ces lignes, pleurait encore la mort tragique de quatre douaniers et un prêtre espagnol tombés sous les balles assassines d’individus armés non identifiés. C’est dire que, si l’on n’y prend garde, les forces du mal sont capables de frapper là où on les attend le moins ; histoire de faire un doigt d’honneur aux opérations Flinctlock en cours. On croise les doigts, tant ces individus sans foi ni loi adorent les actions d’éclat. Du reste, on en est à se demander si plutôt que Kamboinsin, Lombila, Pô et Bobo-Dioulasso, il n’aurait pas fallu que ces manœuvres militaires en cours dans notre pays, se déroulassent à Djibo ou à Fada N’Gourma frappés de plein fouet par le terrorisme. Peut-être, sait-on jamais, cela aurait-il eu le mérite d’intimider un tant soit peu ceux-là qui sèment la mort et la désolation au Burkina Faso et de donner ainsi un peu plus de répit à ces deux villes déjà suffisamment meurtries.
Il est temps que la force commune du G5 Sahel sorte de sa torpeur pour prendre ses marques sur le terrain
En tout cas, au regard de tout ce qui se passe sur le terrain avec la longueur d’avance sur nos armées que semblent avoir les malfaiteurs qui n’hésitent plus à miner même des cadavres, on a bien peur que toutes ces manœuvres militaires, au-delà de la simple formation, ne servent à grand-chose. Car que peut bien un soldat devant un kamikaze qui fait exploser sa charge en pleine foule ? Question à mille inconnues. Et de toute évidence, cela fait maintenant plus d’une décennie que dure le Flintlock mais l’on n’a toujours pas réussi à porter une estocade dissuasive à l’ennemi qui, jour après jour, semble reprendre du poil de la bête. C’est la preuve qu’il en faut bien plus d’autant qu’il ne s’agit pas là d’une guerre classique, mais plutôt d’un combat de type nouveau où l’adversaire excelle dans les initiatives les unes tout aussi perfides que les autres. Cela dit, il est temps que la force commune du G5 Sahel qui a longtemps fait parler d’elle et qui se fait toujours attendre, sorte de sa torpeur pour prendre ses marques sur le terrain. L’argument du manque de moyens longtemps seriné par ses dirigeants, ne saurait tenir la route, surtout qu’il y va, dans le cas d’espèce, de la survie même de nos Etats. Il faut maintenant aller au casse-pipe. Car, comme on le sait, l’élève qui a toujours le sentiment de n’être pas prêt avant l’examen réussit là où échoue celui-là qui bombe le torse, tout en se vantant d’avoir appris toutes ses leçons. En clair, attendre d’être totalement prêt avant d’engager durablement des opérations sur le terrain, pourrait être suicidaire puisque pendant ce temps, l’ennemi s’organise et renforce sa puissance de feu.
Boundi OUOBA