SASSOU EN FRANCE
Si en 2018, le président congolais, Denis Sassou Nguesso, avait été reçu à l’Elysée en sa qualité de représentant de l’Union africaine (UA) pour la Libye, cette fois-ci, il l’a été dans un cadre strictement bilatéral. Du moins, si l’on en croit un de ses conseillers, en la personne de Patrick Gombé pour qui les sujets abordés sont les suivants : la coopération entre la France et le Congo Brazzaville, les questions d’environnement et de la forêt et enfin l’éducation. Et ce n’est pas tout. Paris ayant conditionné son aide financière à la signature d’un accord entre Brazza et le Fonds monétaire international (FMI), qui a finalement eu lieu en juin dernier, ce sujet a sans doute occupé une place de choix entre Emmanuel Macron et son homologue Sassou Nguesso. Car avant tout, il s’agit du nerf de la guerre avec lequel on ne badine pas. La France, on le sait, a des intérêts au Congo qui, il n’est pas exagéré de le dire, constitue l’autre poumon vert mondial. Tout comme le Congo Brazzaville fait des yeux doux à Paris dans l’espoir de bénéficier d’un quelconque soutien financier dans le secteur de l’éducation, par exemple.
Paris souhaite que soient libérés tous les Congolais injustement embastillés
Mais s’il y a un sujet qui fâche et qui est revenu dans les échanges entre Macron et Sassou, c’est bien le cas de Jean Marie Michel Mokoko emprisonné depuis 2016 pour avoir eu des ambitions présidentielles. Paris souhaite que soient libérés l’opposant et tous les autres Congolais injustement embastillés. La couleur avait été déjà annoncée par le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian qui, à l’issue d’un tête-à-tête avec Sassou, a laissé entendre ceci : « Je lui ai parlé de M. Mokoko et d’autres personnes en lui disant qu’on attendait de sa part des actes forts ». Et d’ajouter : « Je le lui ai dit avec fermeté et je pense que le président de la République (Macron) lui dira la même chose ». Tout se passe, en effet, comme si Sassou était allé à Canossa* puisqu’il s’est fait remonter les brettelles par un ministre qui lui donne, à juste titre, des leçons en matière de gouvernance. Et ce n’est pas tout. Du haut de ses 76 piges, Sassou s’est sans doute aussi vu rappeler à l’ordre par son homologue français qui n’a peut-être même pas l’âge de son premier fils. Mais peut-il en être autrement ? Assurément non, surtout quand on fait preuve d’un attachement maladif au pouvoir sur fond de dérives dictatoriales. On ne peut donc récolter que ce que l’on a semé.
B.O
* Aller à Canossa : une expression qui signifie aller se faire humilier