EDUCATION NATIONALE
La rentrée scolaire a lieu aujourd’hui, dans la majorité des établissements. L’occasion est belle pour évoquer le sujet du régime de l’Internat. Il faut d’abord relever que ce régime a fait le bonheur de plusieurs générations d’élèves au Burkina. En effet, l’Etat burkinabè avait mis un point d’honneur à développer la formule dans bien des grandes villes du pays. Et grâce à cela, les enfants, surtout ceux des paysans, disposaient de facilités en termes d’hébergement et de restauration à l’effet de poursuivre leurs études secondaires dans des conditions idoines. La générosité de l’Etat ne s’arrêtait pas à ce niveau. Car, les pensionnaires étaient dotés aussi de draps et parfois de sous-vêtements. Et la discipline était telle que les mauvais comportements n’avaient pas droit de cité. Résultats, le régime de l’Internat a produit des citoyens bien éduqués et intellectuellement bien formés. Et que dire du brassage que ce régime a suscité entre des enfants venus d’horizons divers ? En réalité, l’Internat était une des voies allant dans le sens de l’unité nationale et de la mise en place de l’Etat-Nation. Les choses allaient bien jusqu’au moment où l’Etat a décidé de supprimer l’internat dans les établissements publics. C’était sous la révolution. Une des motivations de la mesure était d’accroître l’offre éducative par la transformation des dortoirs en salles de classe. Depuis lors, les internats privés ont poussé comme des champignons au Burkina. Si certains d’entre eux ont su garder le souci de la qualité de l’éducation et de la formation qui avait été celui des internats publics, force est de constater que d’autres ont sacrifié ces principes sur l’autel du gain, rien que du gain. Résultat, l’internat est devenu aujourd’hui un véritable business. En effet, le coût est devenu tellement prohibitif que seuls les enfants des nantis y ont accès. La marchandisation de l’école est passée par là. Et bonjour les dégâts et les travers ! Le premier et le plus grand d’entre eux est le relâchement de la discipline.
Aujourd’hui, les enfants ont droit à tout. En contrepartie, ils n’ont aucun devoir. Ne soyons donc pas étonnés qu’ils se comportent en diablotins
Le personnel d’encadrement, par manque de formation adéquate et parfois de motivation, a développé le laxisme et la permissivité au point que les pensionnaires ne se fixent aucune limite en matière de dérives. Tabagisme, alcoolisme et autres pratiques addictives y ont été érigés en normes.
Et comme c’est l’environnement qui façonne les êtres humains, la plupart des adolescents qui intègrent les internats avec de bons comportements, en ressortent parfois avec des habitudes qui les rendent méconnaissables. L’autre travers des internats est que l’enseignement qui y est dispensé est de qualité parfois douteuse. La preuve est que pendant les évaluations certificatives, les résultats sont quelquefois en deçà des attentes des parents. En tout cas, ils sont loin des résultats obtenus par les établissements dignes de ce nom. Et cela s’inscrit dans la suite logique des choses, puisque l’indiscipline compromet les chances de réussite. L’un dans l’autre, on peut dire que certains internats méritent plutôt qu’on les appelle « structures pour garnements impossibles ». En effet, bien des parents d’élèves y envoient leurs progénitures non pas pour recevoir une éducation de qualité, mais pour s’en débarrasser. Dans ces conditions, l’on ne peut pas jeter la pierre uniquement aux promoteurs des internats. Il se pose dès lors la nécessité de corriger les travers de certains internats, pour autant que l’on ne veuille pas transformer ces derniers en centres d’apprentissage des vices de la société. L’Etat doit donc veiller au grain pour que le gain ne prenne pas le pas sur l’éducation des enfants. Dans cette perspective, l’ouverture des internats doit être soumise à un cahier des charges où l’on insistera sur la moralité des promoteurs et sur le type d’encadrement et de formation à y promouvoir. Dans le même registre, les parents d’élèves doivent mettre un point d’honneur à assurer une bonne éducation à leurs enfants, d’abord au sein de la cellule familiale. Et cela passe par le refus de satisfaire leurs caprices. Refuser par exemple à un enfant de lui acheter un portable d’une certaine valeur, est un acte responsable car cela participe de son éducation. Comparaison n’est pas raison, mais il faut reconnaître qu’il fut un temps où les parents étaient plus rigoureux dans l’éducation des enfants. Aujourd’hui, les enfants ont droit à tout. En contrepartie, ils n’ont aucun devoir. Ne soyons donc pas étonnés qu’ils se comportent en diablotins. Car ils sont les purs produits de la manière dont nous les avons éduqués.
Sidzabda