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LEVEE DES SANCTIONS CONTRE LES MILITANTS DU CDP


Les directives que l’ex-président Blaise Compaoré a données aux protagonistes de la crise interne qui déchire son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) en l’occurrence, dans le but d’y ramener la sérénité, n’ont visiblement pas atteint leur objectif : les frondeurs ayant brillé par leur absence au dernier congrès extraordinaire censé être celui de la réconciliation. Dans la salle du Stade du 4-Août qui a abrité cette assemblée générale, il y avait certes des figures bien connues du parti comme Achille Tapsoba, Mélégué Maurice Traoré et Luc Adolpe Tiao, pour ne citer qu’eux, mais tous ceux qui avaient été exclus, suspendus ou qui avaient démissionné et qui devaient acter leur retour au bercail par leur présence, ont plutôt préféré aller peut-être à la pêche, comme pour marquer leur désaccord et leur rejet du remède de cheval concocté par le président d’honneur du parti, Blaise Compaoré. Qu’à cela ne tienne, les sanctions controversées ont été levées conformément à la volonté du chef suprême, et des appels au rassemblement et à la mobilisation pour la conquête du Saint-graal en 2020, ont été lancés. Les apparences sont peut-être sauves, mais le problème reste entier car, à moins d’un retournement extraordinaire de situation dont seuls les politiciens ont le secret, il n’est pas certain que les frondeurs acceptent d’enterrer la hache de guerre et de faire corps avec le président du parti, Eddie Komboïgo, dans la perspective de la présidentielle de 2020. Bien au contraire, ce congrès extraordinaire qui vient d’être snobé par le « CDP canal historique », risque de relancer les débats et notamment le procès en « illégitimité », en « incompétence » ou en sorcellerie (c’est selon) contre le président Komboïgo à qui on reproche notamment son mépris vis-à-vis de l’ancienne garde du parti et sa connivence  supposée ou réelle avec la majorité présidentielle.

On se demande comment un parti  fractionné peut donner un quotient… électoral à même de faire trembler les partis rivaux

 

Les projecteurs que le président d’honneur a déployés pour bien montrer aux uns et aux autres le chemin à suivre pour désamorcer la crise, pourraient, in fine, se révéler être de simples loupiotes qui ne permettront pas aux protagonistes et au parti de voir le bout du tunnel. A qui la faute ? A priori aux frondeurs qui refusent manifestement la main tendue du bureau politique et qui semblent être décidés à en découdre avec Eddie Komboïgo qu’ils considèrent comme étant rien moins que la cinquième roue du carrosse, hissée injustement à leurs yeux à la tête du CDP et gérant le parti à la hussarde, compromettant ainsi leurs chances de revenir aux affaires. On peut peut-être reprocher à l’actuel président de l’ex-parti au pouvoir, son management directif et quelquefois « bulldozer », mais il faut reconnaitre qu’il a fait preuve d’une intelligence politique en acceptant d’organiser ce que beaucoup ont qualifié de « congrès de la honte » qui devait désavouer son équipe et mettre en lumière l’omnipotence de Blaise Compaoré dans la gestion du CDP. La décision qu’il a prise était certes difficile, mais elle lui a permis de couper l’herbe sous les pieds des frondeurs   qui pensaient secrètement qu’il n’allait jamais avaler cette ciguë sans sourciller. Pour les Burkinabè qui connaissent le caractère bien trempé de l’homme, certains pensaient qu’il allait préférer la démission à la déculottée, ou risquer la mise en minorité au sein du parti en contrariant la volonté de la figure tutélaire qu’est toujours Blaise Compaoré. A la surprise générale, il a su faire contre mauvaise fortune bon cœur en marquant publiquement et dès son retour d’Abidjan, son accord pour la levée des sanctions infligées à ses contempteurs. De toute évidence, il ne l’a pas fait pour se saborder politiquement, mais plutôt pour mettre Léonce Koné  et les vingt-six autres dos au mur, sachant qu’ils étaient allés trop loin dans leurs invectives pour accepter de revenir dans le parti tant que c’est lui qui serait toujours à la manœuvre. Il savait, par ailleurs, en bon économiste qui dit aussi avoir fait des études en droit, qu’en politique aussi, la forme peut tenir le fond en l’état, et que le simple fait de n’avoir pas préalablement informé le président d’honneur des sanctions prises contre ses camarades, ne les rend pas moins justifiées. Pour autant, il a accepté de les « rapporter » dans un esprit de réconciliation et de rassemblement, dit-il, tout en demandant à ceux d’entre eux qui ont esté en justice contre la direction politique nationale du parti, de retirer leurs plaintes. Il semble que certains rechignent toujours à le faire, et préfèrent plutôt le désistement d’instance qui permet de laisser l’épée de Damoclès planer toujours sur la tête des premiers responsables. En un mot comme en mille, le CDP est victime d’une guerre d’ego qui risque de le fragiliser sérieusement et de ruiner ses chances de revenir au pouvoir. 2020, c’est déjà demain, et on se demande comment un parti fractionné en 3 ou en 4, peut donner un quotient…électoral à même de faire trembler les partis rivaux, notamment celui qui est aujourd’hui aux affaires. Ce ne sera pas sans conséquence pour la beauté du spectacle et des joutes électorales à venir et surtout pas sans conséquence pour les exilés politiques et peut-être aussi pour ceux  qui croupissent en prison et qui espéraient se tirer d’affaire à la faveur d’un retour du parti de l’épi et de la daba au pouvoir. A moins que leur espoir ne repose désormais sur Kadré Désiré Ouédraogo qui a décidé de larguer les amarres pour se présenter à la prochaine présidentielle avec le soutien de certains dissidents, ou sur un pacte secret entre la direction actuelle du CDP et le parti qui gagnerait les faveurs des pronostics, en vue de ramener chez eux les anciens dignitaires aujourd’hui parias de la République, dont les plus emblématiques sont Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré.

Hamadou GADIAGA


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