POUR QUE PLUS RIEN NE SOIT COMME AVANT AU BURKINA FASO : Travailler désormais à mériter le label de Pays des hommes intègres
Depuis le départ précipité de Blaise Compaoré du pouvoir, le 31 octobre dernier, le Burkina vit une nouvelle ère de son histoire. Pour marquer cette rupture avec ce proche passé, une phrase revient sans cesse dans la bouche de tous les Burkinabè : « Plus rien ne sera comme avant ». Des autorités en charge de la transition au citoyen lambda, tout le monde ressasse à loisir cette phrase. Si, pour les uns, cela ressemble à un engagement pour être en phase avec les aspirations du peuple qui s’est soulevé, pour les autres, cela sonne comme une résolution qui doit marquer un nouveau départ. De ce fait, tout le monde doit œuvrer à ce que cela se traduise en actes concrets. Cette prise de conscience et cette volonté manifeste de rupture avec les travers de l’ère-Compaoré, ne pourraient cependant s’opérer du jour au lendemain, comme par un coup de baguette magique. Cela passe nécessairement par un changement de comportements et de mentalités. Et pour y parvenir, il faudrait travailler de sorte à ce que le Burkina Faso mérite vraiment le label de « Pays des Hommes intègres ».
Le travail doit être une valeur sûre
Pour cela, plusieurs voies existent, dont celle de se remettre rapidement et sérieusement au travail. Car, quand on revient de certains pays lointains comme les dragons d’Asie ou plus proches de nous comme l’Afrique du sud ou même le Ghana voisin, l’on a quelquefois le sentiment que les Burkinabè ne travaillent pas assez. Beaucoup de fonctionnaires passent le plus clair de leur temps entre les maquis et les deals personnels, au détriment du travail pour lequel ils sont payés mensuellement. Si fait que certains dossiers qui auraient pu être traités diligemment, traînent inutilement en longueur. Or, comme disent les Anglais, « time is money (le temps c’est l’argent) ». Perdre du temps, c’est donc perdre de l’argent. Or, sans argent, pas de développement ; raison pour laquelle l’on a toujours recours aux financements des bailleurs de fonds. Il est donc essentiel d’organiser le travail de façon efficiente, parce qu’il est primordial, en ce sens que tout dérive du travail. Le travail doit donc être une valeur sûre, une valeur étalon pour la libération de l’Homme burkinabè. Cela appelle, subséquemment, de la rigueur et de la discipline individuelle et collective, à travers de petites choses apparemment anodines comme la ponctualité, le respect de l’autre, la conscience professionnelle. Se départir du laxisme sans que l’on ait besoin que le bâton soit brandi. Sous certains cieux, la plus grande punition que l’on puisse infliger à un agent, c’est de l’empêcher de travailler. Au Burkina, infliger une telle sanction à un agent serait du pain bénit pour ce dernier qui passera son temps dans les débits de boisson, et pour sûr, il en redemandera.
Pourtant, il faudrait rompre avec ce type de mentalité. L’autre aspect qui nous paraît fondamental dans cette recherche d’un Burkina nouveau est la lutte contre l’impunité, avec son corollaire : népotisme, gabegie, corruption, etc.
Il est nécessaire de poser déjà les jalons du renouveau
Les Burkinabè ne demandent qu’une égalité de traitement devant la loi et une égalité de chance devant l’emploi. Pour cela, il faudrait travailler à ne pas avoir d’un côté le Burkina des privilégiés et des fortunés, et de l’autre, celui des défavorisés et des sans-culottes.
Cela demande de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, sans discrimination. Les nominations par exemple doivent se faire selon les compétences et non par affinités. Et les compétences doivent être nécessairement accompagnées de la morale, pour éviter de confier la destinée du peuple à des gens certes compétents, mais peu scrupuleux, qui n’ont que faire des valeurs éthiques et morales.
D’où la nécessité de mettre un point d’honneur à faire des enquêtes de moralité sérieuses avant toute nomination ou distinction, pour ne pas donner des mérites de la nation à des corrompus ou autres renégats, comme cela a pu se voir par le passé.
Ces pistes sont loin d’être exhaustives, mais l’objectif de cette réflexion, c’est beaucoup plus la nécessité de prendre conscience qu’en cette période charnière de l’histoire de notre peuple, le Burkina doit impérativement retrouver toute la plénitude de son appellation « Pays des hommes intègres ». Autrement, cette appellation sera plus un sobriquet qu’un motif de fierté pour les Burkinabè. Car, sans se voiler la face, après les 27 ans de règne de Blaise Compaoré, l’appellation « Pays des hommes intègres » est aujourd’hui loin de coller à la réalité des Burkinabè, tant les valeurs morales se sont affaissées dans ce pays. Ce qui compte le plus aujourd’hui, c’est la courte échelle pour parvenir le plus tôt possible au sommet de la pyramide, peu importent les moyens. Le sens du travail bien fait est loin d’être la préoccupation majeure de bien des Burkinabè, et le drame, c’est que cela s’est fortement répandu au sein de la jeunesse qui est l’avenir même du pays. Pourtant, ce sont autant de valeurs qu’il faudrait remettre à l’honneur, car il n’y a pas de progrès sans un bon référentiel moral.
Il faut donc repartir du bon pied. Mais il importe d’avoir la lucidité et la patience de comprendre que cela ne va pas de soi et ne viendra pas tout seul. Car, les gens ont pris de mauvaises habitudes qu’ils ne pourront pas laisser tomber du jour au lendemain. Cela prendra du temps, car, comme le dit l’adage, l’habitude est une seconde nature. Mais il est nécessaire de poser déjà les jalons du renouveau. Et le moment nous semble aujourd’hui opportun pour le faire.
« Le Pays »
MOREBALLA
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De qui vient ce qui est devenu la citation célèbre? Du reste à César ce qui est à César. L a première personne à employer l’expression, PLUS RIEN NE SERA COMME AVANT, vient du Forumiste suite à la crise de 2011. Vous les journalistes, pour une honnêteté intellectuelle, rendez à la personne ce à quoi il mérite, même si c’est dans l’anonymat, autant elle porte un pseudonyme.
27 novembre 2014