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CORRUPTION EN RDC


« Quand ça va pourrir, ça va sentir », dit un proverbe africain. En effet, deux années après le départ de Joseph Kabila du pouvoir, les dossiers sales de son régime commencent à sentir. Sous la pression des Organisations de la société civile (OSC), comme l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), Filimbi, Unis Congo et Ressource Matters, à travers la campagne « Le Congo n’est pas à vendre », des dossiers de passe-droits comme la prolongation du contrat de production des passeports biométriques de la société Semlex, remontent à la surface. Et à ce que l’on dit, ce dossier ne serait que la partie visible de l’iceberg.  Mais ce que l’opinion publique congolaise ne comprend pas dans cette affaire, c’est le refus du président de la République, Félix Tshisekedi, de fouiller dans le passé, face à ces scandales de corruption qui éclaboussent la gestion de son prédécesseur. Mais point n’est besoin d’avoir le troisième œil du sorcier de la forêt congolaise, pour savoir que Tshisekedi a les mains liées par le deal qui lui a permis d’accéder au pouvoir. Et tant pis, s’il devrait se dédire ; lui qui avait promis, pendant la campagne électorale qui a précédé son arrivée au pouvoir, de faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Mais le chef de l’Etat congolais peut toujours se défendre de ne pas trahir entièrement son serment quand on sait que son propre directeur de cabinet, Vital Khamere, croupit dans les geôles pour une affaire de corruption. Cela dit, on comprend l’impatience des activistes congolais qui appellent le président de la République à faire plus dans la lutte contre la corruption. En effet, la République démocratique du Congo (RDC) est l’un des pays africains les plus riches en ressources naturelles : cuivre, cobalt, zinc, fer, coltan, cassitérite, or, manganèse, bauxite, étain, diamant, pétrole, gaz naturel, etc.

On peut déjà se féliciter du nouveau printemps de dénonciations dont profitent les OSC pour démasquer les affairistes

Mais paradoxalement, le pays est l’un des plus pauvres de la planète. C’est à peine si les populations arrivent à s’offrir un bon repas par jour. Et le principal facteur explicatif de cette richesse qui ne profite pas au peuple, est la gouvernance chaotique. Au sommet de l’Etat, il y a une collusion d’intérêts entre le monde politique et le monde des affaires. En RDC, ce n’est un secret pour personne, c’est le monde des affaires qui gère les affaires de l’Etat. Pour preuve, tous les hommes politiques les plus en vue dans le pays, règnent sur d’immenses empires financiers qu’ils ont bâtis à travers des sociétés-écrans. Il est donc temps que cesse cette gestion mafieuse pour vaincre le signe indien de la malédiction minière. Cela dit, le président Tshisekedi qui est le garant de l’intérêt public, doit taper du poing sur la table et donner le top départ de la traque des délinquants à col blanc qui confondent allègrement le Trésor public congolais avec les poches de leurs pantalons.  En attendant cet hallali contre la bande de Joseph Kabila, l’on peut déjà se féliciter du nouveau printemps de dénonciations dont profitent les OSC pour démasquer les affairistes. Cela n’aurait sans doute pas été possible sans l’alternance politique intervenue en RDC. Comme quoi, en matière d’alternance démocratique, tout est bon à prendre. Il faut d’ailleurs saluer ce regain d’activisme positif des OSC partout sur le continent où le même mal ronge bien des pays. A ce mérite des OSC, il faut ajouter le rôle de la presse africaine qui joue pleinement sa partition dans la dénonciation des scandales financiers et participe de ce fait à l’avènement d’une gouvernance vertueuse sur le continent.

SAHO


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